AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,88

sur 51 notes
5
10 avis
4
7 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dès la première ligne, on sait que Janet, 16 ans, est morte assassinée dans le château familial. Ce livre n'est pourtant pas un roman policier dans lequel on assisterait à l'enquête sur la recherche du meurtrier (dont l'identité est révélée à la fin, tout de même). « Le champ des soupirs » nous emmène au contraire dans le passé et relate la courte existence de la jeune victime.
Or donc, au milieu du 20ème siècle et des sauvages landes écossaises, Janet vit avec sa famille dans un vieux château décrépit, ouvert à tous les vents. Enfant turbulente puis adolescente exaltée, sensible, excentrique, dotée de grandes capacités intellectuelles et d'autant d'imagination romanesque, Janet se sent à l'étroit dans sa vie, constamment décalée, coincée de toutes parts par la discipline familiale et les conventions sociales. Malgré ses efforts, elle n'arrive pas à se fondre dans le moule de jeune fille bien élevée dans lequel on veut la couler. Elle rêve d'être libre et de pouvoir vivre comme elle l'entend, mais personne dans son entourage ne la comprend ni ne l'accepte telle qu'elle est. Brimée par sa famille comme un vilain petit canard puis ostracisée par ses compagnes de pensionnat qui la considèrent comme une toquée et une tocarde, Janet trouve refuge auprès des livres, dans ses études et auprès des animaux, s'imagine en héroïne tragique, crève d'ennui et de solitude.

Ce roman gothique est porté par une belle écriture, mais je n'ai pas très bien compris où l'auteure voulait en venir. Elle semble dénoncer la pression et l'oppression sociales qui pesaient sur les femmes à cette époque et dans ce milieu, mais c'est relativement feutré. Ou alors est-ce un roman d'apprentissage ou initiatique qui tourne court vu la mort brutale de Janet (et d'ailleurs le meurtre n'aurait sans doute pas eu lieu si Janet avait été la « jeune fille bien élevée » susmentionnée) ?
Quoi qu'il en soit, je reste un peu sur ma faim : les personnages sont assez stéréotypés, leurs psychés sont peu approfondies et ils ne suscitent guère l'empathie, même pas Janet. Quant à la scène du meurtre, elle est balancée en trois coups de cuiller à pot, et le mobile me semble nébuleux : j'hésite entre une vengeance et un geste aussi excessif qu'insensé. Ou alors un peu des deux.
Au final, l'histoire sombre, triste et vaguement ennuyeuse d'une vie gâchée et traversée par l'ennui, elle aussi.

En partenariat avec le Livre de Poche via Netgalley.
#OCaledonia #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          442
Avec la même magie qui m'a saisie à la lecture de "La Maison aux esprits" d'Isabel Allende, je suis emportée dans "Le Champ des soupirs" en quelques lignes ! La scène est pourtant tragique : dans un château écossais, la jeune Janet est retrouvée morte au pied d'un escalier. Elle est enterrée et oubliée par ses proches pour qui elle n'était apparemment qu'une source de tracas, obligeant l'autrice à convoquer son fantôme pour nous en apprendre plus sur sa vie et son caractère espiègle et rêveur.

Et comment lui en vouloir de se laisser happer dans un monde intérieur foisonnant par la couleur des fleurs et les sonorités des mots quand la plume est aussi poétique ? En nous émerveillant à la lecture de phrases sublimes comme : « et leurs énormes feuilles se soulevaient à peine dans les bourrasques qui éparpillaient les pétales des roses et faisaient rugir les rhododendrons comme la mer » (p. 83) nous devenons les complices de Janet, liés par notre amour commun de la littérature et de l'imagination.

En plus de la beauté de la langue, j'ai été très sensible aux personnages uniques qui peuplent les pages de ce roman parmi lesquels le perroquet Polly qui sait imiter le bruit de la machine à écrire du grand-père de Janet ce qui lui permet de ne pas être dérangé, et la cousine Lila qui semble tout droit sortie d'un film de Tim Burton. Enfin, "Le Champ des soupirs" donne vie à une Écosse fantasmée qui résonne dans la brume qui emplit la lande, dans la laine des chardons, dans l'accent roulant avec lequel sont racontées les légendes locales…
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          120
Ce qui commence comme un roman policier sera en fait le récit rétrospectif de la courte et triste vie de Janet. "Le Champ des soupirs" s'apparente alors à un conte gothique intrigant.

Écosse, au milieu du XXe siècle. Janet, seize ans, est retrouvée assassinée au pied de l'escalier de la demeure familiale, vêtue de la robe en dentelle noire de sa mère.

Dans une région battue par les vents, elle grandit entourée de frères et de soeurs plus beaux et plus brillants qu'elle. Incomprise par les adultes, rejetée par les autres enfants,

Janet trouve refuge auprès des animaux et dans les livres, qui deviennent autant de remparts contre l'hostilité du monde. Farouchement déterminée à rester elle-même quoi qu'il en coûte, cultivant une imagination sauvage et merveilleuse,

Janet parviendra à connaître quelques instants de grâce, avant de finir sa vie tragiquement. D'une plume mordante et pleine d'esprit, qui rappelle à la fois les soeurs Brontë, Edgar Allan Poe ou encore Edward Gorey, Elspeth Barker signe avec le Champ des soupirs un conte gothique magistral.

Je remercie @lelivrededpoche et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir ce roman original.

Le personnage de Janet est atypique : solitaire, elle ne trouve pas sa place parmi les adultes. Insouciante, elle veut vivre et réaliser ses rêves : elle trouve refuge dans les livres. Elle semble insignifiante, persona non gratta, inadaptée à la société qui l'entoure.

Ce roman court est riche ne émotions grâce à la plume poétique, sensible, délicate et fluide de l'autrice. Un roman qui va vous transporter par son intrigue déroutante, émouvante, tragique. Quelques mots sur la superbe couverture qui transmet bien l'atmosphère gothique, tout comme le titre teinté d'une mélancolie romantique.
Commenter  J’apprécie          121
A la seconde où je suis tombée sur cette oeuvre, mon coeur adolescent est remonté comme une petite bulle frémissante. le soin apporté à l'illustration, l'esthétisme gothique de la juxtaposition des éléments et ce titre gonflé de mélancolie romantique : du miel à mes oreilles me submergeant de cette ambiance, ces émois et riffs dont je me délectais alors.

Et que dire de l'aventure suggérée ! Tous les ingrédients sont au rendez-vous, le décor majestueux d'une campagne écossaise du milieu du XXème siècle, la prédominance d'une nature capricieuse et souveraine et le destin tragique d'une héroïne incomprise, sauvagement fauchée à l'aube de sa floraison.

Mais qui est cette jeune personne dont le sort funeste plonge dans l'indifférence totale ses proches et fait danser les langues des vipères environnantes ?

L'auteure nous invite ici à arpenter les dédales du coeur de Janet, de ses premières années à ce moment fatidique. Janet est une petite fille somme toute ordinaire, excepté son aversion pour les poupées aux « paupières tremblotantes » et au « regard fou », elle se plait à se rêver en princesse à la grâce inégalée, ce dont elle manque cruellement à son grand désespoir. Evoluant au sein d'une classe qu'on dirait privilégiée, Janet est une enfant plutôt choyée, ne manquant de rien, en apparence.

Elspeth BARKER n'a pas son pareil pour retranscrire avec délice ces petits moments de vie d'allure insignifiante mais si fondateurs à l'enfance. Des grains de sable qui se logent entre les orteils sans qu'on parvienne à s'en défaire complètement en passant par les séances de lecture clandestine improvisées sous les couvertures à la barbe de l'autorité parentale, elle nous offre ici de savoureuses capsules temporelles dans lesquelles il fait bon se lover.

Enfant fantasque au tempérament énergique et à l'imaginaire fertile, Janet s'épanouit dans un univers de chimères et de contes légendaires en décalage avec un monde austère et pragmatique boudant le plaisir de ses envolées et dont les affres de la guerre sont comme des trouées béantes perforant son arc en ciel édulcoré. Dans le voile de mysticisme qui l'enveloppe, il n'y a pas de place pour les convenances et les devoirs que sa condition lui impose. Un état de fait qui lui attirera bien des ennuis. Là où Janet passe, les catastrophes s'amoncellent et se répandent comme un tapis de crocus aux premières heures du printemps. Si son caractère entier et désinvolte nous ravit, reste qu'elle fait montre d'un égoïsme patenté et de peu de sentiment à l'égard de ses semblables, ce qui nous donne presque envie d'excuser un entourage trop éprouvé par ses frasques.

Au fil de la lecture, la rupture s'annoncera vite consommée, sa famille ayant clairement démissionner au prix d'un semblant de sérénité. Cette coupable idéale est perçue comme une charge dont la canalisation, si ce n'est l'intégration, demanderait trop d'efforts à déployer. Elle a le don de se fourrer dans des situations périlleuses et n'exulte que lorsqu'elle est à contrecourant. Janet ne saurait vivre sans se mettre en scène – jusque dans la mort - à la manière des grandes tragédiennes grecques. La corde fragile qui la rattache au monde menace de rompre d'un instant à l'autre, laissant notre héroïne errant dans une lande sauvage, à l'image de ce vent solitaire se lamentant dans les branches et n'ayant pour seuls compagnons que la faune locale miséricordieuse.

La beauté et la richesse de ses élucubrations m'ont beaucoup touchée, parfois émue, mais je ne ressors pas de cette lecture avec la compassion et la pitié que certains avis ont pu me le laisser entendre. Si le sort de Janet est peu enviable sur le papier, je ne retiens pas l'existence triste et solitaire d'une jeune fille marginalisée, mais la puissance de son anticonformisme et de cette détermination à faire la part belle à la désinvolture de l'enfance, sans concession. Janet est une tête dure et bien pleine qui a délibérément préféré entretenir ses chemins de traverse plutôt que d'emprunter une voie, plus commode, qui l'aurait ternie.

« Oh, ce qu'elle s'amuserait en fantôme. Elle avait hâte ». Tu ne crois pas si bien dire Janet !

Un grand merci à NetGalley et aux Editions le Livre de Poche
Commenter  J’apprécie          70
Le seul roman de l'autrice. On sait directement que l'histoire de Janet - 16 ans - , durant la moitié du XXème siècle, sera courte car le roman débute sur son assassinat. Janet, personne atypique, qui a du mal à se faire une place dans la famille et dans la société. Janet qui se rebelle et essaye de s'affirmer, qui ne veut pas rentrer dans le moule. Janet qui finalement a plus d'empathie pour les animaux que pour les humains et qui se réfugie dans les livres, son oasis.

Janet, qui pour moi, par certaines côtés (et cela n'engage que mon avis et ressenti), si elle avait vécu à notre époque, aurait passé différents tests. Elle a quelques aspects HPI et TDAH, mais là, c'est juste mon ressenti, on en parle pas du tout dans le livre. Mais elle est tellement différente des autres mais normale évidement. Juste qu'elle ne se comporte pas comme la société l'attend. Cet aspect-là m'a touché.

L'écriture de ce roman gothique est pleine de poésie et bien maîtrisée. Les descriptions des Highlands et de l'environnement de Janet contribue à l'ambiance un peu sombre de l'histoire. Malgré tout, il y a eu quelques moments où j'ai ri ce qui peut paraitre peu probable avec ce style de livre.

Au final, c'est donc aussi et surtout un roman d'ambiance où l'on voit évoluer Janet de son enfance à l'adolescence.

Bon, par contre, je n'ai pas compris pourquoi elle a été assassinée (j'ai du louper un truc) mais au final, ce n'est pas cela le plus important de ce roman.
Commenter  J’apprécie          60
"Le Champ des soupirs" de Elspeth Barker nous entraîne au coeur d'une Écosse sauvage et mélancolique au milieu du XXe siècle. L'histoire commence par la découverte du meurtre de Janet, seize ans, au pied de l'escalier de la demeure familiale.
Pourtant, n'espérez pas un roman policier. L'essentiel n'est pas là. Elspeth Barker préfère dresser le portrait d'une jeune fille incomprise, qui se voulait libre, loin des conventions familiales et sociétales et évoluant dans un environnement hostile. Entourée de frères et de soeurs plus beaux et plus brillants qu'elle, elle trouve refuge auprès des animaux et des livres.

C'est un roman qui vaut surtout le détour pour l'ambiance. L'écriture de l'autrice est à la fois belle et poétique, saisissant parfaitement la grisaille des landes et la solitude de Janet.
Malgré quelques longueurs, l'histoire de Janet et de son destin tragique marquera l'esprit du lecteur, faisant de ce roman une oeuvre à découvrir pour les amateurs de contes sombres et poétiques. A noter la magnifique couverture !
Commenter  J’apprécie          41
Contrairement à ce que pourrait laisser croire la quatrième de couverture, il ne s'agit pas d'un roman policier ni d'une enquête. Janet a seize ans lorsqu'elle est assassinée dans la demeure familiale en Écosse et l'histoire raconte sa vie jusque là. Une vie compliquée parce que Janet n'est pas une petite fille dans la norme de la société à l'époque (deuxième moitié du 20e siècle).

Le champ des soupirs est une tranche de vie, celle de Janet, un personnage magnifique et ambigu, moquée parce qu'elle s'intéresse à des sujets différents des autres filles de son âge ; la nature, la linguistique, la poésie, la littérature au sens large, les animaux... si j'ai eu un peu de mal à rentrer dans le texte, je me suis finalement beaucoup attachée à elle. Plus j'avançais et plus je tournais les pages, touchée par les petites douleurs de son quotidien, les petites injustices, sorte de drame à taille humaine.

Le fait de savoir comment se termine le roman dès le départ ne le rend pas moins intéressant, au contraire ; je n'arrêtais pas de me demander quelle interaction allait finalement provoquer son décès, qui la tuerait et pourquoi. Une idée simple qui permet une expérience de lecture stimulante. Je suis ravie d'avoir découvert ce texte !
Commenter  J’apprécie          20

Lecteurs (196) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11148 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}