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Jean Esch (Traducteur)
EAN : 9782253940890
Le Livre de Poche (25/10/2023)
3.9/5   50 notes
Résumé :
Écosse, au milieu du XXe siècle. Janet, seize ans, est retrouvée assassinée au pied de l’escalier de la demeure familiale, vêtue de la robe en dentelle noire de sa mère. Ce qui commence comme un roman policier sera en fait le récit rétrospectif de la courte et triste vie de Janet. Dans une région battue par les vents, elle grandit entourée de frères et de sœurs plus beaux et plus brillants qu’elle. Incomprise par les adultes, rejetée par les autres enfants, Janet tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai découvert ce roman par le plus grand des hasards ,La couverture me paraissais énigmatique, un résumé qui a titillé ma curiosité, et le tout couronner d'une préface élogieuse de Maggie O'Farrel,
Tout commence par le découverte du corps de Janet qui vient d'être assassinée, tout porte à croire que nous allons lire un thriller, un roman policier, mais que nenni. Janet devient la narratrice , elle nous dépeint sa vie d'enfant jusqu'à son adolescence, avant sa mort, L'histoire se déroule en Écosse, dans les plaines des Highlands, au château d'Auchnasaugh, Janet est un personnage atypique, Elle est insouciante, elle veut vivre et réaliser ses rêves. Elle ne trouve pas sa place parmi les adultes, l'amour , la tendresse, l'amitié , elle ne connaît pas. Ils ne prennent pas le temps de la comprendre .Elle est transparente, insignifiante, une sorte de personnage in gratta, Elle prendra un laps de temps, pour essayer de s'intégrer dans cette société, dans ce milieu social, qui est le sien. Malgré tous ses efforts, elle n'y arrivera pas, Elle trouvera refuge dans les livres, dans l'amour qu'elle porte à la nature et aux animaux, elle la grande solitaire. Un roman court qui dégage une grande émotion, le reflet d'une vie bouleversante , La plume l'auteure est fluide, poétique, sensible et subtile, Une histoire qui dégage une véritable empathie pour Janet, elle qui était et restera un fantôme, personne ne regrettera, ou réalisera sa disparition. Pourquoi assassinée, Janet, qui a pu commettre un tel acte, elle qui était pure, intelligente, elle qui vivait dans son monde. Un roman qui m'a littéralement transportée, une histoire déroutante , émouvante et tragique à la fois, Un roman époustouflant , majestueux , une véritable pépite, à la limite du chef d'oeuvre.
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Dès la première ligne, on sait que Janet, 16 ans, est morte assassinée dans le château familial. Ce livre n'est pourtant pas un roman policier dans lequel on assisterait à l'enquête sur la recherche du meurtrier (dont l'identité est révélée à la fin, tout de même). « Le champ des soupirs » nous emmène au contraire dans le passé et relate la courte existence de la jeune victime.
Or donc, au milieu du 20ème siècle et des sauvages landes écossaises, Janet vit avec sa famille dans un vieux château décrépit, ouvert à tous les vents. Enfant turbulente puis adolescente exaltée, sensible, excentrique, dotée de grandes capacités intellectuelles et d'autant d'imagination romanesque, Janet se sent à l'étroit dans sa vie, constamment décalée, coincée de toutes parts par la discipline familiale et les conventions sociales. Malgré ses efforts, elle n'arrive pas à se fondre dans le moule de jeune fille bien élevée dans lequel on veut la couler. Elle rêve d'être libre et de pouvoir vivre comme elle l'entend, mais personne dans son entourage ne la comprend ni ne l'accepte telle qu'elle est. Brimée par sa famille comme un vilain petit canard puis ostracisée par ses compagnes de pensionnat qui la considèrent comme une toquée et une tocarde, Janet trouve refuge auprès des livres, dans ses études et auprès des animaux, s'imagine en héroïne tragique, crève d'ennui et de solitude.

Ce roman gothique est porté par une belle écriture, mais je n'ai pas très bien compris où l'auteure voulait en venir. Elle semble dénoncer la pression et l'oppression sociales qui pesaient sur les femmes à cette époque et dans ce milieu, mais c'est relativement feutré. Ou alors est-ce un roman d'apprentissage ou initiatique qui tourne court vu la mort brutale de Janet (et d'ailleurs le meurtre n'aurait sans doute pas eu lieu si Janet avait été la « jeune fille bien élevée » susmentionnée) ?
Quoi qu'il en soit, je reste un peu sur ma faim : les personnages sont assez stéréotypés, leurs psychés sont peu approfondies et ils ne suscitent guère l'empathie, même pas Janet. Quant à la scène du meurtre, elle est balancée en trois coups de cuiller à pot, et le mobile me semble nébuleux : j'hésite entre une vengeance et un geste aussi excessif qu'insensé. Ou alors un peu des deux.
Au final, l'histoire sombre, triste et vaguement ennuyeuse d'une vie gâchée et traversée par l'ennui, elle aussi.

En partenariat avec le Livre de Poche via Netgalley.
#OCaledonia #NetGalleyFrance
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Le champ des soupirs est le seul roman publié par Elspeth Barker. "Avoir écrit cette merveille éblouissante, dit Pringle, est l'accomplissement d'une vie."
Nous possédons la moisson de ses années de journalisme, mais c'est sa seule oeuvre de fiction imprimée. Voilà pourquoi ce livre est un phénix littéraire : rare, palpitant, unique. Lisez le s'il vous plaît, en gardant cela à l'esprit.
(Maggie O'Farrell - Edimbourg, 2021)

L'histoire est racontée par Janet, petite fille, puis adolescente et se passe dans les Highlands au château d'Auchnasaugh.
"Auchnasaugh, le champ des soupirs, devait son nom aux vents qui faisaient entendre leurs lamentations presque toute l'année, tout doucement parfois, filtrées par les bosquets des pins ; plus violemment à d'autres moments, lorsqu'elles hurlaient par-dessus les remparts et s'engouffraient en grondant dans les cheminées faisant rugir la chaudière qui alimentait le vétuste système de chauffage central, trembler les tuyaux et rougeoyer la plaque de la cuisinière, comme en enfer. Les choucas cachés sur le toit, explosaient en un épais nuage noir et planaient haut dans le ciel tourmenté en répandant leurs cris de mise en garde et leur malédiction sur le monde hivernal."

- La lutte de Janet est la lutte universelle de l'individu contre l'autorité ; c'est le combat pour préserver son identité face à une opposition puissante. C'est le défi à relever pour devenir la personne que vous devez être, tandis qu'autour de vous tout le monde veut que vous soyez quelqu'un d'autre. -

" Moi, j'adore le subjonctif !
C'est un temps subtil, il change le sens d'une phrase ...
J'appelle mes chats des subjonctifs."

L'existence de Janet, née, pas plus grosse qu'un chat ! dans un étouffoir familial où nul, jamais, ne la comprendra.

Elle apprit à faire face grâce à la dissimulation, à l'amour pour les animaux, la lecture et à ses rêveries.

Janet et son choucas "Clows", qui sera le seul à l'aimer, à la pleurer, à la chercher jusqu'à se jeter contre les murs du château près de sa chambre.

Janet, petite fille dont l'imaginaire n'a pas de limites, se construira un monde autour des livres, qu'elle dévorera tout au long de sa courte vie.

Les seuls et derniers instants de grâce qu'elle connaîtra, voileront à jamais son regard tourné vers l'infini.

Un conte gothique plein d'esprit.

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Traduit en français en 2023,ce roman a cependant été écrit en a991,et Maggie O' Farell en a fait une introduction plus qu'élogieuse en 2021 .
Il est vrai qu'Elspeth Barker écrit magnifiquement et que des descriptions minutieuses et détaillées permettraient de réaliser une peinture à chaque page.
Si l'histoire commence par la découverte du corps de Janeth, au pied du chateau familial, assassinée alors qu'elle n'a que seize ans, il n'en est pas pour autant un polar mais plutôt le portrait de la jeune fille et de sa courte vie.
ID'une intelligence au dessus de la moyenne,passionnée de lecture,elle a fait sienne la formule de Proust pour traduire ce qu'elle ressent auprèsdes siens "l'étouffoir familial " !
Aînée de la fratrie,sa proximité avec son frère Francis s'estompe dès la naissance de Rhona et l'arrivée des autres enfants n'y changera rien.
Elle préfère cependant assumer le rôle du vilain petit canard que celui de l'oie blanche qu'on attend d'elle.
Elle tente bien quelques efforts pour se faire accepter auprès des siens et de son collège mais ses aspirations sont si éloignées de ce petit monde bourgeois qu'elle ne peut y parvenir. Profondément, elle ne peut pas consentir à travestir ce qu'elle est vraiment et préfère se réfugier dans son monde intérieur et auprès des animaux que perdre son identité.
D'ailleurs ,j'interprète pour ma part,son assassinat de façon symbolique : le costume social dont on veut l'affubler l'a tuée !

L'esprit critique de Janeth,sa rébellion,son attirance pour le monde animal et la nature dont elle se sent bien plus proche que des humains, étaient autant de critères qui auraient dû me faire adorer ce livre. A cela s'ajoute une critique sociale du milieu du XX siècle, notamment en ce qui concerne la place des femmes, tout à fait à mon goût...pourquoi alors,me suis-je ennuyée sur la quasi totalité de ma lecture? Je ne le comprends pas moi même ! Je me sens un peu comme un cochon à qui on a offert de la confiture! ;-)
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A la seconde où je suis tombée sur cette oeuvre, mon coeur adolescent est remonté comme une petite bulle frémissante. le soin apporté à l'illustration, l'esthétisme gothique de la juxtaposition des éléments et ce titre gonflé de mélancolie romantique : du miel à mes oreilles me submergeant de cette ambiance, ces émois et riffs dont je me délectais alors.

Et que dire de l'aventure suggérée ! Tous les ingrédients sont au rendez-vous, le décor majestueux d'une campagne écossaise du milieu du XXème siècle, la prédominance d'une nature capricieuse et souveraine et le destin tragique d'une héroïne incomprise, sauvagement fauchée à l'aube de sa floraison.

Mais qui est cette jeune personne dont le sort funeste plonge dans l'indifférence totale ses proches et fait danser les langues des vipères environnantes ?

L'auteure nous invite ici à arpenter les dédales du coeur de Janet, de ses premières années à ce moment fatidique. Janet est une petite fille somme toute ordinaire, excepté son aversion pour les poupées aux « paupières tremblotantes » et au « regard fou », elle se plait à se rêver en princesse à la grâce inégalée, ce dont elle manque cruellement à son grand désespoir. Evoluant au sein d'une classe qu'on dirait privilégiée, Janet est une enfant plutôt choyée, ne manquant de rien, en apparence.

Elspeth BARKER n'a pas son pareil pour retranscrire avec délice ces petits moments de vie d'allure insignifiante mais si fondateurs à l'enfance. Des grains de sable qui se logent entre les orteils sans qu'on parvienne à s'en défaire complètement en passant par les séances de lecture clandestine improvisées sous les couvertures à la barbe de l'autorité parentale, elle nous offre ici de savoureuses capsules temporelles dans lesquelles il fait bon se lover.

Enfant fantasque au tempérament énergique et à l'imaginaire fertile, Janet s'épanouit dans un univers de chimères et de contes légendaires en décalage avec un monde austère et pragmatique boudant le plaisir de ses envolées et dont les affres de la guerre sont comme des trouées béantes perforant son arc en ciel édulcoré. Dans le voile de mysticisme qui l'enveloppe, il n'y a pas de place pour les convenances et les devoirs que sa condition lui impose. Un état de fait qui lui attirera bien des ennuis. Là où Janet passe, les catastrophes s'amoncellent et se répandent comme un tapis de crocus aux premières heures du printemps. Si son caractère entier et désinvolte nous ravit, reste qu'elle fait montre d'un égoïsme patenté et de peu de sentiment à l'égard de ses semblables, ce qui nous donne presque envie d'excuser un entourage trop éprouvé par ses frasques.

Au fil de la lecture, la rupture s'annoncera vite consommée, sa famille ayant clairement démissionner au prix d'un semblant de sérénité. Cette coupable idéale est perçue comme une charge dont la canalisation, si ce n'est l'intégration, demanderait trop d'efforts à déployer. Elle a le don de se fourrer dans des situations périlleuses et n'exulte que lorsqu'elle est à contrecourant. Janet ne saurait vivre sans se mettre en scène – jusque dans la mort - à la manière des grandes tragédiennes grecques. La corde fragile qui la rattache au monde menace de rompre d'un instant à l'autre, laissant notre héroïne errant dans une lande sauvage, à l'image de ce vent solitaire se lamentant dans les branches et n'ayant pour seuls compagnons que la faune locale miséricordieuse.

La beauté et la richesse de ses élucubrations m'ont beaucoup touchée, parfois émue, mais je ne ressors pas de cette lecture avec la compassion et la pitié que certains avis ont pu me le laisser entendre. Si le sort de Janet est peu enviable sur le papier, je ne retiens pas l'existence triste et solitaire d'une jeune fille marginalisée, mais la puissance de son anticonformisme et de cette détermination à faire la part belle à la désinvolture de l'enfance, sans concession. Janet est une tête dure et bien pleine qui a délibérément préféré entretenir ses chemins de traverse plutôt que d'emprunter une voie, plus commode, qui l'aurait ternie.

« Oh, ce qu'elle s'amuserait en fantôme. Elle avait hâte ». Tu ne crois pas si bien dire Janet !

Un grand merci à NetGalley et aux Editions le Livre de Poche
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Elles galopaient sur le sable mouillé et brillant, puis elles ôtaient les selles et se baignaient avec leurs montures. C'était merveilleux. Les chevaux pénétraient timidement dans l'eau, en levant haut les jambes, et faisaient de petits sauts de côté devant les vaguelettes. Puis, quand ils avançaient un peu plus loin, ils cambraient leur cou, s'ébrouaient et enfonçaient leur nez dans la houle verte. Leurs flancs mouillés devenaient glissants. Et soudain, dans un élan sauvage, ils s'abandonnaient à la mer, ils plongeaient en toute liberté, ressortaient de l'eau et s'y vautraient. Les embruns frappaient le visage de Janet, le vent lui coupait le souffle, elle s'accrochait à la crinière ; air et eau, terreur et extase. Elle aurait pu mourir ainsi, sans s'en apercevoir, chevauchant les messagers invisibles de l'atmosphère.
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Elle était la première personne sur terre ; elle seule venait troubler la rosée. Sur le trajet du retour, elle découvrait des merveilles cachées : trois bébés hérissons se régalaient d'une bogue de marron pourrie ; une biche et son faon croisaient son chemin, tranquilles, plongés dans leur monde. Un jour, elle tomba sur une étendue de Phallus impudicus, qui brillaient d'un éclat blanc et joyeux dans l'herbe tendre, un festival d'elfes priapiques ou un hommage à une reine des fées.
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Vous allez pénétrer dans un monde de manteaux en tweed qui grattent, d'austères nounous sévères, de soeurs cadettes d'une perfection exaspérante, d'animaux domestiques excentriques et d'immenses châteaux glacials. Un monde où les filles ne sont considérées que comme une "forme inférieure d'un garçon" et où le rigorisme calviniste est souligné par la nature sauvage et séduisante des paysages des Higlands.
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La cuisine était le seul endroit d'Auchnasaugh qu'elle évitait. Outre la présence aigrie et le cuir chevelu inquiétant de Miss Wales, outre Jim avec son pantalon taché de sang, ses mains incrustées de terre, de sang et de mort, son couteau de poche sur la lame duquel étaient collés des poils et des restes de viscères, il y avait presque toujours un grand récipient émaillé contenant de l'eau salée qui virait au rose pâle. Dans cette eau trempaient deux lapins écorchés et décapités, semblables à des foetus, des innocents massacrés, exposés à tous les regards. Le lendemain, pendant qu'on les obligeait à manger leur ragoût de lapin, dehors, derrière les portes-fenêtres, sur la rive escarpée où un millier de jonquilles joyeuses dansaient dans la brise du printemps, les lapins gambadaient sans se douter de rien.
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Si elle leur avait annoncé qu'elle était païenne, ou adoratrice de la lune, elles auraient poursuivi leur tirade anticatholique obsessionnelle, de la même manière. Alors, elle les laissait déblatérer, et elle pensait aux albatros, l'oiseau au destin tragique de "La complainte du vieux marin", le chasseur d'orages et d'arcs-en-ciel de Baudelaire, réduits à l'état d'invalides maladroits sur terre, moqués par l'homme, et à cet albatros qui avait été détourné de sa course, dans le mauvais hémisphère, et vivait maintenant sur une péninsule aride de l'extrême nord de l'Ecosse, obligé de cohabiter avec des mouettes tridactyles, attendant en vain les courants chauds qui pourraient le ramener dans ce Sud lointain et inatteignable. Quand elle imaginait la détresse de cet oiseau, ses poings se serraient, elle se mordait la lèvre et regardait droit devant elle, en priant pour sa libération.
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