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3,52

sur 300 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La seule histoire est le treizième livre de cet auteur britannique considéré comme le chef de file des auteurs anglais contemporains. C'est le premier livre de J. Barnes qui n'est pas dédié à son épouse Pat Kavanaugh, décédée en 2008.

Ce livre est un magnifique roman d'apprentissage, un roman post moderne centré sur l'amour avec une histoire tourmentée, un récit mélancolique à souhait, écrit avec une prose élégante et un ton intime qui va s'adresser par moments directement au lecteur : cela interpelle. L'humour fin de l'auteur est bien présent sur un sujet qui n'a rien d'humoristique.

Paul, âgé, se rememore l'amour de sa vie. Il a tellement de choses à dire sur le temps qui passe, sur l'amour et sur la fragilité de la mémoire. Et le livre démarre sur une question philosophique : préféreriez-vous aimer plus et souffrir plus, ou aimer moins et souffrir moins ?

Dans les années 63-64 dans une Angleterre bien pensante et dans une banlieue londonienne, Paul Casey, 19 ans, en première année de Fac, s'éprendra de sa partenaire de tennis en double, la sémillante et ironique Susan MacLeod de 48 ans (c'est l'époque de la vague scandaleuse de l'affaire Profumo qui avait tant défrayé la chronique début 1960). Ce couple va connaitre une grande complicité.

Cette histoire d'amour de Paul va de l'innocence jusqu'à l'expérience, depuis l'âge tendre jusqu'à la maturité et depuis l'engouement jusqu'à la lassitude. Ce sera leur seule histoire, une histoire qui va les marquer pour toute leur vie, une relation qui aura duré 12 années environ.

Pour vivre cet amour ils devront s'exiler à Londres où le jeune homme poursuivra des études de Droit et Susan commencera à se morfondre au domicile. Elle deviendra alcoolique et Paul ne pourra rien faire pour arrêter le désastre, tout en culpabilisant.

Mais la relation entre Susan et Paul va durer et si l'histoire en elle même n'est pas très intéressante, c'est l'analyse qu'en fait Julien Barnes qui l'est, car les sentiments du protagoniste son mis en évidence au scalpel: ses intentions, ses croyances, ses névroses. Les moments exquis du roman tiennent à l'acuité psychologique de l'auteur, notamment à ses souvenirs. Paul se demande s'il reste parce qu'il aime Susan car pour lui l'amour c'est tout, ou s'il reste parce qu'il se sent coupable. Il devient conscient qu'ils glissent vers un sexe triste, le pire sexe possible.

Le livre est divisé en 3 parties, chacune avec une voix différente : on démarre fort à la première personne avec Paul de 19 ans; dans la deuxième partie Paul est trentenaire et constate la décadence de cet amour avec Susan qui sombre dans l'alcoolisme et la dépression, puis dans la troisième partie, Barnes utilise la troisième personne du singulier pour raconter la fin de l'histoire, lorsque la souffrance morale est au paroxysme. Les 3 voix narratives correspondent aux trois paliers de la relation de Susan et Paul : la naissance de leur amour, la disparition de celui-ci et les conséquences sur le temps. le tout sonne si triste, déchirant et véridique : l'amour englué dans son propre cadre, se vidant chaque jour de ses couleurs et de sa signification.

Julien Barnes a déjà utilisé cette structure en trois parties dans ses romans. Ici il nous livre un roman puissant, le requiem d'un amour impossible. Et c'est un sujet barnesien récurrent: le territoire familial, les banlieues, un protagoniste âgé ressassant une vie mal remplie.

Il nous a livré un sujet difficile (voué de toute façon à l'échec en raison du facteur temps) traité de façon magistrale.

Ah, l'Amour. L'Amour est un mystère dont la clé appartient à chacun, hein ?
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Barnes écrit toujours de sa plume élégante.
Cette histoire, à première vue, n'était pas trop pour moi.
Et pourtant, j'ai adoré cette histoire entre un jeune homme et une femme qui l'est moins.
Le découpage en 3 parties racontées par 3 personnages différents est agréable et originale et l'analyse de l'Amour est tout en finesse même si le dégoût de soi peut arriver alors que tout avait débuté de manière idyllique.
Rien pour me plaire, à priori, et pourtant la magie de la littérature a encore frappé.
Bravo Mister Barnes
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Un roman découvert par hasard (coup de coeur du libraire je crois) et dont l'auteur est largement plébiscité par mon compagnon, il n'en fallait pas plus pour me lancer et j'ai bien fait.

Quelle claque !

Le thème des amours impossibles pourrait paraître banal si l'écriture ne donnait une envergure bouleversante à ces 320 pages.

Paul, jeune homme de 19 ans tombé amoureux de Susan 38 ans, mariée, deux enfants... ils vont s'aimer, pleinement, totalement, jusqu'au bout...
Ils quittent tout pour mieux s'aimer, ils deviennent fusionnels mais c'est sans compter sans l'addiction de Susan qui ronge peu à peu leur couple, qui la détruit sans que Paul n'y puisse rien, qui s'ajoute à l'usure du temps...

Vaut-il mieux aimer et souffrir que vivre une vie sereine mais sans amour ?

L'écriture lucide et distanciée de Julien Barnes m'a emportée dans ce roman que j'ai quasi lu d'une traite. L'utilisation de la 1ere personne, rend le récit plus personnel et amène le lecteur à s'identifier au personnage.

Une très belle découverte. J'ai acheté d'autres ouvrages du même auteur.
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Un jeune homme, Paul, rencontre Susan sur un court de tennis pour jouer un tournoi de double mixte sur tirage au sort. Une attirance réciproque naît instantanément entre le jeune homme de 19 ans et la femme mariée de 47 ans, mère de deux filles à peine moins jeunes que Paul.
Paul et Susan Mc Leod bien ensemble, ne se séparent plus, deviennent amants. Les barrières familiales et sociales ne les arrêtent pas, ils partent vivre ensemble à Londres, loin de leur village.
Plus tard, Paul constate que Susan est alcoolique mais lui pardonne pendant plus de dix ans. La maladie de Susan étant irréversible, Paul finit par l'abandonner à sa fille Martha mais Susan le marque à vie et il n'aura jamais d'autre véritable amour.
Sensible, profond, magnifique.
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De toute sa vie, Paul n'aura vraiment aimé qu'une seule femme, Susan. Malgré les 25 ans qui les séparent, malgré l'opposition de ses parents, malgré les qu'en dira-t-on de ce village anglais huppé, malgré l'alcoolisme de plus en plus flagrant de Susan, malgré leur séparation finale, cette histoire va profondément marquer sa vie et faire de lui l'homme qu'il est devenu, lucide mais amer. Julian Barnes narre avec beaucoup de finesse cette histoire d'amour inhabituelle. Paul revient sur cette unique histoire qui vaille la peine, pleinement conscient que toute narration est subjective, que le temps modifie la perception que l'on a des événements passés.
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Un premier amour détermine une vie pour toujours : c'est ce que j'ai découvert au fil des ans. Il n'occupe pas forcément un rang supérieur à celui des amours ultérieures, mais elles seront toujours affectées par son existence. Il peut servir de modèle, ou de contre-exemple. Il peut éclipser les amours ultérieures ; d'un autre côté, il peut les rendre plus faciles, meilleures. Mais parfois aussi, un premier amour cautérise le coeur, et tout ce qu'on pourra trouver ensuite, c'est une large cicatrice. Paul a dix-neuf ans et s'ennuie un peu cet été-là, le dernier avant son départ à l'université. Au club de tennis local, il rencontre Susan - quarante-huit ans, mariée, deux grandes filles - avec qui il va disputer des parties en double. Susan est belle, charmante, chaleureuse. Il n'en faut pas davantage pour les rapprocher... La passion ? Non, l'amour, le vrai, total et absolu, que les amants vivront d'abord en cachette. Puis ils partent habiter à Londres : Susan a un peu d'argent, Paul doit continuer ses études de droit. le bonheur ? Oui. Enfin presque car, peu à peu, Paul va découvrir que Susan a un problème, qu'elle a soigneusement dissimulé jusque-là : elle est alcoolique. Il l'aime, il ne veut pas la laisser seule avec ses démons. Il va tout tenter pour la sauver et combattre avec elle ce fléau. En vain... Mais lui, alors ? Sa jeunesse, les années qui passent et qui auraient dû être joyeuses, insouciantes ? Il a trente ans, puis trente et un, puis trente-deux. Vaut-il mieux avoir aimé et perdre ou ne jamais avoir aimé ?
« La plupart d'entre nous n'ont qu'une histoire à raconter. Je ne veux pas dire que cela ne nous arrive qu'une fois dans une vie : il y a d'innombrables événements que nous transformons en d'innombrables histoires. Mais il n'y en a qu'une qui compte, une seule qui mérite finalement d'être raconté. Celle que je raconte ici est la mienne." C'est ainsi que s'exprime le narrateur du dernier roman de Julian Barnes, un texte verni avec l'élégance avec laquelle l'auteur est habitué à polir la mélancolie que dégagent ses oeuvres.

Ce qui est raconté ici est l'histoire de la relation entre un jeune étudiant universitaire et une femme mariée d'un quartier résidentiel qui finissent par se rencontrer au club de tennis. Rien de nouveau peut-être, mais Barnes nous raconte comme si c'était l'occasion fondatrice où l'inconscience de la jeunesse croise la sécurité de la maturité, pour créer une bulle dont l'éclatement est annoncé et reporté dans le récit.

Paul, dix-neuf ans, narrateur et protagoniste, méprise les conventions et les servitudes qu'implique pour lui la condition d'adulte. Et par conséquent ie étant cette aversion aux membres d'une génération qui s'y soumet sans la moindre résistance, mais dont il exclut Susan, malgré ses quarante-huit ans et ses deux filles.
Paul revient sur ses années en faisant appel à la compréhension du lecteur/auditeur, conscient que la mémoire a ses propres règles pour prioriser les souvenirs. C'est le prétexte parfait pour Barnes pour gérer les données et les situations sans s'occuper de chronologies précises, jusqu'à composer l'image du champ de bataille où s'installe le bonheur du couple. On y retrouve les parents de Paul, les membres scandalisés du club, le mari qui a permis la présence persistante du jeune homme chez lui, ou encore l'amie solitaire de Susan, vaincue après avoir échoué dans une relation inverse qu'elle refuse désormais de juger et en dont elle était la partie la plus vulnérable.

Mais ce qui va décider de l'issue du conflit va être l'irruption dévastatrice d'un élément quelque peu inattendu : l'alcool, compagnon d'infortune et soulagement des angoisses. C'est là que la capacité d'analyse et de réflexion de l'auteur est mise au service du protagoniste pour lui permettre de comprendre les détails d'une histoire qui le dépasse, et dans laquelle la narration passe naturellement d'une première personne passionnée à une seconde expositoire, pour finir dans une troisième avec une vocation d'objectivité et de décompte des pertes.

Barnes est le membre le plus âgé de cette génération d'auteurs britanniques qui a émergé dans les années 80 et à laquelle appartiennent également Ian McEwan, Martin Amis et Kazuo Ishiguro. Barnes comme dans son précédent roman, "Le bruit du temps"ou il mettait dans la bouche de son protagoniste, le compositeur russe Chostakovitch, une phrase aussi amère que dévastatrice : "Les illusions (...), même mortes, continuent de pourrir et de puer en nous." en refait la démonstration. dans ce roman froid par choix ce qui peut déplaire.
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Un très beau roman d'amour et d'apprentissage, dramatique sans être mélo, qui raconte une romance entre un jeune étudiant et une femme d'âge mur, dans une banlieue résidentielle anglaise appelée « Village », où logent les agents de change.

Paul et Susan vivent leur histoire en secret, mais toutefois pas assez pour éviter leur renvoi du club de tennis où ils se sont rencontrés.
Une histoire émouvante d'amour tabou, du moins en ces temps et ce milieu, et qui en cache une autre plus dramatique.

Dès les premières pages, j'ai immédiatement aimé les personnages, l'humour de Susan, et la manière qu'à l'auteur de raconter les choses, son style enjoué, parlé. La toute fin est cruelle et sublime.
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Un roman consacré à la passion amoureuse façon Gabrielle Russier dans le film Mourir d'aimer, du moins au début. Raymond Radiguet dans le Diable au corps a aussi écrit sur l'histoire d'un jeune homme amoureux d'une femme mûre. Plus loin encore dans le temps, relire Stendhal dans le Rouge et le Noir dans sa première partie, où la forte attirance entre Mme de Rênal et Julien Sorel faisait aussi tout le charme du récit. En fait, une liaison hors normes inspire beaucoup ces messieurs les écrivains même par-delà le Channel.
Ici, en vacances chez ses parents, Paul - dix-neuf ans - joue pour se désennuyer avec Mrs Susan Macleod au tennis. Cette femme mûre d'environ la quarantaine bien sonnée l'inspire et devient rapidement sa maîtresse. On assiste à la montée de la passion puis à sa lente dégradation jusqu'au final, assez triste. Tout cela pour dire que le premier amour d'un ado le marque pour la vie.
C'est bien écrit avec sa petite touche d'humour anglo-saxon. Ainsi quand « quelques semaines plus tard, elle vous tend deux ou trois feuilles de papier. « Ne lis pas ça devant moi. » Vous vous éloignez et, dès la première phrase lue, votre optimisme s'évapore. Elle a transformé sa vie, et son mariage, en une courte histoire comique, qui vous semble tirée de quelque écrit de l'humoriste américain James Thurber. C'est peut-être le cas. L'histoire d'un homme en costume trois-pièces, appelé Mr Elephant Pants, qui chaque soir va au pub – ou au bar de la gare de Manhattan - et rentre chez lui dans un état qui inquiète fort sa femme et ses enfants. Il renverse le portemanteau, frappe du pied les pots de fleurs, crie après le chien, provoquant un sentiment de Grande Alarme et d'Abattement, et n'arrête son tapage que lorsqu'il finit par s'endormir sur le canapé et ronfle à en faire tomber les tuiles du toit » (page 135).
Elle parle de l'alcoolisme de son époux mais lui, son jeune amant, parle de son état d'ébriété avancé et à vingt-cinq ans, il se trouve démuni face à une telle situation. Avec humour, il remarque qu'il n'y a pas d'articles dans la presse intitulés : « Comment s'y prendre avec son amante alcoolique d'âge mûr ». Il doit se débrouiller seul et finalement il jette l'éponge. Je pense que la situation décrite est très réaliste et que l'écrivain a bien su nous la faire comprendre. Mourir d'aimer ! Qu'on aime ou pas ce roman, c'est une question de goût mais difficile de reprocher à cet auteur d'être aussi près de la réalité entre deux êtres qui s'aiment et se détestent tout à la fois.

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CHACUN N'A QU'UNE HISTOIRE D'AMOUR.
« Préféreriez-vous aimer davantage, et souffrir davantage ; ou aimer moins, et souffrir moins ? »
Cette réflexion romancée sur l'Amour, racontée avec un recul de 50 ans, est scindée en trois parties : l' initiation, la passion, le déclin. Chacune est présentée avec un effet de style différent ; JE, tombe amoureux ; VOUS, conversation avec le lecteur pour décrire le bonheur à deux ; IL, où l' auteur se décrit lui même pour en narrer le dépérissement. L'Angleterre d' après guerre : Gin + tennis + libération des moeurs. Un amour-initiation-passion éprouvé par un étudiant de 18 ans pour une femme de 30 ans son aînée, négligée par un mari alcoolique. La première rencontre est banale : je complète une équipe de tennis en double mixte, je te raccompagne, nous échangeons... le contraste entre cet homme jeune mais audacieux et cette femme mûre mais timide est servi par une écriture très british dont l' humour pince-sans-rire repose sur l'association du grave et du léger. Plus dure sera la chute, avec la découverte d'un alcoolisme caché puis avoué. Chute qui questionne : a-t-elle été heureuse avec moi ? A-t-elle eu seulement un orgasme ? Suis-je responsable de son alcoolisme ?
La fin de l' ouvrage m' a cependant dérouté : toutes ces réflexions décousues (mais pertinentes) sur l' amour ressemblent à une compilation de textes glanés sur Google. Quoiqu' il en soit, il s' agit d'un très beau roman qui illustre l'histoire du temps et son effet sur l'amour. À méditer !
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Une grande et belle histoire d'amour qui défie le temps et les conventions.
Un jeune homme et une femme d'âge mûr que le hasard réunit sur un cours de tennis. Bravant leur entourage et la société bien-pensante, Paul et Susan affichent leur amour cependant, très vite, Paul comprend que Susan cache un secret, un secret bien envahissant qui n'est autre que son alcoolisme...Paul va lutter, déployer une énergie folle pour libérer Susan de cette emprise.
Peu à peu, les failles des protagonistes se creusent et laissent entrevoir ce que sera le dénouement. Cruel et stupéfiant.
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