Dans le chemin qui s'ouvre

L'orage

Aujourd'hui la pluie dans la nuit
l'eau qui glisse sur l'herbe drue

Les éclairs en disent long sur les ténèbres
sur les ombres jamais vues

Il semble que nous dormions en dehors de la vie
mais nous rêvons pour nous comprendre

Mon lit c'est ma rivière
je travaille de nuit

Je me glisse dans les eaux troubles
de mes pensées au bord du gouffre
et j'écris pour ne pas me noyer

Quand le courant m'envahit
quand je n'ai plus le souffle

Il m'arrive de m'envoler
pour fuir ce qui meurt en moi

Rien n'est plus lourd que l'absence

Avant de m'endormir
je ferme tout
les portes les fenêtres

Juste un livre ouvert sur ma table
comme une issue de secours 

Aujourd'hui je n'en ai pas fini
avec mon passé qui me revient
sans coup férir
à la figure et au plexus solaire

Guérir de ça
qui peut le faire?

Comment ne pas se retourner
pour changer les regrets en lumière
et les absences trop cruelles
en ce présent de certitude pleine et entière
où j'écris pour ne pas partir en morceaux

Chaque jour chaque nuit
je pars à ma recherche

Y a-t-il quelqu'un qui m'ait vu ?

Je ne me connais pas
je suis feuille parmi les feuilles

Le souffle me donne vie
et je suis pauvre comme un oiseau