de l'enfermement, de la violence, de l'espoir, de l'écriture, de la fragilité et la force des femmes - très écrit, et ce n'en est que mieux - romancé, mais avec de gros bouts de réalité dedans si j'en juge par d'autres livres plus témoignages
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Gouttelettes sauvages, enfances en sourires, nostalgies ensommeillées, la tendresse comme un jazz inattendu accordait le temps de l'enfermement et de la mort à un infime espoir. Quelques secondes suffisaient aux mots et au sourire. Ne pas s'étendre, s'amollir dans le désir. Ici tout prenait des proportions inhabituelles. Tout ici balançait entre le gouffre et l'essentiel.
Elle glissa un mot d’encouragement, amical et distant à la fois, sans s’impliquer, sans avoir l’air de dire : on pense à vous mais si vous pouviez adopter un autre comportement, ce serait mieux. Non, elle ne disait rien de cela, elle écrivait trois mots à un homme enfermé sans compassion simplement pour lui dire qu’il était vivant et qu’elle le savait.
Ils allaient découvrir qu’écrire c’est difficile mais ce peut être une jubilation, qu’aller à l’extrémité de la vie c’est « très » difficile, que travailler sur un texte c’est long et que se contenter de l’à peu près c’est impossible là où l’on est, enfermé dans une cellule. Ils allaient ensemble vérifier qu’écrire n’est pas jouer même si le rire l’emporte parfois, parce que rire d’un souvenir d’enfant c’est une retrouvaille.
La première fois ils furent figés, immobiles, gênés, les yeux baissés, le dos courbé au point qu’elles se dirent qu’ils étaient vieux et malades. Les visages cireux, jaunes, le regard apeuré ou méfiant, les hommes virent les deux femmes, leurs silhouettes élégantes, la charge des cartables, la blondeur d’Irène et les grands yeux amande de Clara, leurs vies dans les premières rides, les yeux cernés.
Elles leur disent : il n’y a rien d’évident à ce que l’on soit là toutes les semaines, il y a ceux qui sont pour et ceux qui sont contre. Pour l’instant, le travail fait est reconnu et compris par ceux qui ont le pouvoir de décider, mais cela peut changer. Alors, on se tient à carreau.
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