S’éloigner, un instant, du spectacle bruyant du monde est donc nécessaire pour réfléchir au thème de la connaissance de soi. Se replier sur soi-même est, parfois, parfaitement souhaitable> Mais on voit bien que, à la question : “Qu’est-ce que se connaître ?”, il n’est pas donné, dans l’approche proprement philosophique de Platon, une réponse de type psychologique. Se connaître, cela ne consiste pas seulement à mettre au clair son tempérament ou son caractère, ses goûts ou ses aptitudes. C’est bien plus que cela. Il s’agit pour le philosophe, dans un dialogue sans concession avec autrui, ou dans la méditation de soi sur soi, dans une interrogation approfondie qui ne peut être l’œuvre d’un seul jour, de découvrir peu à peu en soi le principe pensant, qui se distinguant absolument du corps comme organisme vivant ou se différenciant du personnage social, dépasse la simple individualité pour atteindre l’universel.
Universel, et qu’importe ici le nom que nous lui donnons (dieu, raison, idée, etc.), auquel nous participons, en tant qu’être pensant, par notre simple présence au monde. Et cela quel que soit sur terre, notre rôle passager : tyran ou citoyen, maître ou esclave, riche ou démuni... [pp. 28-29]
Se connaître, c’est se reconnaître comme un être de raison, réprimant ses instincts, jugulant ses passions, et soucieux en toute chose d’atteindre le vrai. Par la connaissance de soi, l’homme devient ainsi l’être raisonnable autour duquel peuvent enfin s’organiser la morale, la politique et la science. Et ainsi l’aventure peut commencer…. (…)…[p. 9]
...la sagesse serait la connaissance de soi-même, cela en accord avec l’inscription de Delphes : “J’irais même jusqu’à dire, reconnaît Critias, l’un des protagonistes du dialogue (ndlr : Charmide), que c’est précisément à ‘se connaître soi-même’ que consiste la sagesse”…. (…)…[pp. 26-27