Quel espace de liberté peut-on trouver en plein chaos, celui de la famine, de la guerre, des espaces brûlés par le gel ou le soleil, noyés par les inondations ou le sang des massacres perpétrés contre les Indiens ou par eux en représailles ? le narrateur, Thomas McNulty, jeune homme solaire, sensible, qu'on devine homosexuel sans que cela ne soit un problème ni pour lui ni pour ceux qui l'entourent, y répond au long de 272 pages de barbarie et d'épreuves, toujours équilibrées par l'insolence d'un bonheur qu'il arrache tous les jours, ne permettant à rien ni personne de ternir son appétit d'aventure, d'amour et de survie.
Terriblement original, ce récit enfiévré, aux dimensions géographiques et humaines vertigineuses, ne s'attarde jamais sur les évidences, ne ressasse aucun cliché, n'impose aucune morale. Elle semble d'ailleurs absente, remplacée par l'instinct de personnages si réels qu'on éprouve chaque horreur avec eux, empruntant leur peau le temps d'effleurer le courage, l'endurance mais aussi la saveur d'une vie d'hommes libres parce qu'inséparables, forts d'une singularité qui les dispose à survivre grâce à leurs qualités personnelles, sans jamais avoir à se justifier.
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