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4,07

sur 309 notes
Ce livre se lit d'une traite parce qu'il donne sans cesse envie d'avancer dans un monde déjà balisé (celui, disons en gros, du western) avec des personnages aussi attachants que surprenants, déjouant avec profondeur et humour le déjà vu. Barry, romancier irlandais, écrivant (semble-t-il) surtout sur son pays a la bonne idée d'exporter un héros de son Kerry natal vers l'Ouest nord-américain dans les années de la grande famine de 1846-51 qui fit un million de morts et poussa un autre million vers l'immigration dans des conditions misérables.
Le jeune Thomas, c'est son nom, ne trouve rien de mieux pour survivre de l'autre côté de l'océan que de s'engager dans la cavalerie, ce qui nous amène très vite à Fort Laramie et nous embarque dans la saga de la frontière entre 1850 et 1870 avec un détour qui n'est pas de tout repos par la Guerre de Sécession. Barry connaît l'histoire sur le bout des doigts et peut se permettre de raconter de nouveau ce que tout amateur de western littéraire ou cinématographique a déjà expérimenté parce qu'il met en scène des personnages qui sortent du commun. On sait que les héros de John Ford (Feeney) ou de McMurtry ont du sang irlandais dans les veines, mais on n'imagine pas qu'ils ont pu arriver en Amérique dans les cales de navires pourris dont le pont était cloué au-dessus de leurs têtes et où les survivants surnageaient au milieu des morts, pauvres et méprisés par les WASP, et pourtant engagés dans tous les mauvais coups, depuis le massacre des Indiens jusqu'aux milices sudistes qui pourchassaient les Noirs. Et puis, (du moins avant Annie Proulx : Brokeback Mountain), on n'envisageait pas que des gaillards de l'Ouest qui dorment sous la même tente fassent autre chose que de compter les moutons avant de s'endormir. Eh bien si ; Thomas et son grand amour John Cole forment un couple très uni. Quand ils ne sont pas en uniforme, ils se travestissent en femmes ; d'abord pour gagner trois sous dans un saloon. Ensuite, Thomas continue de s'habiller en robe quand il en a le loisir. le couple adopte d'ailleurs une jeune Indienne qu'ils chérissent et élèvent à la perfection au point d'en faire manger leur chapeau aux militants de la Manif pour tous. Étonnant non ? La vaste galerie de portraits qui anime le récit est à l'avenant : drôles, touchants et tout à fait imprévus sans que le style western soit tourné en dérision.
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Je n'imaginais pas qu'un livre sur le Far West m'emballerait tant. Magnifique bouquin qui nous mène de la famine en Irlande à la survie dans le nouveau monde. Une rencontre entre deux jeunes hommes unis dans la pauvreté qui finissent par faire un bout de chemin ensemble, bout de chemin qui devient toute une vie. Il sont amis, complices, compagnons d'armes, bravent toutes les misères de la guerre de sécession et finissent par élever une fille sioux qu'ils ont sauvée. Il s'aiment et, même si ce n'est pas un détail dans le livre, c'est comme écrit en filigrane, tout en pudeur. Pas de scènes de sexe, de longs dialogues intimes. On s'aime c'est tout.

L'écriture sonne vrai tant pour décrire la pureté des sentiments et la beauté des grands espaces que la puanteur de la misère et l'épouvante des champs de bataille et de la mort.

C'est un live sur le destin, les épreuves de la vie, l'injustice, le racisme, la stupidité de la guerre, la folie des hommes, l'amitié, l'amour, le courage, la loyauté, la tolérance, l'espoir...
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Dès le début le ton a quelque-chose de léger, alors que le roman traite de sujets graves : l'extermination des indiens, la misère et la famine qui ont poussé les irlandais à migrer vers l'Amérique dans des conditions abominables.
Mais plus on avance dans l'histoire plus cette façon de raconter évoque le fait que le narrateur a vu tellement d'horreurs depuis son enfance, qu'il les raconte simplement comme si c'était juste naturel... parce qu'il est né dans la misère, qu'il a connu la famine et a vu son père, sa mère, sa soeur en mourir, il est capable de raconter la misère du monde comme ça, juste comme ça... on dirait...
Mais en fait non ! C'est un roman rempli de violence, celle de la vie dans ce qu'elle peut avoir de plus douloureux .
Ce roman montre la folie des hommes, la cruauté de la vie, l'âpreté du monde.
Heureusement il y a l'amour, sous ses différentes formes. L'amour de toute une vie entre Thomas et John Cole, l'amour paternel et maternel qu'ils ressentent pour Winona la petite indienne, l'amitié indéfectible, le don de soi...
C'est déchirant, comme le sort qui a été réservé aux indiens !
Ça raconte la construction de l'Amérique, dans des rivières de sang.
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Est-ce que l'on peut dire d'un écrivain Irlandais qu'il a écrit un grand roman américain?
Cette question peut sembler étrange et pourtant en ouvrant « Des jours sans fin » vous allez plonger dans un western, dans un grand roman d'aventures, dans un récit sur les guerres indiennes et la guerre de sécession, dans un livre sur la construction des Etats-Unis.
Vous allez aussi découvrir une histoire d'amour intense entre deux hommes au coeur de l'horreur et le fait que l'amour est finalement la seule chose qui compte.

L'histoire est racontée par Thomas McNulty qui a quitté son Irlande natale lorsqu'il était adolescent pour échapper à la grande famine. A son arrivée, il rencontre un soir d'orage, sous une haie, le beau John Cole, légèrement plus âgé que lui mais aussi orphelin que lui. Ils ne se quitteront plus.
Leur vie sera une succession de coups durs, d'aventures, de guerres dans un pays qui peine à se construire mais ils puiseront une force incroyable dans leur amour l'un pour l'autre puis dans l'arrivée dans leur couple d'une enfant.

La langue est l'une des merveilles de ce roman. Avec Thomas McNulty, Sebastian Barry a créé une voix narrative singulière et inoubliable. Un mélange d'oralité et de phrases lyriques remplies de candeur et de métaphores, de grandes réflexions sur l'existence, la guerre, les liens affectifs, sur ce que nous voulons et ce que nous obtenons.
La prose de Sebastian Barry est magnifique. Il décrit brillamment le paysage américain du milieu du XIXe siècle, ce siècle si brutal.
La manière dont il raconte les batailles effroyables et la violence des hommes est tout aussi saisissante que sa façon de nous parler des répercussions sur les personnes.
Et puis il y a toutes les descriptions évocatrices de la nature. J'ai ressenti le froid mordant, la chaleur écrasante, j'étais dans les grandes plaines.

Difficile de rendre justice à ce roman avec ma petite critique, mais je vous le conseille de toute mes forces.
L'auteur combine les histoires de guerre avec l'histoire d'amour de Thomas et John. C'est la violence et la cruauté, face à l'amour et la loyauté. C'est la possibilité d'une humanité face à l'inhumain.
La voix de Thomas McNulty résonnera longtemps dans ma tête.

Traduit par Laëtitia Devaux
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1847, Thomas a à peine 15 ans quand il arrive aux Etats Unis, chassé par la misère de son Irlande natale. D'une misère, l'autre, celle d'un pays en construction qui n'a à offrir que guerres, misères, peur, famine, mais aussi quelques belles rencontres, de somptueux paysages et l'amour, celui d'une famille que Thomas se choisit.
Thomas et John, deux jeunes hommes qui dès leur première rencontre deviennent inséparables, des âmes soeur. Ensemble, il dansent dans un saloon déguisées en femme, puis deviennent soldats, dans le Grand Ouest tout d'abord puis dans l'Union pendant les 4 années que dure la guerre de Sécession.
Dès les premières pages, je suis tombée sous le charme de Thomas, de sa façon de nous raconter ses guerres, le respect qu'il ne manque pas d'éprouver pour ses adversaires, sa peur immense de perdre John. Thomas est tendre, drôle, sait qu'il faut tuer pour ne pas l'être et sait aussi apprécier simplement les moments où tout va bien, la féerie d'un ciel, d'une prairie.
La beauté du texte est saisissante parfois, on a envie de lire des passages à voix haute pour en savourer toute la justesse, on entend parler Thomas. Magnifique travail de traduction de Laetitia Devaux.
Je vous encourage vivement à vivre ce voyage dans cette Amérique du Nord en devenir.
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La vie épique d'un orphelin irlandais qui parcourt l'Amérique. Un roman qui aborde les questions existentielles...
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Sélectionné pour le Man Booker Prize for Fiction en 2005 avec son roman Un long long chemin lauréat du prix James Tait Black Prize for fiction et du Prix Costa en 2008 avec le Testament caché, Sebastian Barry est un auteur irlandais qui pèse de plus en plus lourd sur la scène des lettres internationales. le voila qui revient aux affaires avec Des jours sans fin publié chez Joëlle Losfeld. le bandeau placé sur le livre et présentant fièrement une phrase encensant l'ouvrage par Kazuo Ishiguro, Prix Nobel de littérature 2017, suffit à placer la barre des attentes assez haut. Qu'en est-il après lecture de ce livre ? Lettres it be vous dit tout !


# La bande-annonce


Chassé de son pays d'origine par la Grande Famine, Thomas McNulty, un jeune émigré irlandais, vient tenter sa chance en Amérique. Sa destinée se liera à celle de John Cole, l'ami et amour de sa vie.

Dans le récit de Thomas, la violence de l'Histoire se fait profondément ressentir dans le corps humain, livré à la faim, au froid et parfois à une peur abjecte. Tour à tour Thomas et John combattent les Indiens des grandes plaines de l'Ouest, se travestissent en femmes pour des spectacles, et s'engagent du côté de l'Union dans la guerre de Sécession.

Malgré la violence de ces fresques se dessine cependant le portrait d'une famille aussi étrange que touchante, composée de ce couple inséparable, de Winona leur fille adoptive sioux bien-aimée et du vieux poète noir McSweny comme grand-père. Sebastian Barry offre dans ce roman une réflexion sur ce qui vaut la peine d'être vécu dans une existence souvent âpre et quelquefois entrecoupée d'un bonheur qui donne l'impression que le jour sera sans fin..


# L'avis de Lettres it be


Le début de lecture était pourtant mitigé. La crainte sûrement d'une histoire façon Seules les femmes sont éternelles de Frédéric Lenormand où sont racontés les périples à travers la Grande Guerre d'un homme qui doit bientôt affronter le monde des femmes par le travestissement. Une lecture qui nous avait laissé un bien mauvais souvenir chez Lettres it be. Sebastian Barry nous embarque en effet dans les pas de Thomas McNulty, un jeune de 13 ans fuyant la famine irlandaise jusqu'au USA, au beau milieu du XIXème, où il rencontrera très vite l'amour sous le nom de John Cole. Tous deux vont d'abord danser en femme dans les cabarets avant de valser sur les champs de bataille, au rythme des balles et au côté des tuniques bleues de l'Union. La première centaine de pages séduit difficilement, on trime pour avancer dans l'histoire/l'Histoire. Mais c'est bien là ce que l'on nomme couramment « le calme avant la tempête » …



L'acte de revêtir un uniforme change la vie d'un homme, irrémédiablement. Ici, le passage à l'arme change le cours d'une lecture, d'un livre tout entier. On met progressivement le pied sur les champs de bataille avec Thomas et John et à l'aide d'une plume qui se durcit page après page, n'hésite bientôt plus à décrire la noirceur des âmes et des flaques de sang séché qui jonchent les champs de bataille. de la chaleur cotonneuse des cabarets où les deux compères se travestissaient en femme, on passe maintenant sur le terrain de jeu préféré de la Mort où tentent de courir le plus vite possible à leur perte respective Indiens, Union et Confédération. La guerre de Sécession fait rage et emporte avec elle, plein les bagages, autant de destins incertains.



Difficile de se remémorer une telle qualité dans l'écriture que celle que l'on retrouve dans Des jours sans fin de Sebastian Barry. La montée en rythme est parfaite, les sentiments et pensées qui traversent cette lecture n'ont que trop rarement été ainsi maîtrisés. Les personnages qui peuplent le roman, finalement peu nombreux, incarnent un monde et tant de réflexions sensées pour chacun d'eux. Et Winona, l'étincelle, l'espoir déchiré entre les Hommes …



Le coeur se serre durant ces passages où l'auteur dublinois franchit allègrement la frontière du bienséant. La merde, le sang, la crasse, le froid et la faim trouvent ici des lettres de noblesse. On ne croyait plus ça possible dans une littérature contemporaine qui, lorsqu'elle ne ressasse pas le passé, peine à évoquer la fange qui s'étale sous nos pieds. Alors quand cela est fait avec un tel brio, il ne reste plus qu'à s'incliner.



La suite de la chronique sur le blog de Lettres it be

Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Un roman magnifique. À vous dégoûter du rêve américain. Un mélange incompréhensible de violence, de sauvagerie, de racisme et d'amour.
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Un roman poignant et intime sur les violences de la guerre civile américaine, la guerre contre les indiens, les moeurs puritaines du XIXème siècle. La description de l'Amérique de la Frontière est loin des clichés et du mythe. le sang et les larmes qui ont coulé pour formé l'Union et vider de l'Ouest perlent tout au long du récit.
On est touché par la sensibilité du narrateur, un jeune irlandais recruté dans l'armée et qui, démobilisé, aime s'habiller de robes.
Le récit des relations entre les protagonistes, tout en délicatesse, manque cependant pour moi de profondeur. J'aurais aimé lire un peu plus sur les sentiments des deux héros envers la jeune indienne qu'ils recueillent, comprendre leurs motivations à s'engager dans une guerre sur laquelle ils n'ont aucun avis.
Un beau roman, mais qui laisse un peu sur sa faim
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Une histoire d'amour et de violence, inextricables tout au long de ce roman. La violence, ce sont les guerres, incessantes, qui défendent parfois ce qu'elles combattaient la veille, en particulier sur le plan racial. Et puis l'amour, hors norme dans ce contexte, puisqu'il est question d'homoparentalité. Un roman historique, ancré dans une période chaotique, mais aussi une belle leçon de tolérance.
Lien : https://appuyezsurlatouchele..
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