La lecture de ce second tome, malheureusement, confirme à la fois les qualités, mais également les travers de cette série. On retrouve le scénario complexe de cette campagne de Charlemagne en Espagne, à l'occasion de laquelle il affronte à la fois les Vascons et les « sarrasins », prenant part à l'opposition fratricide entre omeyaddes et abbassides, avec des acteurs locaux qui tentent d'en profiter pour tirer leur propre épingle du jeu. Les amateurs de la Chanson de Roland savent déjà comment tout cela va – mal – se terminer.
Mais, alors que la véritable histoire est déjà bien assez riche et complexe, pourquoi les auteurs de cette série ont-ils décidé de venir rajouter des éléments de leur cru, dont on peine à comprendre la raison. Nous avions déjà signalé, pour le tome 1, cette invention d'une femme missi dominici. Plus largement, c'est réellement la place des femmes dans cette histoire qui apparait éminemment discutable. En effet, les dessins créent un déséquilibre profond entre des hommes qui ont bien l'air médiévaux, et des femmes qui, généreusement gâtées par la nature, semblent passer 90% de leur temps nues, sous les tentes des guerriers. Bref, elles sont reléguées au rang de faire-valoir, uniquement destinées à satisfaire les désirs du roi, en priorité, et les fantasmes du dessinateur. Où, en effet, sont les femmes « normales », alors que l'on sait que les armées médiévales étaient largement suivies de colonnes de femmes, cantinières, lavandières, chargées également de dispenser les soins aux blessés et de s'occuper des bagages et, certes, pour un certain. nombre d'entre elles, d'assurer le « repos des guerriers ». Mais pourquoi ne sont-elles représentées ici que nues et sculpturales ?
Et puis – mais peut-être est-ce une erreur de ma part -, on nous dit que Waldo, abbé de Reichenau, est aux côtés de Charlemagne. Pourtant, autant on trouve des traces historiques de sa mission diplomatique à Constantinople en 802 – c'est à dire bien après les faits relatés ici, censés se dérouler en 778 -, autant nous n'avons trouvé aucune trace de sa participation à l'aventure hispanique. Pourquoi, alors, le citer alors que n'importe quel nom ou prénom aurait fait l'affaire ?
Bref, j'ai toujours ce sentiment, déjà connu lors de la lecture du premier tome, que ces ajouts fragilisent l'édifice plutôt que de le renforcer. Probablement s'agissait-il donc de notre dernière escapade en compagnie de Karolus Magnus…
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