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Citations sur La maison aux livres (36)

Ces dernières années, j’ai entendu libraires et autres vendeurs de livres déclarer à l’unisson que, dans notre pays comme à l’étranger, le nombre de leurs jeunes clients diminuait progressivement. Nous savons que les données statistiques donnent le résultat inverse. La population de lecteurs augmente, le nombre de livres publiés et vendus connaît une augmentation notable, l’environnement virtuel semble avoir élargi le champ de la lecture à jamais. Alors, pourquoi ces mots dans leur bouche?

À mon avis, le livre comme objet, la lecture comme fonction voient s’élargir la portée du rituel et ses limites. Tandis que leur relation se développe dans sa dimension pragmatique, celle qu’on peut considérer comme symbolique baisse d’un cran. Pour nous, de même que pour ceux qui nous ont précédés, les livres faisaient l’objet d’un engouement, nous ne les aimions pas seulement au seul motif qu’ils faisaient notre affaire, mais nous leur donnions, au-delà de leur dimension scripturale, un sens pour qu’ils remplissent leur fonction. La principale raison qui nous poussait à entrer dans une librairie d’occasion n’était pas simplement leur moindre coût car, en changeant de mains, chaque livre, loin de se réduire au texte qu’il contenait, gagnait en richesse. Nous attribuions secrètement au contenu du livre une forme d’expérience accumulée au fil de ses lectures antérieures.

Personne ne pourrait imaginer d’avance combien de livres ne seront jamais lus, ou resteront en sommeil dans les bibliothèques du monde. Ce n’est d’ailleurs un secret pour personne, de nombreux ouvrages restés sans lecteurs sont jetés, pilonnés et le moment venu recyclés. Cependant, cette évaluation n’est pas tout à fait juste. Alors que d’un côté de la balance on trouve des titres conçus selon des formules toutes faites pour répondre aux besoins d’un large public de consommateurs, de l’autre côté, on fait face à la profonde méfiance de lecteurs profonds, convaincus qu’il existe peut-être de nombreux livres promis au même destin que Les Chants de Maldoror. La fortune d’un livre est soumise à un cercle vicieux : seuls ceux qui ont consacré à la lecture une partie significative de leur vie sont capables de le comprendre et d’en saisir la portée.

N’ai-je pas affirmé que lire, c’était s’évader, se retirer en soi? Je suis sûr de l’avoir dit au moins une fois. Quand on lit, l’univers entier est tenu à l’écart. Lorsqu’on se plonge dans les pages d’un livre, les autres s’effacent avec leurs voix et leurs mots. On se projette sur une terre lumineuse, tempérée, à l’abri, et cela même lorsqu’on voit défiler sous ses yeux les caractères d’un texte sombre, dur et effrayant. Aussi sait-on, en éteignant la lumière et en posant la tête sur l’oreiller, que le monde réel qui nous entoure va laisser place à un monde plus réel encore. Celui qui n’a jamais lu de cette manière n’a pas encore vécu.

C’est pourquoi chaque lecteur aime avoir dans sa bibliothèque des livres qu’il n’a pas encore ouverts. Il se soucie des promesses qu’ils portent en eux. L’attente est un des moteurs les plus forts de la vie. Dommage qu’à côté de cela il reste une difficulté : si j’évaluais le nombre de livres que je pourrais lire, combien devrais-je laisser de côté? Lorsqu’il atteint un certain âge, le lecteur avisé apprend à renoncer. Nul ne boira jamais à la source qui étancherait toute soif.
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« L’amoureux des livres, lors de sa première rencontre avec une bibliothèque personnelle, procède à une sorte de contrôle d’identité à partir des livres qu’il trouve sur les étagères. Lors de sa deuxième ou troisième visite, il essaie d’affiner cet aperçu encore assez flou. Après cette étape, il sera temps de voir ce que la bibliothèque en question ne contient pas. »
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La seule façon de découvrir la personne qui avait choisi de se cacher derrière sa bibliothèque était de se servir de la bibliothèque elle-même.

( p.161)
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( **à propos des amoureux passionnés de livres)

S'ils se plaisent à rêver d'agir différemment les uns des autres, il est assez improbable qu'ils s'en rendent compte. Par exemple, même lorsqu'ils visitent un pays dont ils ignorent la langue ou dont ils ne savent pas lire l'alphabet, ils ne peuvent s'empêcher d'entrer dans les librairies ou de lécher longuement leurs vitrines. Lorsqu'ils se promènent la nuit, ils s'arrêtent devant une fenêtre éclairée pour observer une bibliothèque qui couvre un pan de mur, puis, dans un recoin de leur imagination, ils s'inventent l'histoire de celui qui vit là et dont ils n'ont même jamais vu le visage.

( p.35)
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De fait, j'étais devenu un bibliothécaire fantôme, si ce n'est un remplaçant. En y réfléchissant, j'ai pensé à l'un de ces portraits pleins de fruits et de légumes d'Arcimboldo, au bibliothécaire avec son entonnoir renversé sur la tête. Apparemment, aux yeux de ce peintre excentrique, le maître des livres était un fou parmi d'autres... (p. 136)
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 Il n’y a aucun moyen de réfréner la curiosité du véritable passionné de livres ou de retarder son envie de se plonger dans le petit univers qui s’ouvre devant lui. Cette passion ne connaît aucune règle, ne sait rien réguler. Dans le monde des livres, la seule règle qui compte est celle de l’écriture.
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L'homme qui cherchait un point d'appuis pour faire bouger le monde [Mallarmé] avait raison : des gens comme nous, convaincus dès leur plus jeune âge de la magie de l'écriture, avaient faits de leurs livres un véritable levier, de sorte que si nous en avions été privés, nous nous serions précipités dans un abîme sans fin, comme des astronautes perdus dans l'espace. ans livres, comment se passeraient nos journées, nos mois, nos voyages ? Ne serait-ce pas un peu perdre le contrôle, tomber malades, nous consumer ?
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C'est pourquoi chaque lecteur aime avoir dans sa bibliothèque des livres qu'il n'a pas encore ouverts. Il se soucie des promesses qu'ils portent en eux. L'attente est l'un des moteurs les plus forts de la vie.
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N'ai-je pas affirmé que lire, c'était s'évader, se retirer en soi ? Je suis sûr de l'avoir dit au moins une fois. Quand on lit, l'univers entier est tenu à l'écart. Lorsqu'on se plonge dans les pages d'un livre, les autres s'effacent avec leurs voix et leurs mots. On se projette sur une terre lumineuse, tempérée, à l'abri, et cela même lorsqu'on voir défiler sous ses yeux les caractères d'un texte sombre, dur et effrayant. Aussi sait-on, en éteignant la lumière et en posant la tête sur l'oreiller, que le monde réel qui nous entoure va laisser place à un monde plus réel encore. Celui qui n'a jamais lu de cette manière n'a pas encore vécu.
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Une nuit, je me suis dit : Ne serais-je pas plutôt fatigué de moi-même, de ma façon de vivre, de mes habitudes et de mon entourage ? Quand on a atteint un tel seuil, s'il fait nuit, qu'on est assis dehors, on fixe son regard sur un point perdu au-delà de la ligne d'horizon qui s'est déjà fondue dans les ténèbres, on songe un instant à fuir, comme si l'on disposait d'un refuge assez lointain pour ce faire, ou plutôt on suit les remous de son imagination comme l'aiguille affolée d'une boussole et on s'oriente vers quelque réécriture possible d'une Vita Nova. Soudain, comme un cheval qui, se sentant menacé par un obscur danger, on se lève d'un coup et l'on rentre à la maison, non pas de crainte de troubler l'ordre de son existence, mais parce qu'on n'arrive pas à trouver dans son esprit les repères d'un nouvel ordre.
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