Dans le monde réel, le son d’un tir de pistolet est beaucoup plus puissant que dans les films.
Certaines créatures rôdent à la lisière de votre champ de vision. Elles portent un visage humain mais il s’agit d’un masque, d’un déguisement. Cela peut être n’importe qui. Cette personne qui vous sourit, là-bas, depuis l’intérieur de sa camionnette blanche. La nounou qui garde sagement votre enfant pendant que vous êtes au travail. La gentille infirmière qui remplit votre seringue.
Pourquoi accomplir le Mal ? À quel moment en devient-on l’incarnation ?
Les scientifiques n’ont pas de véritable explication à ce sujet.
Il est exceptionnel de rencontrer le Mal.
Le Mal véritable. Absolu.
Pourtant il existe.
J’ai acquis une certitude : personne ne change. On n’échappe pas à celui ou celle que l’on est au plus profond de soi. Notre personnalité est semblable à une pierre, on peut tenter d’en atténuer les arêtes, la polir comme un galet, au bout du compte, elle conservera toujours la capacité de s’effriter, ou l’incroyable dureté qu’elle possédait au début.
On a alors découvert que la patiente gardait les os de sa mère morte dans son congélateur. Elle n’avait pas déclaré le décès, exprès, pour continuer de toucher sa retraite à sa place.
Ainsi vont les choses aujourd'hui. La société du spectacle a envahi nos vies. Nous sommes écrasés par le rouleau compresseur des informations et des drames à la télévision. Pourtant nous en réclamons toujours plus, jusqu'à fournir nos propres images en pâture aux médias...
Là, maintenant, je suis avachi sur mon siège, les paupières lourdes. Ma tête cogne contre la vitre au rythme des soubresauts du wagon qui parcourt le tunnel. À chacune de mes inspirations, je perçois le parfum caractéristique du métro parisien, mélange d’odeur humaine, de caoutchouc chaud et de produits chimiques. Certains trouvent cette odeur désagréable. Pas moi : je la trouve rassurante. Elle signifie que votre existence est sur des rails. Tranquille. [...]. On se lève, on bosse, on rentre, et on recommence. Comme ça pas besoin de réfléchir.
Alors la vie, ça n'est que ça en définitive ? La lumière vous éclaire, on s'avance sur la piste, un tour de danse, on virevolte, le temps de boire une coupe de champagne, la tête vous tourne un peu, et hop, c'est déjà fini ?
Contrairement au dicton, la nuit ne porte pas conseil, je peux vous le certifier. La nuit n'est qu'une longue suite de cauchemars et d'angoisses pendant lesquels votre esprit logique bat la campagne. Si vos malheurs sont suffisamment importants, vous resterez éveiller les yeux grands ouverts, tremblant de tous vos membres, assaillis par les sueurs froides et les terreurs nocturnes.
Quand la pression devient trop forte, j'imagine des paysages de montagnes sous la neige. Un traîneau tiré par des chiens. Je suis seul, le soleil rase les cimes, et mon souffle monte dans l'air froid en produisant des petites volutes de vapeur. Loin du stress et de la foule.