À l’ombre d’un marronnier
Un vaillant chêne en un été
avait pondu dix mille glands
qui glandouillaient gland gland gland
à qui naîtrait demain dans l’herbe…
Non loin de lui un marronnier
n’avait réussi qu’un marron
qui devint vite un avorton
cerné par deux cents menus chênes.
Mais l’an d’après quand vint l’été
le marronnier reprit vigueur
et déployant son plafonnier
vite étouffa sous sa touffeur
tous ces intrus mal aérés
afin de semer ses marrons
tonton tontaine et re tonton.
Le poisson-scie et sa cousine
Un poisson-scie s’encolorait
d’avoir perdu chez les sardines
une cousine qu’il aimait.
― Rendez-la-moi sales gamines,
leur criait-il d’un air mauvais,
ou je vous change en orphelines !
― foutriquet ! dit une bambine,
ne vois-tu pas que ta cousine
est avec nous dans un filet ?
L’énervé dut scier les rets
d’où s’échappèrent les sardines
mais lui resta dans le filet :
Il s’était trompé de cousine.
Araignées…
Araignée du matin : chagrin
pensait un bébé coccinelle
cherchant à libérer ses ailes.
Araignée du midi : souci
grognait un rat dans son chagrin
de voir un chat près de sa belle.
Araignée du soir : espoir
disait au briquet l'étincelle
mourant dans le vent du jardin.
Mais l'araignée dans sa nacelle
Prisonnière à vie de sa faim
rêvait qu'elle était hirondelle.
Une araignée malavisée
Une fleur au pistil prudent
qui se voulait incorruptible
ne s’ouvrait vraiment que la nuit
quand les abeilles sont au nid.
Lors, une araignée survenant
tira sur elle un toit de rêve
pour mieux capturer les abeilles
dont le vol serait étourdi.
Mais au matin, mal réveillée,
la fleur enferma l’araignée…