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4,09

sur 223 notes
Un livre complètement improbable, mais qui fonctionne très bien.
Il y a dans le Jour des corneilles quelque chose de Candide évidemment, tant la naïveté confondante du fils Courge (ce nom !) nous rappelle celle du héros De Voltaire. Mais ici le contexte est bien différent : le fond du fond d'une forêt ou le fils et son père vivent coupés du reste du monde. Et l'on ne parle pas ici d'un doux roman sur une vision idéalisée de la vie sauvage.

Le père Courge est sujet à des crises de schizophrénie d'une grande violence, maltraite un fils complètement sous son emprise. En clair (et en bref) c'est tragique. Mais c'est en même temps complètement burlesque : je pense pouvoir citer une dizaine de scènes de ce livre que je peux être certain de ne jamais retrouver dans mes lectures futures. Ce sens de l'humour que n'abandonne jamais l'auteur lui permet probablement d'aller beaucoup plus loin et c'est ce qui fait la force de ce roman.

Déjà deux paragraphes et je n'ai pas encore parlé de l'essentiel : le style. le père Courge et son fils parlent comme deux chevaliers du Moyen Age - je sais, c'est improbable - et cela fait énormément pour, d'une part, supporter la tragédie qu'est la vie du fils Courge et, d'autre part, pour renforcer le caractère burlesque.

"Peut-être, ton grand âge te bouche-t-il désormais l'esgourde par trop d'époques accumulées en sa machinerie. " Son rétorque fut prompt, et viril : " Ânetés, naïveries ! Mon esgourde traduit encore toutes choses bruiteuses sur terre ! "

Bref, si vous cherchez un ovni, vous l'avez trouvé.


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Dès le début, mes esgourdes ont été charmées par la voix du narrateur qui m'a embarquée dans son épopée au Québec (je précise qu'il ne s'agit pas d'un livre audio et que j'ai quand même entendu la voix du narrateur….ce qui est rare). le fils Courge, c'est son nom – il ne semble pas avoir de prénom, a le phrasé étrange de celui qui n'a pas été en contact avec les hommes dès sa plus tendre enfance. Un enfant presque sauvage, élevé par un père fou de douleur (sa femme est morte en mettant le fils au monde) et fou tout court (des voix lui parlent dans le « casque »).

Le fils s'interroge sur les hommes, sa mère, son père, l'amour, la nature. Il s'adresse à un juge, on comprend petit à petit pourquoi il s'adresse à cet homme. de sa tendre enfance, avec un père qui a des hallucinations et qui le maltraite, à sa découverte de l'amour vis à vis de la douce Manon, le fils nous brosse un portrait magnifique de la nature, des hommes et du langage.

Son vocabulaire est composé de mots à moitié inventés et d'images très justes d'animaux en toute sortes (loutres, cerfs, serpents, insectes….)
Une grande découverte qui m'a enchantée……

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Il y a des romans que l'on voudrait donner envie de lire sans rien en dire. Pour préserver la magie de la découverte.

Beauchemin avec son texte "Le jour des corneilles".

"Le jour des corneilles" est de ces pépites qui vous immergent dans un univers profondément original, tout en proposant une intrigue minimaliste, une galerie de personnages réduite grosso modo à deux individus, et un décor concentré sur un lieu quasiment unique.

C'est un récit à la texture particulière, propre à nous faire perdre nos repères, parce qu'ancré dans le monde particulier que ses héros ont bâti selon leurs propres critères, il est empreint d'une sorte d'intemporalité.

Le duo dont il est question, composé d'un père et de son fils, vit reclus dans la forêt, en totale autosuffisance, chassant et pêchant pour se nourrir, et utilisant avec ingéniosité, pour satisfaire tous leurs besoins, les ressources naturelles d'un environnement qui peut aussi, notamment lors des longs et rudes hivers, se montrer hostile.

Le lecteur découvre peu à peu les circonstances et les motifs de cet isolement par l'intermédiaire de la narration du fils, devenu adulte, qui se justifie face à un tribunal d'on ne sait quel crime en exposant des pans de son existence.

Une existence rude, presque primitive, rythmée par des scènes d'une intense violence, provoquées par la démence s'emparant parfois du père, un taiseux abrupt, pragmatique à l'extrême, et visiblement dénué de tout sentiment, hormis une peur irraisonnée de la mort.

Toute sa vie, son fils sera hanté par une obsession : déceler ne serait-ce qu'une once d'amour paternel chez celui qui lui fait subir les pires sévices.

Cela devrait déjà suffire à vous convaincre... et pourtant, je n'ai pas encore évoqué LA raison pour laquelle vous devez lire "Le jour des corneilles" : sa langue... unique, inventive, mélange d'argot et de langage soutenu, de termes surannés et d'expressions nées de l'imagination du narrateur, qui traduisent le bon sens et la lucidité instinctive de ceux que leur naïveté a préservé de la ruse, de la malveillance. Entre gouaille et poésie, elle instille au récit un rythme vif qui relègue au second plan les quelques redondances dont pâtit l'intrigue, tout en exhaussant le caractère poignant de cette histoire à la fois belle et tragique.

Je ne peux pas m'empêcher de vous en livrer ici un court extrait :

"Il me paraît que les astres opéraient sur sa langue quelque besogne secrète et prodigieuse. Car sous voûte noire, la glotte lui délaçait parfois fortement, lui d'ordinaire si pétri de silences. Il fut ainsi une autre fois où la parure des étoiles fit père plus parleur qu'en la tradition.
C'était en heure d'aube, nous nous ébranlions afin de courir le garenne. Il nous tardait, en effet, non seulement d'assurer le repas du soir, mais aussi de regarnir notre magasin d'accoutres. Car nos cache-esgourdes, excuse-train, mitaines, godillots-de-poil, tapisse-parties, escorte-blair et pousse-cuisses habituels menaçaient d'usure."

Alors, qu'attendez-vous ?...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Rude histoire que celle du fils Courge. Sa mère meurt en le mettant au monde, le laissant seul aux soins (sic) d'un père complètement dérangé, vivant dans une cabane au fond de la forêt. Dès le début, nous savons que le fils a déraillé lui aussi, puisqu'il entreprend de raconter sa vie à un tribunal qui doit le juger.

Le lecteur est transporté dans une époque indéterminée, qui pourrait ressembler au Moyen-Age par le langage, à moins que ce ne soit plus proche du patois québécois. Peu importe, c'est l'aspect le plus riche et inattendu du roman, tant l'invention est là et les mots tournés et retournés avec verve et gourmandise.

Le père a le don de décrypter les signes du ciel et des étoiles, mais il est aussi visité par "ses gens" qui viennent régulièrement le perturber, avec pour objectif en général de maltraiter son fils de mille et une manières. le fils, de son côté, cotoie les profanés aussi facilement que les vivants, s'étonnant que tout un chacun ne les voie pas aussi bien que lui. le père se tient à l'écart du village pour des raisons qui apparaîtront peu à peu au fils. Il n'y a pas de place pour la parole dans ce monde là, mais un court séjour au village lui montrera qu'il existe autre chose, il va découvrir qu'il a un nom par exemple, ce qu'il ignorait

Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Les Courge père et fils vivent dans une cabane au fin fond de la forêt, loin de la compagnie des hommes. le père impose à son fils mille et une brimades (et encore le mot est léger), toutes plus cruelles les unes que les autres. Voilà pour le résumé sommaire. Que dire de ce roman sinon qu'il est, pour reprendre des termes utilisés par une critique littéraire (en 4ème de couverture), "halluciné, un ovni littéraire". le style d'abord : écrit dans une espèce de vieux françois (on se croirait presque dans Les Visiteurs), avec des mots et des tournures de phrases étonnantes, déroutants au premier abord, mais on s'y fait aisément, et les 159 pages (à lire quand même avec attention, pour ne rien rater) passent très agréablement. Un exemple au hasard : "Décontenu, me dressant prestement, je le vis faire de même et prendre par la sente, vert d'allure et leste d'enjambée comme s'il n'avait jamais trépassé, offrant blair aux vents et recevant à distance l'odeur du putois" . L'histoire ensuite qui oscille entre horreur et grâce et qui aborde des questions existentielles comme le sens de la vie, l'amour, la mort, ... Bref, c'est un roman très très fort qui, je pense, reste à l'esprit "long de temps" après l'avoir lu !
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
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Fin mars je vous parlais  d'un roman qui a fait le tour de Bookstagram et conquis nombre de lecteurs, le roitelet de Jean-François Beauchemin, un auteur québécois. J'ai eu envie de découvrir un autre de ses romans et mon choix s'est porté sur le jour des corneilles que j'avais repéré et que @steph_croqueuse_de_livres_ m'a également recommandé.

Quel grand écart entre ces deux romans ! le jour des corneilles est un véritable OLNI (objet littéraire non identifié) par son style et l'histoire hallucinante qu'il raconte.
Le style d'abord, parlons-en ! Des mots inventés,  des néologismes à foison, des mots anciens (ou qui sonnent comme tels, genre vieux français rabelaisien !), des constructions de phrases très particulières, voilà qui pourrait rebuter le lecteur. Or curieusement la lecture est d'une fluidité déconcertante, cette langue très musicale remplie de trouvailles souvent poétiques, s'apprivoise en un rien de temps et tout se comprend sans effort.

Quant à l'histoire, elle est d'une violence incroyable et pourtant, pourtant ...c'est aussi une histoire d'amour fou d'un fils pour son père, qui jamais ne le lui rendra, ni même ne lui en cèdera la moindre miette.
Dès le début le narrateur, le fils donc, s'adresse à un juge. Il va dérouler son histoire, revenir à la source de la violence pour que celui-ci puisse comprendre ce qui s'est passé.

Je ne vous raconterai rien de plus. Sachez qu'il faut avoir le coeur bien accroché.  C'est un curieux mélange de noirceur et de poésie naïve réconfortante. C'est aussi une immersion brute en pleine nature, pas forcément hostile, plutôt indifférente... J'en suis sortie tout à la fois déconcertée,  conquise et admirative de l'habileté de l'auteur à manier une langue riche et inventive. Un de ces romans dont on se souvient longtemps pour sa singularité...
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C'est l'histoire du Père Courge et de son fils qui vivent une vie de sauvagerie d'une violence absolue. Je salue la performance stylistique, mais que n'ai-je remis mon labeur sur le tas de nombreuses fois ! En effet ce mélange de mots inventés, de vieux québécois m'a plus d'une fois désarçonnée.
J'ai pourtant souvent ri, car je n'ai pu m'empêcher d'avoir devant moi les images du film « Les visiteurs ». Allez savoir pourquoi ? le côté rabelaisien, très certainement.
Je pense que ce roman loue les vertus de l'éducation, l'importance de posséder du vocabulaire et de la parole. En effet, une meilleure communication aurait changé le rapport entre le père et le fils. Il est aussi beaucoup question d'amour. Un livre étrange, assurément inclassable, comme les « Saisons » de Maurice Pons que j'avais beaucoup aimé.
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Au commencement, je fus ébaubie par le style : le roman est écrit en « français médiéval », et j'ai eu l'impression de parcourir quelque livre de Rabelais. Puis rapidement l'histoire m'a fait penser à « L'enfant sauvage ». Voilà, je m'apprêtais à entrer dans l'univers d'un « enfant sauvage » s'exprimant cependant dans la langue de Rabelais.

Ce langage surprenant m'a plu heureusement d'emblée, car l'histoire m'accrochait moins.
Un couple vit dans une cahute isolée en pleine forêt, loin du village où vivent « les bourgeois ». La femme accouche d'un petit garçon et meurt en couches.
Le père perd un peu la raison (des « gens » visitent « son casque »), et se retrouve seul à seul pour élever son enfant. Elever est un bien grand mot, car le père ne cesse de houspiller, battre, punir son garçon. Les coups pleuvent notamment quand le père est « visité par les gens ». Certaines scènes de punition sont d'une réelle violence.
Le gamin dans tout cela tente d'esquiver autant qu'il le peut mais finit toujours roué de coups, sanguinolent et abandonné loin de la cabane. Ses moments de douceur ne tiennent qu'au souvenir de sa mère, et aux apparitions fantomatiques de celle-ci. Confronté en permanence à la brutalité sauvage de son père, la gamin se demande si ce père nourrit un peu d'amour pour lui, et cette question finit par l'obséder.

La fin du livre est d'une violence inouïe, c'est tout juste si l'on n'est pas pris d'un haut le coeur en lisant le texte. C'est tout simplement monstrueux. Et j'ai vite refermé le livre en espérant oublier ce que je venais de lire.

En conclusion : un livre qui sort du lot par son style intéressant, mais une histoire hélas cauchemardesque qui l'emporte sur le style et file la nausée. (et oups j'étais dans les transports en lisant la fin, parcourue de frissons d'horreur)
Lien : http://coquelicoquillages.bl..
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Dans une ombre épaisse une toute petite lumière tente de rejoindre la grande lumière "l'amour", celui de son géniteur, celui de ses semblables, celui de son élue. Sur ce rude chemin quelques fulgurances , la douceur d'une mère venant d'outre tombe, mettre un baume sur les douleurs, les mains d'une femme miracle de beauté et de bonté, la musique langage universel. Mais point d' amour, toujours celui-ci s'en va, mais où ? Celà devient obsédant, insupportable de ne pas le trouver....
Peut-on vivre sans amour.
L'Amour et la Mort, deux grands personnages de ce livre accompagnent le narrateur, dans une écriture surprenante et envoûtante, qui rend le récit universel dans le temps et la géographie.
Merci Françoise pour ce cadeau.

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L'auteur a-t il volontairement utilisé un langage "Rabelaisien" pour minimiser l'horreur des situations et des actes perpétrés par les protagonistes ; je me suis posé la question dès la fin de ma lecture.
Car bien sûre beaucoup d'expressions prêtes à sourire , mais le fond de l'histoire est terrible et cruelle.
Certes c'est bien écrit mais il est clair pour moi que ces 150 pages m'ont suffit amplement.
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