L'histoire de Robert Macaire, prenant une envergure que ne pouvaient soupçonner ses premiers auteurs, n'en finit pas de résonner dans notre imaginaire.
Elle a glissé, au cours du siècle, en étant passée par la caricature, des planches de la scène à la toile du septième art, du théâtre au cinéma.
Qui a pu oublier "
Les enfants du paradis" de
Marcel Carné.
Mais un vingtaine d'année auparavant, en 1925, un autre réalisateur,
Jean Epstein, mettant en pratique des théories qu'il avait exposées dans un curieux petit livre intitulé "Bonjour, cinéma", avait déjà réalisé une belle adaptation cinématographique du mythe de "Robert Macaire".
Avant cela, il avait adapté "
l'auberge rouge" d'après
Balzac, "la goutte de sang" d'après
Jules Mary et "la belle nivernaise" d'après Daudet.
C'est en 1823, que fut représenté, pour la première fois, sur la scène de l'Ambigu-Comique, "l'auberge des Adrets" un mélodrame où Robert Macaire apparaissait comme un vulgaire criminel échappé de la prison de Lyon.
Il assassinait et volait, pendant la nuit, après un repas de noce, un riche convive.
Arrêté, il accusait son complice qui le blessait d'un coup de pistolet.
Une histoire de fille séduite et d'enfant trouvé corsait le drame....
Le succès fut tel, qu'en 1834, Robert Macaire fit, sous la plume de Frédérik Lemaître et de
Benjamin Antier, un retour fracassant sur les planches.
Robert Macaire n'était plus un assassin banal, un homme odieux.
Il était devenu le flibustier moderne, le fripon adroit, parvenant par son bagout, son cynisme et sa ruse à tromper les naïfs, à bafouer la société.
Il faisait trembler et rire.
Il s'élevait aux plus hautes situations.
Il y avait dans son audace une désinvolture et une élégance qui lui ont valu toutes les indulgences !
Ce quatrième numéro de "La Petite Illustration Cinématographique", paru le 28 novembre 1925, est consacrée au film de la société "Albatros", "Robert Macaire" de
Jean Epstein.
Une petite vingtaine de photos d'époque, couleur sépia, un long résumé du film rédigé, en une dizaine de pages, par
Robert de Beauplan, en font tout le charme.
Ce numéro est une curiosité.
Il est exceptionnel car il est un trait d'union entre le théâtre et le cinéma.
Il se lit avec énormément de plaisir.
Et se contemple avec non moins d'appétit...