Voici une oeuvre qui éclaire, qui demeure intergénérationnelle et qui doit être lue.
De nombreux et importants faits sont rapportés par
S. de Beauvoir dans cet essai, si bien que je prévois de le relire dans quelques mois afin de pouvoir m'approprier le plus possible le discours qu'elle nous propose pour définir la condition de la femme à travers les âges, présenter les enjeux que son évolution représente au sein de la société mais aussi expliquer, décortiquer et analyser la cause et la conséquence des obstacles dont la femme a dû faire face au cours de son évolution.
Cette première lecture m'a permis d'identifier les éléments de compréhension suivants :
Dans l'Histoire, la femme de par ses choix et ses comportements a toujours été considérées comme désirant imiter l'homme. La femme comme objet de l'homme et Autre de l'espèce humaine.
* Dans sa phase primitive, l'appréhension de l'outil a permis à l'homme d'assouvir sa souveraineté, transformant sa vie en action, en progrès, en domptant la nature.
En comparaison, la femme de par sa fonction a eu le rôle de répéter la vie, se cantonnant à elle-même tandis que l'homme a eu l'opportunité d'avancer via ses actes en agissant sur le monde.
** le développement de la propriété privée a sonné l'avènement de l'homme, réduisant la femme à partie intégrante de ses biens, et sur lesquels les droits de l'homme prévalent. Les notions d'héritage apparaissent alors au bénéfice des hommes, la femme en est la victime.
*** La féodalité : la femme est placée sous la protection du suzerain via le mari. Elle transmet ses terres à son mari en l'épousant.
Napoléon énoncera d'ailleurs à ce sujet, ces propos édifiants : « le poirier et les poires appartiennent au propriétaire, tel que la femme et les enfants ».
Cependant, la condition de la femme se distingue tout de même entre familles riches et familles pauvres : pour ces dernières le bien matériel a moins d'importance et donc également la notion de propriété. Et la femme parvient de par le travail à être l'égal de l'homme.
Importance des mondes culturels et artistiques :
Dans le milieu bourgeois, les femmes commencent à s'instruire et occupe un rôle important dans le monde mondain.
Dans les strates inférieures, c'est de par l'art que les femmes parviennent peu à peu à s'émanciper mais elles ne sont encore que des cas particuliers (autrices et actrices) et les inégalités persistent.
De leurs côtés, les écrivains défenseurs et détracteurs s'affrontent de par leurs écrits au sujet de la condition féminine.
Socialisme et féminisme :
La révolution sonnant la fin du second empire a été organisée par la bourgeoisie et non le peuple. La place de la femme demeure alors au sein de la famille où les intérêts de l'homme sont partagés et protégés. La classe ouvrière, dans laquelle la femme parvient à s'émanciper le plus aisément, ne parvient pas à révolutionner à son tour le destin de la femme.
Mais plus tard, la révolution industrielle, au XIXème siècle, voit apparaître le soulèvement et le renforcement de la classe ouvrière sur l'échiquier politique, et également à travers la montée du socialisme. L'égalité entre les hommes et le refus de l'esclavage favorise et renforce le féminisme. Cependant, l'exception à la règle concernant l'union du socialisme au féminisme réside en Proudhon, fervent socialiste mais grand critique du féminisme, jugeant que le rôle de la femme se contraint aux tâches ménagères et au sein de la famille.
L'arrivée des machines supprime peu à peu la discrimination de la femme par sa force physique. L'essor de l'industrie en manque de main d'oeuvre favorise également son intégration mais dans des conditions d'hygiènes déplorables et à des salaires de misères.
En plus du salaire bas, la femme reste enfermée dans sa fonction de reproductrice, et évolue d'une fécondité libre à une fécondité dirigée par l'Etat.
Ceci jusqu'aux débats sur l'avortement. Sur ce point, la femme reprend le contrôle sur la nature et s'émancipe encore notamment grâce aux avancées technologiques concernant le contrôle de la fécondité.
L'avènement du socialisme et de l'égalité entre les Hommes ont favorisé le rapprochement entre les classes et donc entre les femmes de classes différentes qui jusque-là ne partageaient pas forcément tous les mêmes intérêts. La montée du féminisme s'intensifie alors jusqu'à la question sur l'éligibilité de la femme.
S. de Beauvoir explique que l'émancipation de la femme ne s'est réalisée qu'à travers les hommes et leur bon-vouloir. C'est parce que les hommes y ont vu un intérêt propre que les idées féministes ont pu tant se développer. de même, pour leur rôle joué dans l'Histoire : « ce n'est pas leur infériorité qui a déterminé leur insignifiance historique, c'est leur insignifiance historique qui les a vouées à l'infériorité » (p.227).
Les mythes autour de la femme :
La dernière partie de cette première partie évoque les mythes que l'homme entretient pour la femme. Les terribles croyances envers les menstruations et leurs effets néfastes sur les aliments, la fermentation du cidre ou même la réussite d'une mayonnaise !!
La défloration est soumise aux mêmes types de croyances.
La femme est occupée à jouer un rôle passif, un danger pour l'homme mais nécessaire à sa survie. Un objet de désir et de crainte, l'homme veut s'en protéger mais aussi la posséder.
Défloration : prendre sa fleur, le chevalier cueillant une fleur encore jamais respirée, une conquête d'une terre jamais explorée.
La conquête de la femme constitue un jeu pour l'homme, un jeu dangereux mais qui doit indéniablement se résumer par un dénouement victorieux.
La femme est TOUT pour l'homme : épouse, servante, juge, à travers laquelle il l'utilise pour se sublimer.
Le danger du mythe est également associé à la femme : divinité de la nature, de la santé, et religieuse… à la fois faste et néfaste et à travers desquelles les hommes se cachent et se satisfont en expliquant et justifiant leurs expériences vécues et leurs jugements par ces idoles figées, sur fond de notion de vérité absolue.