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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Toute l'histoire des femmes a été faite par les hommes", et la hiérarchie instaurée, perverse et tenace, qui veut que la femme soit inférieure à l'homme remonte aux temps primitifs. Époque où l'impact du représentant de l'espèce sur son environnement dépendait avant tout de sa force physique. Caractéristique qui avantageait le mâle, on l'aura bien compris. C'est la biologie qui l'a voulu. Cela ne nous dit pas qui a voulu la biologie, mais c'est un autre sujet.

Quelques milliers d'années plus tard, cet avantage n'en est plus un. Même les mâles n'usent plus de leur force physique dans leur rapport au monde. Monsieur Colt aura pu faire dire dans une publicité restée célèbre vantant sa machine de mort que son invention avait supprimé l'inégalité originelle fondée sur la force. D'autres machines plus pacifiques celles-là ont pris le relais, avec le même succès pour supprimer le recours à la force physique, mais il faut l'avouer, avec tout l'orgueil que l'homme peut tirer de son évolution, dans son rapport à l'espèce il est resté primitif. La position qu'il s'est octroyée sur le fondement de la force physique est restée à son avantage. Il y a encore du chemin à faire pour arriver à ce que Simone de Beauvoir n'avait pas encore appelé la parité.

En 1949, lorsqu'elle écrit le deuxième sexe, la femme vient tout juste d'obtenir le droit de vote en France. En porte drapeau de la pensée féministe Simone de Beauvoir cherche à répondre à la question concernant ses consoeurs : "pourquoi la femme est-elle l'Autre ? … comment en elle la nature a été reprise au cours de l'histoire; il s'agit de savoir ce que l'humanité a fait de la femelle humaine".

Il faut parfois savoir se mettre en danger. Il faut parfois savoir se mesurer à plus fort que soi. Pour le représentant mâle de l'espèce que je suis, se mettre en danger c'est oser entendre les arguments qui battent en brèche l'orgueil masculin. Se mesurer à plus fort que soi, c'est faire une pause dans la lecture facile, et affronter des esprits hauts et forts. Comme par exemple lire Simone de Beauvoir.

J'ai quand même pour moi d'avoir compris, à l'éclairage de son ouvrage, que je me sentais inconsciemment plus d'affinité avec un Stendhal qui "jamais ne se borne à décrire ses héroïnes en fonction de ses héros" plutôt qu'un Montherlant pour qui "la chair féminine est haïssable dès qu'une conscience l'habite. Ce qui convient à la femme, c'est d'être purement chair." Sans remonter jusqu'à ce cher Pythagore qui a fait nos délices dans les classes de mathématiques, dont j'ai découvert un autre de ses théorèmes, lequel s'énonce ainsi : "Il y a un principe bon qui a créé l'ordre, la lumière et l'homme et un principe mauvais qui a créé le chaos, les ténèbres et la femme." Celui-là n'est le résultat d'aucune démonstration. Il est le résultat de ce qui reste de primitif en nous. Difficile d'abandonner les avantages acquis. Difficile de rétrograder, même quand l'évidence s'impose.

Mais attention les machos de tous bords, dès lors que la force physique n'est plus une norme déterminante dans le rapport à la nature, celui qui a coutume de s'en prévaloir au regard du sexe dit faible pourrait bien se voir déclassé. Elles commencent à nous voler nos défauts, mais nous pas encore leur qualités, elles ont de l'audience au foot, elles fument bientôt plus que nous. Le troisième millénaire sera féminin ou ne sera pas.

Jusqu'à ce jour le mâle se vantait d'incarner la transcendance, cantonnant la femme à l'immanence, à puiser dans ses propres ressources pour exister et servir de nids douillet pour héberger l'embryon qu'il aura condescendu à lui confier le temps d'une gestation. Priant pour que ce soit un garçon. Oubliant avec sa virilité triomphante que s'il n'y avait plus de fille, la survie de l'espèce tournerait court. On avait appris que la prise au monde de la femme était moins étendue que celle de son congénère mâle, la voici plus étroitement asservie à l'espèce.

Quand la religion s'est mise en demeure de régner sur les consciences, le sort de la femme ne s'en est pas trouvé amélioré pour autant. Figurez-vous qu'il s'en est découvert un pour déclarer que si l'âme n'habite l'embryon qu'à partir du quarantième jour de sa conception pour un garçon, il faut attendre le double pour une fille. L'auteur de ce postulat a été sanctifié pour sa perspicacité. Convenez qu'avec cette finesse dans l'observation, la femme n'avait pas encore trouvé d'allier dans les prédicateurs en religion monothéiste. Quel que soit le prophète promu seul et unique dieu, ils ont tous eu grand soin de conserver à la femme le statut que sa masse musculaire lui avait fait attribuer.

Voilà un ouvrage qui parle de l'homme avec une minuscule. Non pas dans le sens où il ne représente que la moitié de l'espèce, excluant l'Autre, mais dans le sens où la minuscule convient fort bien pour rabaisser le prétentieux à ce qu'il est : un être de chair pétri de peur de se voir détrôné de la position qu'il s'est arrogée au fil des millénaires. Et si l'Autre, la femme donc, reste un mystère à ses yeux éblouis de lui-même, elle ne l'est pas plus du fait de son sexe mais bien du fait qu'elle est une autre personne. Chacun est un mystère pour l'autre.

Je ne cacherai pas qu'il est certaines des phrases de cet ouvrage que j'ai relues plusieurs fois avant de les croire apprivoisées par mon entendement. Non que je fasse le sourd à la pertinence de son argumentation, mais bien parce qu'elles sont d'une force conceptuelle qui a réveillé quelques uns de mes neurones assoupis. Le deuxième sexe est un essai philosophico sociologique qui est forcément plus fouillé et élaboré que ce que je pourrais en restituer. Il a encore toute sa valeur aujourd'hui, et quand ces dames utilisent les réseaux sociaux pour secouer le cocotier je ne suis pas sûr qu'elles fassent encore descendre sur terre toutes les noix récalcitrantes à entendre raison.

Pour ce qui me concerne, je ne voudrais pas non plus passer pour un ange. On n'a d'ailleurs toujours pas déterminé leur sexe. Je dirai simplement en toute sincérité que la seule chose qui me retiendrait à envisager une réincarnation en femme, ce sont les chaussures. Celles qui perchent le talon et élancent la jambe à faire fantasmer les hommes. Envisager la souffrance n'est pas notre fort à nous les mâles.
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« Tout ce qui a été écrit par les hommes sur les femmes doit être suspect, car ils sont à la fois juge et partie. » Poulain de la Barre

Alors lisons cet essai sur les femmes, écrit par une femme : Simone de Beauvoir…

Premier des deux tomes qui composent « Le deuxième Sexe », cet ouvrage est divisé en 3 parties : Destin, Histoire et Mythes.

La première partie est celle qui m'a le plus intéressée car elle cherche à répondre au Pourquoi. Simone de Beauvoir reprend et analyse les 3 approches généralement utilisées pour expliquer le statut et l'évolution de la femme par rapport à celle de l'homme : l'approche biologique, psychanalytique et enfin celle du matérialisme historique.

« Pour découvrir la femme, nous ne refuserons pas certaines contributions de la biologie, de la psychanalyse, du matérialisme historique : mais nous considérerons que le corps, la vie sexuelle, les techniques n'existent concrètement pour l'homme qu'en tant qu'il les saisit dans la perspective globale de son existence. » (P107)

« La perspective globale de son existence »… La nature de l'être humain n'est pas seulement de reproduire la vie, mais d'y donner du sens. Pour cela, il a besoin de développer sa prise sur le monde pour affirmer son existence et changer l'avenir.

Le chapitre sur le matérialisme historique explique justement à quel point le développement des outils va permettre à l'homme d'avancer en ce sens, d'accroître son pouvoir et de se valoriser auprès de ses semblables, mais aux dépens de sa compagne…
Car la femme n'a pas les mêmes possibilités, elle est contrainte, freinée biologiquement par son « asservissement à l'espèce » (maternités, menstrues…) qui affaiblit par ailleurs sa santé.. C'est ce que développe SdB dans son chapitre sur les données biologiques.

L'auteure m'a un peu perdue en revanche dans son chapitre sur Freud et sa psychanalyse. C'est que je ne l'ai pas lu ce bon monsieur ! Et toujours pas très tentée d'ailleurs, je dois l'avouer… Si j'ai bien compris son propos, elle estime trop réducteur le système proposé par Freud « qui fait reposer sur la seule sexualité le développement de la vie humaine. »

Dans la seconde partie intitulée Histoire, SdB reprend, depuis les tribus primitives jusqu'à la fin des années 40, le statut et l'évolution de la femme au sein des différentes sociétés. Elle liste les droits, ou plutôt devrais-je dire la privation de droits qu'a eu la femme depuis la haute antiquité. Qu'est-ce qu'on a pris dans la tête ! Je m'en doutais mais c'est toujours impressionnant quand on lit tant d'exemples et situations. Plaidoyer accablant, le statut de la femme s'avère étroitement lié à la propriété privée.
SdB mentionne aussi deux éléments essentiels pour que la femme accède à la même liberté que les hommes : les lois abstraites ET les pouvoirs concrets (moeurs). Elle n'a pu fournir aucun exemple d'une telle situation dans l'Histoire lorsqu'elle a publié son essai. Très intéressant en tout cas de voir les nuances entre la femme égyptienne, grecque et romaine, ainsi que la terrible influence religieuse durant tout le Moyen-âge et après.

Je dois avouer que la dernière partie sur les Mythes m'a un peu moins intéressée. Elle développe les différents mythes autour de la femme (Eternel Féminin, croyances autour des menstrues, vision de la Mère…), le mythe féminin à travers la littérature, en choisissant quelques auteurs présentant chacun une vision très différente de la femme idéale (Montherlant, Lawrence, Claudel, Breton et Stendhal) et enfin le mythe de la femme dans la vie quotidienne, s'il joue sur les moeurs et conduites individuelles.

La lecture de ce premier volume fut très instructive en ce qui me concerne, j'ai pris beaucoup de notes. C'est long et souvent complexe à lire, enfin pour moi en tout cas, par le vocabulaire employé et les concepts souvent abstraits évoqués (surtout dans la dernière partie). Mais c'est très riche, des argumentaires appuyés par de nombreuses citations et références, on imagine aisément la quantité colossale de travail effectuée par l'auteure pour aboutir à cet ouvrage.

Certains aspects peuvent paraître désuets aujourd'hui car il faut bien reconnaître que la place de la femme dans notre société a considérablement évolué depuis la publication de cet essai, mais cela demeure cependant une lecture incontournable par la quantité d'informations rassemblées, compulsées et analysées.

Ce que j'apprécie aussi, c'est que ce document ne cherche pas à faire un procès aux hommes, mais établit seulement les faits et le processus qui a amené progressivement à cette situation déséquilibrée entre les hommes et les femmes.

Il va de soi que je lirai le second volume, mais digérons un peu celui-là pour le moment…
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Bon, me voilà à devoir écrire un avis sur le Deuxième Sexe, essai aujourd'hui référence majeure de la philosophie féministe et écrit par Simone de Beauvoir...
J'avoue que je n'aime pas vraiment devoir rédiger des critiques sur ce genre d'oeuvres. (ramenez-moi dans ma zone de confort de romans jeunesse et pour adolescents, par pitié T-T) Je ne me sens pas à ma place, pas du tout, comme si j'étais encore la préado de treize ans qui venait de débarquer sur Babelio. (bon, aujourd'hui j'en ai seize... je me sens toujours autant comme une gamine aha, mais passons) Je sais bien que ce n'est pas une plateforme réservée à des critiques professionnel.les, mais n'empêche que j'ai toujours ce sentiment de ne pas me sentir légitime d'écrire un avis tout sauf argumenté sur des oeuvres classiques.
En soi, je pense que ce sentiment est normal, quelque part. (rires) C'est pour cela que parfois, j'essaie de ne pas trop me prendre au sérieux moi-même, parce que je sais que même si j'essayais de le faire sérieusement, mes avis n'auront pas vraiment de réelle constructivité.

Je pensais que le Deuxième Sexe faisait partie des lectures cursives proposées par ma prof de français dans le parcours sur la littérature d'idées, mais je me trompais. En fait, elle a mis dans sa liste un extrait (La Femme indépendante), mais pas l'ouvrage en entier. Or quand je me suis aperçue de cela, j'avais déjà commencé le Deuxième Sexe. Faisant partie de ces personnes qui vont toujours au bout de leurs lectures et qui détestent les abandonner en plein milieu, qu'importe soit la raison, il m'était impossible de faire marche arrière. Bon et puis de toute façon, cette oeuvre était dans ma PAL depuis un moment, je l'avais acheté de moi-même avant même d'être en Première, donc autant la lire maintenant.

J'ai donc poursuivi ma lecture. Cette dernière fut... compliquée, pour être honnête. Assez éprouvante. J'étais curieuse de découvrir cette oeuvre, mais je ne m'attendais pas à ça. (à quoi m'attendais-je ? à vrai dire je n'en sais trop rien xD) Maintenant que j'y repense, ce devait être un des premiers essais que je lisais dans ma vie, alors évidemment ce ne fut pas des plus faciles. Je ne vais pas le nier : oui, j'ai lu des passages en diagonale et oui, j'ai sauté des pages.

J'ai eu notamment du mal avec la partie Mythes. (dans le chap 2, à part quand Stendhal est mentionné, je n'avais pas les autres références… comprendre et m'intéresser à cette partie fut donc relativement compliqué) En comparaison, la partie Histoire m'a davantage intéressée.

M'enfin bref... Néanmoins, je ne regrette pas de m'être accrochée. C'est une oeuvre majeure de la philosophie féministe et je suis contente de l'avoir lu malgré mon manque de maturité évident d'adolescente de seize ans qui ne lit quasi que des romans jeunesse/YG :') Mais bon, je vais quand même un peu attendre quelques années avant de me risquer à découvrir le second tome !!
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Un des piliers du féminisme.

L'essai est divisé en trois parties : partant du constat que la femme est considérée comme inférieure, la première partie tente d'expliquer cette différence à travers trois points de vue : biologique, psychanalytique, et celui du matérialisme historique, mais en conteste les résultats.

La deuxième partie brosse le portrait des relations hommes/femmes en Europe à travers l'histoire : on part de la préhistoire, où la femme est associée à la fécondité, en passant par l'antiquité, la religion, et les temps plus modernes. On s'aperçoit que les "avancées" sont plus dûes à un pouvoir qui tente d'en contrecarrer un autre qu'à une réelle volonté d'égalité.

La troisième partie traite des mythes construits. Ne connaissant que très peu les oeuvres évoquées dans cette section, je l'ai survolée (décortiquer des textes qu'on a pas lu, ce n'est pas très passionnant).

Qu'en penser au final ? Je me suis senti parfois perdu face aux interprétations que l'auteur tirait des faits, soit par manque de bagage pour comprendre de quoi il était question, soit par l'impression de se retrouver face à des explications un peu tirées par les cheveux. Mais de toute manière, la grande compilation de faits et d'exemples est suffisante pour prendre conscience que cette construction masculin/féminin est très artificielle, et permet de se forger sa propre opinion.
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Cela faisait longtemps que je voulais lire un ouvrage de Simone de Beauvoir, en particulier le deuxième sexe. Mais je n'osais pas, par peur que ce soit trop compliqué à lire, trop intello. Et puis, j'ai de très mauvais souvenirs de la philo au lycée; donc ça n'aide pas. Cet ouvrage est forcément, un peu, intellectuel, ça reste un essai philosophique. Mais, j'ai été surprise par la facilité que j'ai eu à le lire.

Simone de Beauvoir étant considérée comme l'une des théoriciennes du féminisme en France, cet ouvrage parle de ce sujet, comme son titre l'indique. C'est un ouvrage sur la (les) femme(s), écrit par une femme, à l'attention des femmes, mais je dirais aussi des hommes.

Ce premier tome est composé de trois parties. La première est consacrée au destin, la seconde à l'histoire et la dernière aux mythes. Dans la partie "Destin", l'auteure revient sur trois points de vue sur la femme, le point de vue biologique, le psychanalytique et celui du matérialisme historique. Dans la sous-partie biologie, elle s'intéresse notamment à la place de la femelle dans les autres espèces animales. Dans la partie "Histoire", elle part de l'Antiquité jusqu'à 1949 (date de parution de l'essai). Elle y décrit la place ou plus souvent la non-place de la femme dans différentes sociétés. Elle y relate les progrès qui ont pu avoir lieu, mais aussi les régressions. Enfin, dans la partie "Mythes", elle revient sur quelques mythes liés aux femmes. Elle propose également une réflexion sur la place de la femme/des femmes, dans les oeuvres de certains écrivains.

J'ai apprécié cet ouvrage dans son ensemble, ma partie préférée étant celle sur l'histoire. Dans la partie Mythe, j'ai trouvé intéressant cette réflexion sur le regard des écrivains sur les femmes, dans leurs ouvrages. Par contre, la partie "Destin" m'a moins plu, notamment la sous-partie biologie. Certains passages de l'ouvrage m'ont paru longués, mais dans l'ensemble ça va, et comme je le disais précédemment, cet essai se lit assez facilement. Cette réflexion sur la place des femmes, le regard qu'on porte sur elles, nous montre qu'il y a eu des améliorations; certaines pensées de De Beauvoir sont même aujourd'hui dépassées. Mais, on se rend compte qu'un certain nombre de choses qu'elle décrit ou affirme sont encore d'actualité, même en France. Et c'est franchement malheureux. Donc on voit, en lisant cet essai, que nos sociétés n'ont pas assez évolué sur la vision et la place des femmes dans celles-ci. Des efforts sont encore à fournir. Et parfois, quand on voit ce qu'il se passe d'en d'autres pays, on se rend compte que nos acquis, nos droits, obtenus par nos aïeules, sont encore à défendre. Pour ma part, je pense que c'est un ouvrage à lire, tant par les femmes que par les hommes, même s'il n'est pas forcément à la portée de tous.
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Ce premier des deux tomes concernant la situation de la femme dans le monde qu'elle habite - et a habité - nous informe de façon assez exhaustive sur ce qu'est - et a été - historiquement la position de celle-ci. En débutant par cet élément fondateur qu'est la biologie - début qui est, heureusement, très bien détaillé - De Beauvoir nous relate ensuite ce qu'a été la vie de la femme historiquement, mais aussi mythologiquement, c'est-à-dire de quelle manière elle a, en tant que femme, traversé et marqué les consciences.

Ce livre est très bien fait. Il aborde la condition de la femme par ce qui la détermine en premier lieu, c'est-à-dire le fait biologique. On y apprend ainsi comment la femme, par la menstruation, la grossesse, est placée très rapidement (dès la puberté) face à l'immanence; tandis que l'homme, n'ayant pas à vivre d'événements aussi "traumatisants" physiquement parlant, se découvre plutôt comme aérien et transcendant. La femme se voit alors ramenée sans cesse à son immanence et finit par y rester coincée, par croire que sa vie ne consiste qu'en cela; tandis que l'homme ne ressentant pas le poids de ces chaînes, peut plus facilement se développer dans des sphères transcendantes et croire, à son tour, qu'il n'est pas, ou si peu, soumis aux aléas de la chair. Enchaînant ensuite avec les considérations historiques, De Beauvoir démontre bien comment cette inégalité physiologique, entres autres, a été utilisée âprement de façon à asservir et à soumettre la femme à travers les âges et les époques. Ainsi les hommes, plus souvent qu'autrement, en cherchant à affirmer leur volonté de puissance, n'ont pas eu de mal à écraser les femmes et à les reléguer à des rôles et à des positions de subalternes, voire même, dans certains contextes, d'esclaves. de même, la femme s'est vue déterminée comme altérité, elle s'est vue attribuée le statut de l'Autre, c'est-à-dire d'une conscience différente, séparée mais tout de même bien présente et pouvant entrer en conflit avec le sujet qui la rencontre. La conscience de l'homme, cherchant à devenir souveraine, travaillait ainsi à réduire cette Autre, à la dominer pour pouvoir régner. Elle était aussi la cible idéale sur qui l'on pouvait projeter tout ce que l'on arrivait pas à accepter chez soi, à savoir la peur, le dégoût, l'incertitude, la sentimentalité, etc. C'est de cette façon que toutes sortes de mythes ont existé - et existent encore - au sujet des femmes; on les voit, tour à tour: sorcières, enchanteresses, pécheresses, beautés, anges, nymphes, créations célestes, etc. malheureusement, ces mythes se placent en travers du chemin menant à l'épanouissement des femmes, mais aussi des hommes qui les côtoient et les côtoieront toujours.

Cette lecture a été très bénéfique pour moi, Elle m'a permis de prendre compte de cette réalité qu'est celle de la femme et de son être au monde. L'ouvrage comportant 400 pages, De Beauvoir prend bien la peine d'expliquer et de détailler à coups d'exemples et de faits historiques sa position. Nous pourrions lui reprocher, et cela ne serait pas inexact, une certaine tendance à tracer au crayon noir des éléments de la vie biologique ou historique ne laissant pas beaucoup de place pour la nuance, et pourtant l'exercice s'avère nécessaire pour qui cherche à faire un peu plus de lumière sur la question et, au final, pas si loin de la réalité puisque appuyé par des recherches et une réflexion sérieuse. En terminant, je dirais que ce livre est un livre essentiel pour toutes personnes s'intéressant au féminisme.
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Cela fait quelques années que ce livre, ces livres – il y a deux volumes – captent mon regard dans la bibliothèque maternelle. Il faut dire : je suis affublée d'une sorte de toc ; je ne peux me trouver devant une bibliothèque sans me trouver en arrêt à observer tous les livres, voire lire les titres et les auteurs, détailler les couvertures. Y compris devant mes propres bibliothèques. de sorte que l'achat d'un livre s'amortit par son temps de lecture, son aspect décoratif et aussi le temps qui sera passé à le scruter. Bon, ce n'est pas le sujet ici.

Donc dans ma période « il est temps de m'attaquer aux classiques qui manquent à ma culture », je me décide enfin et j'emprunte les dits volumes.
Le premier tome du deuxième sexe donc. Cinq cents pages d'une vieille édition poche (donc écrit petit avec des marges réduites). Non pas que je m'arrête à la forme, mais là, cette forme dit quelque chose du fond : c'est dense. Voire long, parfois.

Alors je vais faire très court. D'abord parce qu'il serait impossible, pour moi, de vous résumer l'ouvrage. Ensuite parce qu'il vous faut garder votre temps de lecture pour lire le livre, justement. Je n'oserais pas le qualifier d'indispensable, mais comment compenser sa lecture ? Car il apporte des données essentielles à la compréhension de la place de la femme dans la société. Et pourtant il date ; et ses représentations sont datées aussi. La vision de la femme a évolué, indéniablement. Mais il est justement parfois très utile de « replacer les choses dans leur contexte » (des guillemets parce que c'est quelque chose que disait souvent ma mère – elle est toujours en vie, juste, elle ne le dit plus). Oui car il est difficile de comprendre pourquoi les femmes étaient si dociles à se soumettre à l'autorité patriarcale si on ne sait pas, ou si on a perdu de vue, qu'elles n'avaient pas le droit de vote, pas le droit de travailler sans l'accord de leur mari ou pas le droit d'ouvrir un compte bancaire par exemples.

Donc vous avez là une longue réflexion, argumentée et ponctuée d'exemples, sur les causes, biologiques, culturelles, sociétales, du rang de la femme, après l'homme.
Besoin de ne pas rester inculte voire ignare sur des personnes qui ont marqué par leur pensée la société française, c'était pour moi une lecture certes un peu fastidieuse mais qui m'a comblée d'une vision éclairante.

Au suivant !

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Une lecture passionnante. C'est vraiment très intéressant mais parfois assez difficile à assimiler. C'est très dense, très recherché et approndi, il faut parfois s'accrocher ! J'ose à peine imaginer le scandale qu'à du provoquer cet énorme pavé dans la mare patriarcale de 1949 ! Une oeuvre qu'il faut avoir lu et qui je pense doit être relu pour en mesurer chaque élement
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Une lecture enrichissante pleine de références historiques et culturelles qui nous permet de mieux comprendre l'évolution de la place des femmes dans nos sociétés. Mais aussi les freins et les oppositions à son émancipation.
A lire et relire pour ne pas oublier que les acquis sont des conquêtes et que rien n'est immuable.
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Depuis le temps que je lis sur les droits des femmes, il devenait indispensable que j'ajoute à ma bibliographie LA référence à l'émancipation féminine régulièrement citée dans mes lectures !
Ce qui m'a le plus marquée, c'est la masse de connaissances hétéroclites De Beauvoir. S'évertuant à définir "qu'est-ce qu'une femme ?" et analysant les origines de l'inégalité avec l'homme, elle décortique avec force détails les domaines de la biologie et de la psychanalyse freudienne aussi bien que les contextes historique et socio-économique à travers les époques, les cultures et les pays, s'appuyant sur des références précises et exhaustives. C'est presque trop, parce qu'elle rentre dans des exposés si développés que l'on décroche parfois. D'un autre côté, elle fonde son raisonnement sur des données solides qui le rendent incontestable, et puis les femmes des années 1940 n'avaient certainement pas le même niveau d'instruction que nous aujourd'hui.

Simone de Beauvoir insiste sur le fait que la condition de la femme a toujours été injustement tributaire de son corps, et plus précisément du caractère subi de la grossesse qui l'asservit et la rend inapte à certaines activités la majeure partie du temps tandis que le travail domestique l'empêche "de prendre part dans une grande mesure sociale à la production". Or cette émancipation dépend pleinement de la perception qu'en a la société dans laquelle elle évolue. La femme a trop souvent été réduite à une "femelle". Si l'on s'attache à comprendre "comment la hiérarchie des sexes s'est établie", on se rend vite compte que "l'idéologie chrétienne n'a pas peu contribué à l'oppression de la femme" et surtout qu'elle a été relayée au fil des siècles. Au Moyen Age, "l'amour courtois était une compensation à la barbarie des moeurs officielles". Si dans les familles paysannes les époux sont égaux... dans la pauvreté, dans les milieux mondains "la situation des Françaises a été un peu plus favorables". L'auteur évoque notamment toutes les femmes de lettres et artistes ayant, à leur manière, participé à l'évolution des mentalités. Mais en réalité, "c'est par le travail que la femme a conquis sa dignité d'être humain" même si "ce fut une conquête singulièrement dure et lente". Là encore les références foisonnent et Beauvoir impressionne par l'étendue de sa culture.

J'ai trouvé la seconde partie, consacrée aux mythes, moins intéressante parce qu'elle répète beaucoup les constatations de la première. Une fois encore, on imagine très bien que le style, très cru (phallus, coït...), devait choquer à l'époque ! Beauvoir y liste toutes les symboliques, positives comme négatives (que de superstitions!), que l'homme projette sur la femme en puisant essentiellement dans la littérature. Elle détaille notamment la vision de la femme qui se dégage de l'oeuvre de cinq écrivains : Montherland, D.H. Lawrence, Claudel, Breton et Stendhal, ce qui n'a d'intérêt selon moi que si l'on connaît ces textes. La femme "tour à tour se déguise en mégère, en nymphe, en étoile du matin" mais ces analyses conduisent toujours aux mêmes conclusions : "En définissant la femme, chaque écrivain définit son éthique générale et l'idée singulière qu'il se fait de lui-même". Autrement dit, l'homme revient toujours à sa petite personne ! Pas vraiment de conclusion à la fin de l'ouvrage qui se poursuit dans un deuxième tome mais "ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui il est très difficile aux femmes d'assumer à la fois leur condition d'individu autonome et leur destin féminin"... La résolution entre aperçue en filigrane dans ce long essai résiderait bien évidemment dans la complémentarité des deux sexes (plutôt que dans la hiérarchie ou l'opposition), la femme cherchant tout simplement à être "avec l'homme". Cependant "ce qu'il faut espérer, c'est que de leur côté les hommes assument sans réserve la situation qui est en train de se créer ; alors seulement la femme pourra vivre sans déchirement".
Lien : https://www.takalirsa.fr/le-..
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