AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,09

sur 491 notes
5
9 avis
4
7 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« À présent, je sais tout sur le vagin de votre patronne » aura écrit François Mauriac à la revue des Temps modernes après avoir lu le Deuxième sexe. Si l'expression est moqueuse, il y a un tout de même un fond de vérité. Car lorsque Simone de Beauvoir se propose de comprendre la situation de la femme pour en expliquer sa condition, elle vise l'exhaustivité. En effet, après un premier tome présentant la femme d'aujourd'hui (deuxième moitié du XXème) sous sa condition biologique, historique, et psychologique, la philosophe poursuit son analyse afin de voir dans quelles mesures ladite condition peut changer.

De Beauvoir pousse ainsi l'analyse et l'interprétation encore plus loin dans ce deuxième tome. Elle n'en reste pas moins tout aussi exhaustive, multipliant les références artistiques et les témoignages. D'un style très accessible, Castor – comme l'appelait Sartre – justifie chaque observation. Maintes fois le lecteur semble découvrir une évidence qui lui avait jusqu'alors échappé. La philosophe réussit à capter l'attention tout au long de son ouvrage : de la remise en question du complexe d'Oedipe jusqu'aux études des femmes les plus névrosées. le seul regret, c'est qu'en tant que lecteur du XXIème siècle, on aurait aimé une actualisation de l'ouvrage. La naissance d'internet et le rapport des femmes à ce média auraient sûrement constitué un chapitre supplémentaire conséquent.

Ceci étant dit, De Beauvoir répond bel et bien à la problématique. Et si les femmes sont passées au crible sous la plume, les hommes ne sont pas en reste. Si bien que la critique touche aussi bien le premier que le deuxième sexe. Simone de Beauvoir n'est d'ailleurs pas tendre avec l'espèce humaine en général et un certain cynisme se dégage par moment : « ce que l'homme et la femme haïssent l'un chez l'autre, c'est l'échec éclatant de sa propre mauvaise foi et de sa propre lâcheté » affirme-t-elle d'ailleurs dans sa conclusion…

Pour autant, cynique ne veut pas dire fataliste. C'est alors que le courant existentialiste se fait sentir. A l'instar de Sartre, De Beauvoir ne croit pas au destin et considère que nous avons tous en nous la possibilité de décider de notre avenir. Seulement, lorsque Beauvoir présente les solutions dans sa conclusion, si l'utopie semble bel et bien possible, on peut y déceler un léger paradoxe amenant à un certain fatalisme. En effet De Beauvoir propose entre autre d'éduquer les enfants pareillement, sans distinction de sexe et de ne pas les abandonner aux parents mais de les faire éduquer par la communauté. L'idée est estimable, mais cela ne signifie-t-il pas que nous, adultes lecteurs, sommes déjà déterminés par notre éducation qui ne fut pas celle décrite ci-dessus ? Dès lors, comment infléchir le cours de notre destin, de notre situation d'homme ou de femme si nous avons été, notre enfance durant, influencés malgré nous ? Simone de Beauvoir semble proposer une solution pour les générations à venir, mais notre présent inégalitaire semble quelque peu perdu. Nous sommes dans une période évolutive, nous ne connaîtrons ainsi pas le fruit de nos actions. C'est en cela que la conclusion semble quelque peu fataliste, ce qui est paradoxal pour une existentialiste…
Commenter  J’apprécie          60
Aprés avoir fait un ètat des lieux de la condition féminine , mme De Beauvoir s'attaque ici a l'éducation qui était celle des femmes à cette époque . Comme le premier tome , cet opus est trés incisif , percutant , utile à une socièté qui encore de nos jours considére la femme comme une potiche . Indispensable.
Commenter  J’apprécie          60
Un classique à redécouvrir. Toujours d'actualité...
Commenter  J’apprécie          60
Ce volume deux reste à lire même s'il peut nous sembler parfois tiède et dépassé sur certains sujets.
Commenter  J’apprécie          30
A ma grande surprise, c'est le tome 2 qui commence par le fameux "On ne naît pas femme, on le devient".

Ce tome aborde "l'expérience vécue", c'est-à-dire toutes les incarnations, les avatars de la féminité, et le procès qui commence par l'éducation, puisqu'il s'agit de l'enfance, dans un premier temps.

J'ai d'abord eu l'impression, justifiée, d'avoir déjà lu tout cela : entre les extraits connus, la compilation de tout ce qui se dit depuis Freud jusqu'aux féministes contemporaines en passant par Lacan, l'intériorisation des stéréotypes au cours de l'éducation n'a rien de bien original pour une lectrice d'aujourd'hui. le sous-titre est immédiatement justifié par les témoignages abondants qui émaillent l'argumentation De Beauvoir.

J'imaginais un essai de portée universelle (universaliste ?) mais en réalité, il ne vaut que pour les sociétés patriarcales même si, d'une manière ou d'une autre, les cultures mondiales sont presque toutes patriarcales (l'hyperpouvoir supposé des femmes dans la sphère familiale n'étant pas un matriarcat mais un aménagement du système patriarcal même). Les pudibonderies autour de la sexualité, les simagrées de la souillure - ces fardeaux physiques, moraux, mentaux supplémentaires - autour des menstruations semblent en revanche terriblement judéo-chrétiennes. de plus, malgré la rigueur d'aller investiguer dans toutes les classes, et donc dénoncer à juste titre la double journée de travail des femmes, l'exploration du chapitre de la femme en couple, mariée, décrit beaucoup plus souvent le désarroi d'une femme bourgeoise. C'est notamment dans l'exercice risqué de la synthèse sur le "caractère de la femme" que cela se voit.

A lire dans un XXIème siècle où l'on distingue sexe et genre, et où chacun revendique une expérience privée avec l'un et l'autre, poussant à des alliances de circonstance mais pas à une appartenance aussi large que le sexe, les deux premiers chapitres, leur présent de vérité général et le générique au singulier (la petite fille, la jeune fille) peuvent paraître trop généralisateurs. Mais à pousser dans ses retranchements ce qu'elle affirme, j'avoue qu'en cherchant des équivalents à cela, on les trouve et que les objections que je voudrais faire seraient trop pointues.

Si, je suppose, les deux premiers chapitres ont fait un tel florès que j'ai eu du mal à trouver originaux des constats qui l'étaient sans doute en 1949, j'ai été stupéfaite de lire une hypothèse incroyablement plausible à l'usure de l'éros dans le couple invétéré et que je n'ai lue nulle part ailleurs. Je voudrais pouvoir dire que sa lucidité sur le chapitre de l'amour (partie intitulée "Justifications"... comment certaines femmes tentent de se créer une transcendance à travers la prison immanente de leur vie) est caricaturale, hélas, je ne le peux pas, c'est horriblement bien vu. L'étude du vieillissement ("maturité et vieillissement") est original et intéressant. Je m'incline.

Mais Simone de Beauvoir ne remet pas en question certaines assertions de son temps, qui ont été déconstruites depuis, avec par exemple la dénonciation du fait que les femmes sont plus mal soignées que les hommes parce qu'elles sont peu écoutées, se plaignent moins (alors même qu'elles consomment plus de médecine), et que les normes médicales sont masculines. Voilà ce que Beauvoir reprend à son compte : "Parce que son corps est suspect [à la jeune fille], qu'elle l'épie avec l'inquiétude, il lui paraît malade : il est malade. On a vu qu'en effet ce corps est fragile et il y a des désordres proprement organiques qui s'y produisent ; mais les gynécologues s'accordent à dire que les neuf dixièmes de leurs clientes sont des malades imaginaires (...)". Heureusement, on en est revenu, mais le temps a été long et que de vies perdues !...

Du chemin a été fait, on le mesure souvent, depuis 1949, et même 1976, mais je me rends compte aussi que toutes les femmes n'ont pas suivi la voie de l'émancipation du même pas : certaines l'ont construite, d'autres suivie, mais un nombre non négligeable la négligent, comme un élément du paysage qu'on voit mais qu'on renonce à fréquenter ; elles rencontrent des hommes (et des femmes) qui les en confortent ou non, et les vieux schémas patriarcaux se perpétuent, s'ancrent dans un habitus névrotique attendu, ou la cacophonie continue. Que des hommes se libèrent également des assignations patriarcales, et le choeur de ricanements s'élève, son écho dure, comme celui contre le "mari déconstruit" de Sandrine Rousseau. Subir dans une sortie sportive les saillies antiféministes d'une célibataire qui veut signaler à celui qui l'intéresse un prétendu avantage qu'il aurait avec elle... Navrante, cette lenteur. A-t-on assez lu cet essai ?

Très agréable à lire, malgré les polices de caractères minuscules des témoignages, on entre facilement dans son écriture, y compris dans les passages plus riches en figures de style, dont Beauvoir n'abuse pas.
Commenter  J’apprécie          20
Une lecture toujours aussi exigeante. Il était nécessaire que mon niveau de concentration soit au maximum. Des parties et des paragraphes que j'ai lus plusieurs fois pour en saisir le sens. M'informer sur des faits, découvrir nouvelles références littéraires, historiques, scientifiques et philosophiques. Toujours aussi intéressant, passionnant et bien sûr tellement instructif !

J'ai trouvé ce deuxième livre beaucoup plus psychologique. Ce sont différents destins, des périodes et des portraits que Simone de Beauvoir a étudiée. La 𝙁𝙤𝙧𝙢𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣; l'enseignement naturel injuste et injustifié ancré dans les moeurs. La 𝙎𝙞𝙩𝙪𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣; relative à la société, à l'accomplissent de l'être. Ainsi que la 𝙅𝙪𝙨𝙩𝙞𝙛𝙞𝙘𝙖𝙩𝙞𝙤𝙣; entraînant le résultat. de nombreux exemples (extraits de livres : romans, des cas psychanalytiques) viennent souvent illustrer les propos de l'auteure pour permettre au lecteur une certaine facilité d'approche concernant les arguments donnés. Et dans un essai difficile comme celui-ci, c'est vraiment très appréciable.

On réfléchit, on s'étonne du passé et des jours inégaux à venir. 𝙋𝙤𝙪𝙧𝙦𝙪𝙤𝙞 𝙡𝙖 𝙛𝙚𝙢𝙢𝙚 𝙚𝙨𝙩 « 𝘼𝙪𝙩𝙧𝙚 » ? La fatalité faisant son retour malgré de nombreuses avancées. Ce second tome, essaie encore une fois de répondre à cette interrogation majeure et existentielle.
Lien : https://www.instagram.com/so..
Commenter  J’apprécie          20
La lecture du « deuxième sexe » devrait être rendue obligatoire avant le mariage ! Certes les choses ont évolué depuis 1946, mais le mécanisme qui conduit à inférioriser la femme reste puissant dans la société, et analyser et comprendre son origine est un bon moyen de prévention pour lutter contre des préjugés tenaces, maintenir une relation équilibrée dans un couple y compris après la naissance des enfants. Car il est impressionnant de voir à quel point Simone de Beauvoir qui n'a jamais eu d'enfant est capable de donner des clefs indispensables aux futurs parents.
Il est d'ailleurs éclairant de constater que le raisonnement de Simone de Beauvoir sur l'origine de la misogynie s'applique très bien au racisme et que son livre reste un manifeste contre toutes les discriminations.
Si des passages très philosophiques me sont restés un peu obscur, les nombreuses citations littéraires et leurs analyses sont très éclairantes. Et le passage sur l'avortement était très en avance sur son temps.
Une lecture passionnante qui reste d'une surprenante modernité au regard des débats actuels sur le genre, une lecture indispensable à la formation de la jeunesse d'aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          10
Au cours de ce Tome 2, également tres enrichissant, Simone de Beauvoir évoque la formation de la femme depuis son enfance jusqu'à sa vieillesse et les combats intérieurs et avec la société ainsi menés.
Je savais que cet ouvrage était plébiscité pas de nombreuses femmes, et je sais maintenant pourquoi. Cet essai expose de manière limpide ce à quoi est encore confronté la petite fille, l adolescente, la femme. de nombreux passages m'ont fait écho, aujourd'hui en 2019 ! Il y a encore du progrès à faire, et je sais que ce changement ne peut se faire qu'en partant de soi. Il faut y aller, il faut oser! Formidable ouvrage.
Commenter  J’apprécie          00
Un classique incontournable
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (2464) Voir plus



Quiz Voir plus

Simone de Beauvoir

Comme beaucoup de femmes des années 40, Simone de Beauvoir a adopté un accessoire (ou une coiffure) qu'on lui a vu sa vie entière. Lequel ?

Un chapeau à voilette
Un turban
Un canotier

10 questions
235 lecteurs ont répondu
Thème : Simone de BeauvoirCréer un quiz sur ce livre

{* *}