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Citations sur Mémoires d'une jeune fille rangée (410)

Les livres me rassuraient ; ils parlaient et ne dissimulaient rien [...].
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Je me promis lorsque je serai grande de ne pas oublier qu'on est à 5 ans un individu complet c'est ce que niaient les adultes lorsqu'ils me marquaient de la condescendance et ils m'offensaient.
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Le fait est que je n’avais pas encore mis la main sur rien. Amour, action, œuvre littéraire : je me bornais à secouer des concepts dans ma tête ; je contestais abstraitement d’abstraites possibilités et j’en concluais à la navrante insignifiance de la réalité.
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Demain j'allais trahir ma classe et déjà je reniais mon sexe; cela non plus, mon père ne s'y résignait pas: il avait le culte de la jeune fille, la vraie. Ma cousine Jeanne incarnait cet idéal: elle croyait encore que les enfants naissaient dans les choux.

Mon père avait tenté de préserver mon ignorance; il disait autrefois que lorsque j'aurais dix-huit ans il m'interdirait encore les Contes de François Coppée; maintenant, il acceptait que je lise n'importe quoi: mais il ne voyait pas beaucoup de distance entre une fille avertie, et la Garçonne dont, dans un livre infâme, Victor Margueritte venait de tracer le portrait.

Si du moins j'avais sauvé les apparences ! Il aurait pu s'accommoder d'une fille exceptionnelle à condition qu'elle évitât soigneusement d'être insolite: je n'y réussis pas. J'étais sortie de l'âge ingrat, je me regardais de nouveau dans les glaces avec faveur; mais en société, je faisais piètre figure.

Mes amies, et Zaza elle-même, jouaient avec aisance leur rôle mondain; elles paraissaient au "jour" de leur mère, servaient le thé, souriaient, disaient aimablement des riens; moi je souriais mal, je ne savais pas faire du charme, de l'esprit ni même des concessions.

Mes parents me citaient en exemple des jeunes filles "remarquablement intelligentes" et qui cependant brillaient dans les salons. Je m'en irritais car je savais que leur cas n'avait rien de commun avec le mien: elles travaillaient en amateurs tandis que j'avais passé professionnelle.

Je préparais cette année les certificats de littérature, de latin, de mathématiques générales, et j'apprenais le grec ; j'avais établi moi-même ce programme, la difficulté m'amusait; mais précisément, pour m'imposer de gaieté de cœur un pareil effort, il fallait que l'étude ne représentât pas un à-côté de ma vie mais ma vie même: les choses dont on parlait autour de moi ne m'intéressaient pas.
Je n'avais pas d'idées subversives; en fait, je n'avais guère d'idées, sur rien; mais toute la journée je m'entraînais à réfléchir, à comprendre, à critiquer, je m'interrogeais, je cherchais avec précision la vérité: ce scrupule me rendait inapte aux conversations mondaines.

Somme toute, en dehors des moments où j'étais reçue à mes examens, je ne faisais pas honneur à mon père; aussi attachait-il une extrême importance à mes diplômes et m'encourageait-il à les accumuler. Son insistance me persuada qu'il était fier d'avoir pour fille une femme de tête; au contraire: seules des réussites extraordinaires pouvaient conjurer la gêne qu'il en éprouvait.
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Zaza me raconta qu'une de ses tantes professait la théorie du "coup de foudre sacramentel": à la minute où les fiancés échangent devant le prêtre le "oui" qui les unit, la grâce descend sur eux, et ils s'aiment. Ces moeurs indignaient Zaza; elle déclara un jour qu'elle ne voyait pas de différence entre une femme qui se mariait par intérêt et une prostituée; on lui avait appris qu'une chrétienne devait respecter son corps: elle ne le respectait pas si elle se donnait sans amour, pour des raisons de convenance ou d'argent.
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J'aperçus un jour au Luxembourg Nizan et sa femme qui poussait une voiture d'enfant, et je souhaitai vivement que cette image ne figurât pas dans mon avenir. Je trouvais gênant que des époux fussent rivés l'un à l'autre par des contraintes matérielles: le seul lien entre des gens qui s'aiment aurait dû être l'amour.
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La littérature permet de se venger de la réalité en l’asservissant à la fiction [...].
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Quand il m'arrivait de passer devant le collège Stanislas, mon coeur se serrait ; j'évoquais le mystère qui se célébrait derrière ces murs : une classe de garçons, et je me sentais en exil. Ils avaient pour professeurs des hommes brillant d'intelligence qui leur livraient la connaissance dans son intacte splendeur. Mes vieilles institutrices ne me la communiquaient qu'expurgée, affadie, défraîchie. On me nourrissait d'ersatz et on me retenait en cage.
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Seule: pour la première fois je comprenais le sens terrible de ce mot. Seule, sans témoin, sans interlocuteur, sans recours. Mon souffle dans ma poitrine, mon sang dans mes veines et ce remue-ménage dans ma tête, cela n'existait pour personne.
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Le secret du bonheur, c'est de vivre comme tout le monde, en n'étant comme personne
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