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Citations sur Une mort très douce (96)

Elle croyait au ciel ; mais malgré son âge, ses infirmités, ses malaises, elle était farouchement accrochée à la terre et elle avait de la mort une horreur animale.
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Penser contre soi est souvent fécond; mais ma mère, c'est une autre histoire : elle a vécu contre elle-même. Riche d'appétits, elle a employé toute son énergie à les refouler et elle a subi ce reniement dans la colère. Dans son enfance, on a comprimé son corps, son cœur, son esprit, sous un harnachement de principes et d'interdits. On lui a appris à serrer elle-même ses sangles. En elle subsistait une femme de sang et de feu : mais contrefaite, mutilée et étrangère à soi.
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C’est connu le pouvoir des objets : la vie s’y pétrifie, plus présente qu’en aucun de ses instants.
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Il fallait cueillir sur ses lèvres les mots qu’elle s’arrachait dans un souffle et que leur mystère rendait troublants comme des oracles. Ses souvenirs, ses idées, ses soucis flottaient hors du temps, transformés en rêves irréels et poignants par sa voix puérile et l’imminence de sa mort.
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Son amour pour nous était profond en même temps qu'exclusif et le déchirement avec lequel nous le subissions reflétait ses propres conflits. (P. 49)
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Cet optimisme de commande ne suffisait pas à combler son avidité. (P. 47)
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Que le mariage bourgeois soit une institution contre nature, son cas suffirait à m'en convaincre. (P. 45)
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J'ai arrêté un taxi. Le même trajet, le même automne tiède et bleu, la même clinique. Mais j'entrais dans une autre histoire : au lieu d'une convalescence, une agonie. Auparavant, je venais passer ici des heures neutres ; je traversai le hall avec indifférence. Des drames se déroulaient derrière les portes fermées : rien n'en transpirait. Désormais, un de ces dames était le mien. Je montai l'escalier le plus vite, le plus lentement possible.
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Quand mon père est mort, je n’ai pas versé un pleur. J’avais dit à ma sœur : « Pour maman, ce sera pareil. » Tous mes chagrins, jusqu’à cette nuit, je les avais compris : même quand ils me submergeaient, je me reconnaissais en eux. Cette fois, mon désespoir échappait à mon contrôle ; quelqu’un d’autre que moi pleurait en moi. Je parlai à Sartre de la bouche de ma mère, telle que je l’avais vue le matin et de tout ce que j’y déchiffrais : une gloutonnerie refusée, une humilité presque servile, de l’espoir, de la détresse, une solitude – celle de sa mort, celle de sa vie – qui ne voulait pas s’avouer. Et ma propre bouche, m’a-t-il dit, ne m’obéissait plus : j’avais posé celle de maman sur mon visage et j’en imitais malgré moi les mimiques. Toute sa personne, toute son existence s’y matérialisaient et la compassion me déchirait.
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Je ne tenais pas particulièrement à revoir maman avant sa mort ; mais je ne supportais pas l'idée qu'elle ne me reverrait pas. Pourquoi accorder tant d'importance à un instant, puisqu'il n'y aura pas de mémoire ? Il n'y aura pas non plus de réparation. Je compris pour mon propre compte jusque dans la moelle de mes os, que dans les derniers moments d'un moribond on puisse enfermer l'absolu.
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