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EAN : 9782259279079
336 pages
Plon (09/01/2020)
3.56/5   16 notes
Résumé :
Mathilde est modèle vivant de nu artistique en ateliers et écoles d’art. Son métier la pose et la comble, malgré la rupture avec sa mère que ce choix de vie lui a value dix ans plus tôt.
Drôle de métier pourtant, lorsqu’on tombe enceinte et qu’on peut difficilement cacher son corps qui change. Du jour où Mathilde attend un enfant, ses repères sont bouleversés, dans sa vie de muse comme dans sa vie de couple.
Son intimité lui échappe. Mais elle se sent ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique

Mathilde, modèle de nu aristique, exerce ce métier en totale liberté et insouciance.

Mais lorsqu'elle tombe enceinte, le changement de son corps va bouleverser ses repères et sa conception de son métier, les altérations de son corps devenant aussi visibles que douloureuses.

Cette reflexion sera d'autant plus prégnante que Mathilde va également rencontrer une jeune femme, qui suit des cours à l'atelier où Mathilde travaille et qui pourrait bien bouleverser cela.

UN premier roman sensible et intelligent qui sonde notre rapport à la nudité,sur la maternité à venir. mais aussi sur la nudité de nos ames, dans un contexte post attentats du Bataclan où tous les repères et valeurs qu'on pensaient tangibles vacillent.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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[Pour lire la critique dans son intégralité, cliquez sur le lien en bas de l'article]

Nus est le premier roman de Laure Becdelièvre. Il raconte les doutes de Mathilde, modèle vivant de nu artistique. Son métier la comble et les poses lui semblent être de véritables pauses. Mais son intimité lui échappe lorsque son corps est en cours de transformation, puisqu'un bébé montre le bout de son nez à la fin de ce roman.


Mathilde est mannequin vivant et pose souvent pour une école. Elle aime la tranquillité qu'elle trouve dans son métier. Mais dans sa vie personnelle, tout n'est pas si simple. Moins d'un an auparavant, elle a perdu un ami proche, Karim, dans les attentats. Son amour, Baptiste, lui a alors demandé de lui faire un enfant, ce qu'elle a fait, rapidement. Mais voilà, elle se pose de nombreuses questions sur la maternité : « Jamais Mathilde n'aurait pensé qu'il ne lui faudrait que quelques semaines pour tomber enceinte. Tomber, oui tomber... Les mots, parfois ! Elle aurait pu penser : se retrouver. Parfois, on se retrouve enceinte. Elle, elle était tombée. » A travers un stage artistique, où elle pose nue pendant sa grossesse, elle cherche les réponses à ses questionnements. Mia, l'une des étudiantes qui la dessine, n'y est pas pour rien dans sa transformation...


Je dois avouer qu'en achetant ce livre, je m'attendais à aborder la question du corps féminin, d'autant plus lorsqu'il est exposé volontairement. J'aurais aimé comprendre la conception du corps pour un modèle vivant qui fait du nu et ce que la grossesse représente réellement pour une personne offrant son corps à l'artiste.

Mais ce n'est pas ce qui est traité par l'autrice. le thème mis en avant est la grossesse et le questionnement d'une future mère doutant de sa volonté d'avoir un enfant. Ce ne sont que des questions psychologiques, pas corporelles. La transformation du corps, le fait de créer de la vie, être habité par quelqu'un qui sera hors de soi n'est pas la problématique. Non, pour le personnage principal, il s'agirait plutôt de la peur de commettre un "crime" en renonçant à être mère, mais aussi la peur de perdre sa liberté si elle conçoit un enfant. Alors oui, un livre qui met en avant les doutes que peut avoir une femme devant la maternité est intéressant. Mais la conception du corps et de la maternité par le personnage est assez dérangeante. le corps devient objet dont on se sépare pour être "tranquille" et ne pas avoir un enfant serait un "crime de lèse-féminité". Heureusement, aujourd'hui, ne pas avoir d'enfant pour une femme est bien mieux toléré, ce qui me laisse perplexe quant à la perception du corps par l'autrice même...


Les deux modèles de nu que nous rencontrons sont des femmes. Mathilde, le personnage principal, est plutôt fine mais ne s'assume pas. Alors elle trouve dans le nu une façon derendre son corps "objet" et de s'en séparer... La force du personnage aurait justement pu être dans l'acceptation de son corps et la fusion. A la place, cette séparation continue dans le roman et selon moi, se "séparer" de son corps n'est pas une réelle démarche d'acceptation.
Le second modèle est plus original : Nadia est bien en chair, heureuse, vivante. Mais elle ne s'assumait pas non plus et s'est redécouverte dans son métier. Seulement voilà, elle n'est pas juste "grosse", sans y mettre de sens péjoratif. Elle est atteinte d'une "maladie rare" qui lui a fait prendre trois kilos tous les mois pendant deux ans. Et pourquoi ne pas développer simplement un personnage qui affirme ses formes, sans histoire de maladie derrière ? Je pense qu'aujourd'hui, le cliché de la femme parfaite tombe, et il n'est en rien dévalorisant de présenter un modèle rondouillard, ni même obèse. En dehors de ce détail, le surpoids n'est pas particulièrement traité et ne sert pas plus que cela à la construction du personnage. Au fond, qu'elle soit ronde ou fine, elle aurait joué le même rôle.

L'autre élément qui définit le personnage de Nadia est son origine : elle vient d'une famille musulmane et est rejetée par celle-ci parce qu'elle pose nue. Elle est la seule figure engagée dans le récit, et je pense que j'aurais ressenti plus de sympathie envers ce personnage, elle qui lutte avec acharnement et joie, que pour le personnage principal. C'est la relation à son corps et à la religion de sa famille, son envie de protéger les modèles en faisant reconnaître leur art comme un travail, qui aurait pu avoir un véritable intérêt dans ce roman. Voilà pour la question des corps.


La plupart des interrogations des personnages sont provoquées par la perte de leur ami, Karim, dans ce que nous comprenons être les attentats du Bataclan. Bon, ça aurait pu n'être qu'évoqué en fond, comme, bienheureusement ou malheureusement, beaucoup de livres récents. Mais Laure Becdelièvre accorde beaucoup d'importance au thème, quitte à amplifier les répercussions des attentats sur ses personnages de manière un peu maladroite.

[…]


L'un des derniers points à soulever est un problème stylistique. Lorsque Laure Becdelièvre écrit des dialogues, nous sommes face à une femme de trente-sept ans qui parle comme une adolescente. Elle coupe les mots, ce qui ne donne pas l'effet contemporain peut-être recherché, mais soulève simplement la question de la maturité du personnage. Les dialogues révèlent un problème de concordance avec le choix narratif. le point de vue de ce roman est omniscient, c'est l'autrice qui nous parle ; mais elle injecte les pensées de Mathilde très directement. Seulement, le décalage dans la façon de s'exprimer entre le dialogue et la narration est beaucoup trop marqué.

Le rejet de Mathilde envers sa mère ressemble également à une crise d'adolescence. Cette crise atteint aussi son amoureux puisque nous assistons à des scènes où un couple se déchire sur des malentendus et des refus de communication pour des sujets peut-être un peu trop futiles par rapport à la situation. Baptiste, d'ailleurs, pourrait jouer le rôle du frère protecteur tant il est absent et limité dans son rôle.


Et puis, j'espère qu'une erreur sera corrigée si le livre est réédité, même en format poche. En effet, la petite fille de Pauline, "Lili", se transforme en "Lily" dans les dernières pages du livre.


Pour conclure, je tiens à rappeler que mon avis est forcément subjectif. En achetant un livre, nous avons souvent des attentes, et je n'ai peut-être pas su voir autre chose que ma déception face à l'oubli de la corporalité. J'aime aussi les personnages construits en finesse, les intrigues qui s'imbriquent correctement les unes dans les autres. Je pense qu'ici, ce sont des intrigues qui tenaient à coeur de l'autrice, ce qu'on ne peut pas lui reprocher, mais il manque des liants.

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"Nus", c'est d'abord un beau livre sur l'acceptation de soi, de son corps ainsi que sur la grossesse et la maternité. Ce ne sont pas les seuls sujets évoqués puisqu'il sera aussi question des relations de couple et de la complexité des relations avec les parents.

C'est un roman qui prend son temps, c'est volontairement lent et j'avoue que ce roman a eu un effet assez hypnotisant sur moi. Il ne faut pas vous attendre à de multiples retournements de situation, à des scènes d'action effrénés où à une aventure qui vous transporte aux confins du monde, non ici, au centre du récit, ce sont les questions, les états d'âmes et l'introspection d'une femme qui exerce un métier pas banal et qui voit son corps, sa vie changer.

Les personnages sont très attachants, l'écriture est très fluide. C'est un livre assez curieux, original de par son thème, et qui arrive quand même à happer le lecteur malgré ce rythme lent.

Ce n'était franchement pas gagné d'avance, mais j'ai passé un bon moment de lecture et je me suis attaché aux différents protagoniste et ce malgré les quelques longueurs. Hypnotisant, c'est vraiment le terme pour résumer l'effet que ce livre a eu sur moi.
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Le corps est le personnage principal de ce roman sensible et poétique : le corps comme objet d'art difficile à appréhender dans ses pleins, ses vides, ses ombres, ses courbes, le corps comme réceptacle de la maternité pour Mathilde ou de la maladie pour sa mère, le corps comme moyen de communication qui ne peut tricher.
C'est aussi le roman des doutes, des interrogations, des remises en question que provoque la grossesse chez la femme. C'est le moment de choix importants, c'est la projection dans l'avenir, c'est conjurer le passé (ici les attentats, une relation inexistante depuis dix ans entre Mathilde et sa mère) au rythme du corps qui se modifie.
C'est enfin un beau roman d'amitié entre Mathilde et Mia, une des élèves auxquels Mathilde sert de modèle vivant, entre Baptiste, le compagnon de Mathilde et Karim, victime des attentats du Bataclan, entre la mamma italienne pour qui nourrir est le geste d'amour suprême et Mathilde.
Malgré une belle écriture, j'ai trouvé le rythme trop lent, trop contemplatif; les descriptions des poses que Mathilde prend devant ses élèves sont beaucoup trop longues et répétitives à mon goût. "Nus" reste cependant un beau roman.
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Mathilde est modèle vivant de nu artistique. Tous les jours elle pose pour des artistes et en écoles d'art. Depuis toutes ces années elle a appris à dompter son corps, le connaître, l'écouter. Et quand elle tombe enceinte, c'est tout son équilibre qui est bouleversé. Comment accepter son corps qui s'arrondit quand on a mis des années à le modeler ? Alors que son couple souffre, sa vie de muse est à son apogée, ce corps en constante évolution inspire. La vie ne sera plus jamais la même, les repères changent et avec tout ça elle tente d'offrir le meilleur à ce petit être qui grandit en elle.

Je trouve le sujet de ce roman tellement bien choisi ! C'est déjà compliqué d'être enceinte pour la première fois et de voir son corps changer quasiment quotidiennement ! La difficulté est d'autant plus grande pour Mathilde dont le corps est son seul outil de travail. Cet aspect est parfaitement traité, grâce au questionnement de Mathilde, aux regards des autres omniprésent, à l'échange, elle avance et apprivoise ces changements.

J'ai trouvé cependant quelques points dans ce roman qui ne m'ont pas convaincu. La relation avec Baptiste me paraît peu naturel. Ils sont à une étape charnière de leur relation. La grossesse est parfois difficile à vivre pour l'un et l'autre, entre incompréhension, frustration et manque de confiance en soi. J'aurai aimé plus d'eux, Baptiste à l'air si loin. Enfin la situation l'explique car il s'agit aussi de l'après-attentats, ils ont perdu un proche et il est difficile de vivre avec ce vide. Et c'est là le too much, pour moi cet aspect du roman n'est pas du tout nécessaire, même s'il apporte de nombreuses réflexions. Il interroge sur l'acceptation de l'injustice. Comment celui qui reste peut vivre heureux quand un être aimé est mort tragiquement ? Comment donner la vie dans ce monde incertain ? Finalement le traitement de la nudité et de la grossesse me suffisait.

Je ressors mitigée de cette lecture dans laquelle j'avais mis beaucoup d'espoir. Je garderai cependant un bon souvenir de Mathilde qui m'a touchée.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
En la revoyant nue, Mathilde fut subjuguée. Elle était vraiment canon, cette meuf, non pas au sens vulgaire qui voudrait que cette beauté colle parfaitement à l'image unique, réduite, instillée par la convention sociale, mais au sens noble du terme : sa beauté vous bombardait. Et en même temps, rien là-dedans de provocateur : le corps obèse de Nadia dégageait quelque chose de doux, de gracieux. Il recueillait l'obscurité dans ses creux douillets, laissait alunir la lumière sur ses courbes.
De dos, à partir des fesses, sa peau était marbrée de cellulite et de veines bleues. C'était un paysage de haute montagne, souverain et contrasté.
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Peu à peu la routine avait commencé à s'installer, et il devint de plus en plus naturel à Mathilde de prêter l'oreille à sa vie intérieure. De s'extraire du monde alentour pour se concentrer sur le cheminement de son souffle, de son sang. Son esprit se mit aussi à gambader à l'extérieur, au hasard des grains de poussière qui flottaient dans la lumière, des rumeurs de la ville au dehors, des bruits de crayon qui grattaient le papier. Indifférent à ces regards braqués sur elle, vifs et impersonnels à la fois. Vides d'érotisme, avait-elle toujours cherché à imposer. Vides d'un désir autre que celui de la dessiner. Avec le temps s'était ainsi formée sur son corps une seconde peau. Une "tout-nue" de travail entendait-elle encore souvent lui chuchoter la voix acidulée de Nadia.
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"Mathilde pressentait les dangers de pareille lutte. S'ils gagnaient enfin leur statut, auraient ils encore cette liberté vibrante de la vie en atelier, ce romantisme d'une existence non formatée, au jour le jour, cette poésie de l'indécis, du louvoiement heureux entre plusieurs mondes? S'ils se retrouvaient avec les services de l'hygiène aux fesses, serait-ce encore pareil?"
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Mathilde ne réalisa qu après coup qu elle avait laissé sa main se fondre dans son pelage. Il était doux ça vibrait de partout.
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Le duo n'avait plus d'autre conscience du temps que la lumière d'été sublimant les volumes croissants de Mathilde, jusque dans les minutes bleues qui s'étiraient entre chien et loup. La modèle parvenait encore à sculpter sur elle-même de nouvelles attitudes en puisant dans la mémoire mouvante de ses os, de sa chair dilatée. Insoupçonnable réservoir d'art, qui chaque fois prenait de court son répertoire de poses.
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