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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est intéressant, mais "intéressant" est un mot fourre-tout que j'essaie d'éviter. Peut-être est-ce un livre que j'aurais dû éviter.
Il est question de la rencontre improbable d'un chargé de mission culturelle d'une ville de province et d'une intérimaire chez Amazon mariée à un ouvrier licencié. Deux mondes qui se tolèrent, et qui ici s'attirent. Oui, mais jusqu'où ?
Le contexte est plus dense que l'intrigue. Bégaudeau prend plaisir à disséquer la France périphérique, entre sa classe ouvrière bradée, sa jeunesse précarisée, ses petits bobos endogames, avec en toile de fond, les attentats terroristes et l'élection présidentielle de 2017. Il n'y a franchement pas de quoi s'éclater dans cette France-là.
Ca m'a fait penser à du Houellebecq, mais avec moins de cynisme et plus d'indulgence pour le genre humain ; mais le constat sociétal est tout aussi déprimant. La justesse de ses observations est dérangeante, et j'ai eu davantage l'impression de lire une note analytique qu'un roman. le style, froid et distant, m'a perturbée.
Peut-être que dans 30 ans, je relirai ce livre avec nostalgie, attendu qu'il est un témoignage lucide de notre époque. Mais en attendant, je préfère la fiction, la vraie.
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1ere lecture de cet auteur pour moi. le caractère social du roman m'avait interpellé.
La rencontre annoncée comme improbable de 2 personnes de classe sociale différente aussi et c'est d'ailleurs ce qui m'a intrigué.

Finalement, leur rencontre est très classique et je m'attendais à plus d'originalité.

Néanmoins j'ai tout de même apprécié ce volet social.
Le style de l'auteur est assez original toutefois mais je regrette une écriture un peu ampoulée qui peut rendre le texte inaccessible parfois.

Un bon moment de lecture mais sans plus
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La lecture du dernier roman de François Bégaudeau, "En Guerre", m'a ramenée quelques années en arrière, à la fin des années 80 exactement, lorsque j'étais encore enseignante. Il m'était toujours difficile d'accepter la défaillance d'un excellent élève et, trouver sa copie indigne de lui me posait nombre de questions. Ce n'est pas lui que je mettais en cause mais bien mon enseignement.

J'ai toujours beaucoup aimé la plume de l'auteur, découvert avec son "Entre les murs", magnifique et touchant à mes yeux de "collègue". "Molécules", de la même façon m'avait beaucoup plu par le côté loufoque se combinant au poignant, l'absurde au raisonnable, l'humour à la gravité, le rire aux pleurs. Las, je n'ai rien trouvé de tout ça dans ce roman tout juste sorti et je me demande pourquoi.

Sur fond d'histoire d'amour improbable – mais est-ce de l'amour en vérité ? – entre Louisa et Romain, qui n'auraient jamais dû se rencontrer, l'auteur nous dresse un portrait noir de notre société en prise avec fermetures d'usine, plans de licenciement, harcèlement au travail. Il critique violemment à la fois Amazon, les médecins, les patrons. Bref, tout le monde en prend pour son grade. Ce mélange entre drame personnel et problèmes économiques était pourtant un bon point de départ, ses sarcasmes et sa causticité envers un monde en capilotade certainement d'un grand intérêt, mais je n'ai pas adhéré et j'avoue en être contrite.

Evidemment, j'ai parfois retrouvé l'auteur que j'aime, son écriture magique, son art de jouer avec le langage, l'humour qui me ravit : "Cristiano est pauvre en gueule et fort en mots." "Elle le voit préparer son sac pour une séance de musculation. Il s'est assez dégradé comme ça… Reprendre des forces est le préalable. L'étape numéro 1 de la reconquête, comme le fut l'Open de Turquie pour Vladimir Krivine vers les cimes de tuning." Ou encore "Dans la proximité d'une mal pourvue, il se découvre bien loti." J'ai aussi apprécié l'érudition, les allusions à des auteurs, à des vers d'un poème particulièrement aimé en guise de début de phrase "Je fais souvent ce rêve étrange et familier…", l'emprunt de noms issus de la mythologie grecque ou scandinave, Kronos, Odin, Thor…

Mais trop souvent des phrases alambiquées m'ont empêchée de goûter l'histoire au point d'être tentée d'abandonner : "L'intolérance de Louisa au mensonge, comme d'autres à l'aspirine, pourrait être rapportée à l'universelle coercition des jeunes filles, si, à éducation égale, sa soeur aînée ne s'était pas maintes fois montrée experte en dissimulation."

Bien sûr, je ne peux imaginer l'auteur seul responsable de cette déception. Je me suis interrogée sur ma condition au moment de la découverte de ce récit. La chaleur excessive, la fatigue ont-elles été la cause de mes difficultés à assimiler certaines parties, de ma propension à m'agacer de nombres de digressions, de mes interrogations sur le besoin de s'étendre autant sur certains sujets, de sauter parfois du coq à l'âne ? Je n'ai pas découvert les réponses.

En tout état de cause, je remercie chaleureusement Babelio pour cette Masse Critique privilégiée ainsi que les Editions Gallimard/Verticales.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Une écriture intéressante, un beau travail de collage des discours tout faits de tout bord ; mais la distance caustique du narrateur demeure toujours perceptible et m'a dérangée : il n'y a pas de bienveillance, ni vraiment d'accueil de l'autre, juste une distance un peu cynique. Aucun des personnages, aucun des bords n'en réchappe vraiment... J'étais en manque d'humanité en finissant ce livre...
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Curieusement, je n'avais encore jamais lu Bégaudeau. de ces auteurs se frottant à la société afin de mettre en lumière ses mécanismes sous-jacents, il ne pouvait pourtant que susciter mon intérêt. Après l'avoir (trop) brièvement entendu au récent salon Fnac livre et dans la perspective de son prochain passage dans l'une de mes librairies préférées, il n'était que temps de le découvrir...

Louisa et Romain habitent la même ville. Peu de chances, cependant, qu'ils se rencontrent, et moins encore qu'ils se fréquentent. D'entrepôts Amazon en centres d'appels, de chaînes de fastfood en chaînes de montage, Louisa, fille de femme de ménage - d'agent d'entretien, dirait-on plus volontiers aujourd'hui - enchaîne CDD et missions d'Intérim, tandis que l'homme qui partage sa vie se retrouve sur le carreau après la fermeture de l'usine qui l'employait.
Romain, ancien élève de lettres sup, travaille quant à lui sur un projet de «décloisonnement» de la culture au sein d'une collectivité territoriale. Deux mondes, donc, deux personnages aux formes de sociabilité, aux pratiques culturelles et jusqu'au langage diamétralement opposés. A la faveur d'un accident de parcours, Bégaudeau va pourtant les mettre en contact.

Vous vous en doutez, on ne vas pas assister à une romance sur le motif de l'amour triomphant de tous les obstacles et de toutes les vicissitudes : Begaudeau n'a pas cédé à la mode des feel good books ! Il observe au contraire avec acuité tout ce qui, dans la relation intime de ses deux personnages, se dresse constamment entre eux, depuis leurs systèmes de valeurs respectifs jusqu'aux plus petits détails de la vie quotidienne, ceux-ci n'étant que le reflet de ceux-là. le cadre social dans lequel ils évoluent n'est pas un arrière-plan servant de décor. C'est au contraire ce qui détermine leurs choix, leurs actes, leur psychologie. Et Bégaudeau ne se prive pas d'appuyer là où ça fait mal.

Le trait pourrait d'ailleurs paraître un peu forcé, n'était l'humour - certes acide - que recèle ce texte. Tous les personnages, y compris secondaires, sont enfermés dans des schémas qu'ils s'attachent soigneusement à légitimer et à perpétuer à travers des discours dont l'absurdité donne parfois le vertige. Ainsi de cette DRH en charge de la liquidation d'une usine - et donc de ses salariés - qui «n'impose jamais (mais) obtient le consentement», conformément aux préceptes fondateurs du «management motivationnel», «l'art (étant) d'amener le collaborateur à comprendre ce qu'il ignore qu'il veut», entendez : quitter l'entreprise (comme) sa baisse de rendement le crie...
Cet habillage linguistique dont on revêt aujourd'hui tout ce qui nous semble trop trivial et qui donne aux plus grandes violences faites aux individus les apparences de la bienveillance est admirablement mis en évidence, et c'est sans doute l'un des aspects les plus convaincants de ce roman, que j'ai trouvé vraiment intéressant et que j'ai vraiment apprécié de lire, notamment pour le côté incisif de son écriture. Est-ce sa fin quelque peu surprenante, ce livre me laisse néanmoins un sentiment étrange que je ne parviens pas encore à définir. J'attends donc avec la plus vive impatience d'entendre l'auteur, à l'occasion d'une rencontre qui s'annonce tout à fait passionnante !


Lien : https://delphine-olympe.blog..
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Louisa et Romain évoluent dans des milieux qui cohabitent sans se croiser. Elle, originaire de la banlieue, adepte « optimiste » de ce qu'on appelle la « galère », et lui, plutôt de la classe moyenne, intello à tendance bobo, fonctionnaire territorial (un peu désabusé), adepte du milieu culturel et de ses vernissages.

A l'heure où la lutte n'est plus à la mode, Bégaudeau procède à un rapprochement des classes et délimite un territoire commun à travers l'histoire d'amour ( ?) de ces deux personnages.

Car si nous sommes « en guerre », comme l'a martelé, au lendemain des attentats de novembre 2015, un ancien premier ministre français qui brigue actuellement un mandat en terre catalane, l'ennemi est tout désigné. Il ne s'agit plus du capital, du banquier, voire du directeur des ressources humaines. Non, depuis « les évènements » la France doit se battre contre un mal qui la ronge de l'intérieur, le terroriste fraichement converti à un islamisme radical, armé de sa kalachnikov.

Mais ne sommes-nous pas en train de nous tromper d'adversaire ?

Bégaudeau a manifestement envie de remettre les points sur les i et de replacer le combat du « peuple français » sur le champ social, car c'est là que se trouve l'état d'urgence. Il dépeint, assez brillamment d'ailleurs, des maux que nous connaissons tous, à travers le destin (croisé) de ces personnages. Difficile de ne pas s'y reconnaitre.

Alors pourquoi me suis-je tenu à distance de ce récit qui avait tout pour me plaire ? A cause du style qui, parfois, m'a laissé perplexe ? Je ne crois pas. Plutôt parce que j'ai eu l'impression d'avoir déjà rencontré ces situations et ces acteurs dans des bouquins de Houellebecq ou Despentes, surtout dans Vernon Subutex.

Et la repentance appuyée du méchant financier, en fin de roman, m'a laissé un peu dubitatif.

J'ai dû rater un truc, et il me tardait de tourner la dernière page.

Du coup, je ne me suis pas vraiment senti en guerre…plutôt fatigué, un peu courbattu, comme après un bon match de tennis contre la DRH de Moulinex ou d'Orange ou, je ne sais pas, comme si j'avais dû participer à une AG de 48h sans repos.

Je vote « pour »…mais sans plus, un peu par habitude et parce que je n'ai rien "contre"...bien au contraire.
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Par-delà le social, par-delà les classes, par-delà leur éloignement géographique, politique et culturel, Romain et Louisa s'aiment. le corps à ses raisons que la raison n'a pas : le sexe et le désir brouillent les frontières ou alors excitent la frontière.

Les premières pages m'ont fait penser, en moins bien, à l'univers de Mordillat mais dans ce roman il y a la place pour la rencontre improbable. A lire.
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