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sur 292 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  

Bégaudeau est en colère. Je le comprends. Moi aussi. Sur beaucoup de choses communes, bien qu'il m'explique que ce n'est pas du tout pareil. La société capitalisme, la consommation outrancière, l'arrogance de certains, des trucs comme ça. Très bien.

Seulement il me crache à la gueule parce que je suis bourgeoise, que j'ai évidemment voté Macron au deuxième tour . Que j'ignore la pensée, et encore plus la radicalité. Car nous tous les bourgeois sommes tous les mêmes, des petits trouillards minables , des nantis accrochés à nos acquis, des facilement arrivés, des bien-pensants non-pensants, accrochés à leur petite morale. Tout cela qu'il appelle notre bêtise,

" le présent livre ne prétend pas démontrer que tu as tord, mais que tu ne penses pas."


Il confond un peu, croit que nous avons tous fait Sciences Po ou HEC. Il faudrait un peu qu'il sorte, quand même, de son petit milieu qu'il lui est si pénible de fréquenter. Vivre dans une enclave sociale comme ça, avec les idées qu'il a, ça doit être triste. le pauvre.
Bégaudeau pense que les bourgeois sont une catégorie générique, qu'ils pensent tous pareil. Il les appelle « tu » et et leur adresse son anathème. Mon père, qui aurait détesté ce livre, et avait pas mal d'humour, m'avait appris que « tous les gens qui disent des généralités sont des imbéciles » et ça va presque m'autoriser à renvoyer à Bégaudeau sa propre histoire de « bêtise »

Tout cela est un peu (beaucoup) agaçant (c'est voulu, d'ailleurs).
Car en fait son idée m'intéresse, son analyse de la société. Beaucoup, même. Ah, oui, mais le problème c'est que si son idée m'intéresse, c'est que je prône l'ouverture d'esprit, car je déteste le conflit, car le conflit c'est le chaos, le chaos c'est la fin des bourgeois.

Bégaudeau pense qu'il est meilleur que moi parce qu'il fait ses courses à Monoprix (je suppose que moi, je suis sensée aller chez Fauchon) ; seulement Monoprix, pour un gauchiste (terme qui n'a rien de dépréciatif), c'est quand même l'image même de la société capitaliste. Qu'il s'habille chez H et M, c'est à dire un truc qui fait bosser des gens dans des conditions d'esclavage, et, que, quand on a la chance d'avoir des sous comme lui, on a plutôt tendance à éviter. Et qu'il n'est pas la mode, quelle audace ! Mais je vous rassure, aller chez H et M lui « raidit les cervicales », et depuis peu sa copine Isabelle lui a fait découvrir La Vie Claire.

Bégaudeau ne cache pas qu'il a un appartement à Paris, et déclare 40 000 euros au fisc chaque année, mais ce n'est pas sa faute, le pauvre, car c'est son papa qui lui a fait cadeau de l'appartement (et il est tout petit, juste 40m2) et son succès qui lui vaut ses revenus, il n'y peut rigoureusement rien...Il sait bien qu'on (le bourgeois) peut le lui reprocher, ou plutôt lui faire remarquer qu'il y a là comme une ambiguïté, à être contre la propriété privée, mais ce ne serait que mesquinerie bourgeoise.

Quand je me mets du côté de la tolérance sur les grandes questions de société, tout cela n'est que « L'écrin d'humanité dans lequel [je] feutre [ma] brutalité structurelle", et toujours et encore « cette pulsion conciliatrice [qui] a un soubassement autoritaire ». Si je me soucie des pauvres c'est parce que je veux préserver ma bonne conscience, dans un paternalisme dégoûtant, pour en gros, par ma feinte gentillesse, annihiler la lutte des classes.

Ca continue comme ça sur des pages et des pages, à asséner (plutôt brillamment et avec un sens certain de la formule) que tout ce que je dis, pense, fais, n'est que l'expression d'une morale mal placée et non d'une pensée, à me l‘en envoyer à la gueule pour m'agacer (il le dit : »J'aime bien t'emmerder » : la colère comme une pose), à expliquer qu'il est beaucoup plus intelligent que moi, et, si ça m'agace encore et toujours, ça prouve bien que je suis une bourgeoise. Bref ça a un petit côté sophisme qui… m'agace encore plus, et que l'auteur va revendiquer jusqu'à la dernière page, tout à la fois habile et malsaine. Vous voyez, on n‘en sort pas de son petit jeu, il n'y a pas d'échappatoire

Et c'est très dommage, cette mauvaise foi (en fait je ne suis pas sûre que ce soit de la mauvaise foi, mais plutôt de l'aveuglement), cet amalgame, cette fausseté de raisonnement, parce que cela nuit au reste, au réel propos qui aurait pu être vraiment intéressant, cette dissection des contradictions, sur les choix culturels, en particulier, la suppression de la prison, ou sur la perte totale de conscience qu'on peut avoir face au déterminisme, au hasard et à l'exclusion, à la dissection de contradictions.

Les leçons, je veux bien, mais avec un peu d'humilité. Je n'utiliserai certainement pas l'argument bourgeois que derrière la critique et les idées, au-delà de l'agression caractérisée, je voudrais bien comprendre ce qu'il propose.
J'aurais voulu qu'il m'explique cette histoire que je n'aurais pas dû voter contre le Pen, comment il voudrait abolir les privilèges et la propriété privée etc...ça m'aurait beaucoup intéressée. J'aurais voulu pouvoir réfléchir sereinement à cette idée de rentabilisation de tout, de perte de contact avec le rêve, mais aussi avec le réel, d'entre-soi.

Il est très dommage qu'il joue au procureur, n'épargnant aucun effet de manche, que la forme cynique, para-haineuse, arrogante, ait pris le dessus sur le fond. Une analyse plus nuancée (donc bourgeoise) m'aurait paru plus convaincante. J'aurais aimé ne pas être asphyxiée (humiliée?), j'aurais certainement eu une meilleure disponibilité pour entendre l'entendable, l'intéressant, l'intelligent. Mais ce serait sans doute encore la preuve de ma condition de bourgeoisie aspirant à la coolitude (sauf que je n'aspire pas trop à la coolitude, moi…)., à la confrontation polie cachant le politiquement correct, Et Bégaudeau ne veut certainement pas s'y abaisser.

Je n'ai pas hésité à être virulente, voire excessive, ou même caricaturale (mais pas tant que ça), je n'ai fait qu'utiliser ses armes. J'ai bien conscience que ceci n'était qu'un (trop long, pardon) commentaire bourgeois.
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Je... Tu... Tu... Je... Tu...
Qui est Je et qui est Tu ?
Et quand Tu parle de Je, Je deviens Tu... et je n'y comprends plus rien !
Je suppose que, la plupart du temps, Je est l'auteur et Tu l'électeur qui n'a pas voté au premier tour des élections présidentielles de 2017, et a voté Macron plus contre Marine que pour le vainqueur par défaut.

Personnellement, mon coeur penche nettement pour la candidate évincée, mais je suis prêt à écouter les critiques cinglantes de l'auteur.

Pourtant ce qui est gênant c'est que l'auteur tape aussi bien sur l'une que sur l'autre, et à l'occasion sur le troisième larron, je veux dire Mélenchon qui n'est pas épargné.
Alors j'aurais bien aimé connaître la position de l'auteur qui dénonce également, et surtout, l'abstentionnisme. Pencherait-il pour la droite modérée ? Il vaut mieux en rire quand on constate sa décrépitude...

Bref, j'ai trouvé le livre illisible quant au style, et peu convaincant quant aux raisonnements.
Seul point positif : les mêmes critiques peuvent faire l'objet d'un copié collé pour l'élection présidentielle de 2022 !
Alors, Jordan Bardella en 2027 ?
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Avant de commencer à t'en dire des trucs, je te propose la présentation de l'éditeur :
...
Prends le risque de l'ouvrir.
...
Alors j'ai attrapé le bouquin, par la couverture, histoire de pas me salir les doigts avec la bourgeoisie dont il est question.
Soyons pas trop foncés, comme dit Ghislaine, François Bégaudeau, je l'aime vraiment bien.
En fait, j'aime quand il parle.
Parce que quand il parle, il t'explique tellement bien que tu as l'impression d'avoir choppé un vaccin d'intelligence. Et c'est pas rien par les temps qui courent. J'en connais un ou deux qui feraient bien de se faire une piqûre de rappel. Parce que depuis « Oui-oui par en vacances », il y a des trucs qui sont sortis de l'édition française.
Donc, ce bouquin, parce qu'on est à quelques millions de kilomètres d'un roman mais ça détend, ce bouquin veut te faire comprendre à quel point tu es nul.
Quand je dis « tu » je fais comme lui. Il me tutoie dès les premières pages, et j'avoue que ce truc de gaucho, ça m'a un peu énervé.
Un peu.
Comme si j'avais oublié d'où je sors, d'où vient ma famille de prolétaires, et que personne ne m'a filé un appart à Paris dans ma chaussette pendue à la cheminée.
Déjà, ça démarre très mal.
Ça part mal parce que t'as pas voté Macron. Ça part mal parce que leurs trucs de démocratie, tu as compris depuis 1981 que c'était un peu une fumisterie. Et puis ça continue mal parce que tu vas pas acheter tes fringues chez H&M.
En fait, dans ce bouquin, même en faisant super gaffe, tu te reconnais dans rien de ce qu'il énonce. Des trucs qui frôlent le ridicule, la table de chevet « carton Franprix », entre autres, qui a insulté les meubles que mon grand-père faisait fabriquer chez l'artisan du village.
J'ai eu envie de le regarder bien droit dans les yeux et de lui dire ma déception, de lui asséner un « pauvre con » qu'il a, à travers ces pages, largement mérité. Quand tu n'as pas de thunes, tu fais gaffe à ne pas abimer. Mes pompes, mes jeans, me faisaient le plus longtemps possible parce que le moindre trou ou la moindre déchirure laissait passer plus que des courants d'air.
La suite :
Lien : https://leslivresdelie.net/h..
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Chiant.. Je comprends sa colère.. Mais je vois pas le génie de François begaudeau dans cet essai.. Il est excellent dans " en guerre". Mais là trop chiant.. Trop...
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