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Citations sur Ceux qui partent (200)

Déjà le bruit courait qu'on allait restreindre les arrivées d'étrangers. Il y en avait eu trop depuis quinze ans. Il fallait réguler tout ça. Ils avaient peur d'être envahis, dépassés. Toujours la même histoire.
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Depuis l'enfance, tu perçois chaque chose avec cette intensité si peu commune que ta propre mère te regardait parfois étrangement. Le vent et les mouvements dans les branches des arbres c'est toi-même balayée par les souffles venus du nord ou de l'est ; la peur ou la joie des autres, ce sont des frissons sous ta propre peau. Tous les mouvements du monde et des êtres qui le peuplent accueillis par ce corps qui est le tien. Et peu à peu, de cela même, un savoir que nul n'enseigne.
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Les émigrants ne cherchent pas à conquérir des territoires. Ils cherchent à conquérir le plus profond d'eux-mêmes parce qu'il n'y a pas d'autre façon de continuer à vivre lorsqu'on quitte tout.
Ils dérangeront le monde où ils posent le pied par cette quête même. (p. 326)
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Il s'est habitué maintenant aux arrivées à Ellis Island. Il sait que la parole est contenue face aux étrangers, que chacun se blottit encore dans sa langue maternelle comme dans le premier vêtement du monde. La peau est livrée au ciel nouveau, à l'air nouveau. La parole, on la préserve.
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La vie d’avant, Andrew Jónsson la cherche. Et dès qu’il peut déserter ses cours de droit, c’est ici, sur ces visages, dans la nudité de l’arrivée, qu’il guette quelque chose d’une vérité lointaine. Ici, les questions qui l’habitent prennent corps.
Où commence ce qu’on appelle “son pays”?
Dans quels confins des langues oubliées, perdues, prend racine ce qu’on nomme “sa langue”?
Et jusqu’à quand reste-t-on fils de, petit-fils de, descendant d’émigrés… Lui il sent résonner dans sa poitrine et dans ses rêves parfois les sonorités et les pas lointains de ceux qui, un jour, ont osé leur grand départ. Ceux dans les pas de qui il marche sans les connaître. Et il ne peut en parler à personne. 
Il a la chance ce jour-là d’avoir pu monter sur le paquebot. D’ordinaire il n’y est pas admis. Les photographies se font sur Ellis Island. Et il y a déjà un photographe officiel sur place. Lui, il est juste un jeune étudiant, un amateur. La chance de plus, c’est d’avoir capté ces deux-là.
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Toi aussi tu as du cœur, je le sais, et cela te sauve. Mais ton esprit a été capté par le goût pour les privilèges. Tu as voulu te mettre à l’abri, plus haut sur les barreaux de l’échelle. Au-dessus, toujours au-dessus. Il y a des gens qui ne trouvent la paix que comme ça. Dommage.

Sur le bateau qui nous emmenait il y avait aussi des gens qui se promenaient au-dessus, ceux qui pouvaient payer pour les ponts supérieurs. Nous, nous ne pouvions pas.

Et ça m’allait, moi, de rester en dessous. Je n’avais plus envie de voir le ciel. J’étais avec ma petite, enfouie là-bas, dans le sol qui gèlerait à nouveau l’hiver. Bientôt il y aurait une épaisse couche de blanc qui recouvrirait tout. Si dure la neige. Et ma petite aux joues si tendres, au sourire espiègle. De la savoir toute seule là-bas, sans mes mains pour caresser la terre au printemps et faire pousser quelques fleurs pour elle, je ne m’en remettais pas et je ne m’en suis jamais remise. Alors je lui parle parfois, dans notre langue, parce que la langue est une terre aussi. Je ne lui raconte rien de la vie d’ici parce que ça ne l’intéresse pas. Je lui dis le nom de chaque fleur. Dans notre langue. Pour qu’elle en fasse un bouquet là où elle est. Et je lui chante une berceuse qu’elle aimait. J’ai enterré auprès d’elle son seul jouet, une petite poupée faite de chiffons. Elle l’a touchée, l’a tenue dans son lit contre elle. Lépita était devenue mon bien le plus précieux. Je la lui ai laissée parce que je l’avais tant embrassée moi aussi que cela lui ferait de la douceur quand je ne viendrais plus. Je n’ai emporté que sa mèche de cheveux. Plus précieuse que tout l’or de la terre. Je l’ai montrée à Andrew car lui, il a gardé quelque chose de nous. Ce nous dont tu ne veux pas faire partie. Tu as beau en faire un bel Américain, lui il sait qu’il fait partie de ce nous. Quelque chose au fond de lui l’appelle et son cœur a grandi avec ça. Tu n’y peux rien, Elizabeth. Tu as endormi l’appel dans le cœur de Sigmundur mais les rivières peuvent entrer sous terre, elles réapparaissent aussi, plus loin. Le cœur d’Andrew a été bouleversé aujourd’hui et nous, nous le savons. Prends garde Elizabeth. Notre cœur est puissant. 
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Quand il était enfant il pensait qu'elle [la grand-mère du personnage, Andrew Johnson, le jeune photographe ] était magicienne. Maintenant il sait que c'est juste une femme si attentive et humaine qu'elle perçoit les mouvements invisibles qui habitent ceux qui l'entourent. (p. 165)
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Si nous sommes faits de chair après tout, c’est que la chair est précieuse. La vie s’y donne et s’y reçoit.
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les émigrants ne cherchent pas à conquérir des territoires. Ils cherchent à conquérir le plus profond d'eux-mêmes parce qu'il n'y a pas d'autres façon de continuer à vivre lorsqu'on quitte tout.
Ils dérangent le monde où ils posent le pied par cette quête même.
Oui, ils dérangent le monde comme le font les poètes quand leur vie même devient poème.
Ils dérangeront le monde parce qu'ils rappelleront à chacune et à chacun, par leur arrachement consenti et leur quête, que chaque vie est un poème après tout et qu'il faut connaître le manque pour que le poème sonne juste.
Ce sera leur épreuve de toute une vie car lorsqu'on dérange le monde, il est difficile d'y trouver une place.
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Elle n'a pris aucun cours et n'a pas de véritable culture artistique. Emilia ignore que d'autres comme elles, ailleurs dans le monde, s'essaient aussi à des formes nouvelles, oubliant les modèles pour la seule joie de la couleur. (...)
A cette femme porteuse de la mémoire de ce qu'elle ignore, elle ose montrer son travail, dans un de ces élans de confiance qu'on ne maîtrise pas, quand la vie vous met au bord de toute chose et que c'est à nu qu'il faut apparaître, puisqu'il n'y a plus que cela qui vaille. (p. 47)
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