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EAN : 9782330185176
Actes Sud (03/01/2024)
3.97/5   822 notes
Résumé :
Psychanalyste, Simon a fait profession d'écouter les autres, au risque de faire taire sa propre histoire. À la faveur d'une brèche dans le quotidien - un bol cassé - vient le temps du rendez-vous avec lui-même. Cette fois encore le nouveau roman de Jeanne Benameur accompagne un envol, observe le patient travail d'un être qui chemine vers sa liberté. Pour Simon, le voyage intérieur passe par un vrai départ, et - d'un rivage à l'autre - par le lointain Japon : ses rit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (191) Voir plus Ajouter une critique
3,97

sur 822 notes
Si vous avez besoin de sérénité ce délicat roman agira comme un baume apaisant et réparateur. Il s'agit d'ailleurs dans ce doux récit de réparation celle de Simon un psychanalyste très à l'écoute de ses patients mais trop peu de lui même. Un matin son bol se brise sur le sol et ce banal incident ouvre en lui une brèche. Un déclic s'opère lui faisant prendre conscience d'un besoin viscéral de faire le point. Il quitte tout le temps d'un voyage dans les îles japonaises Yaeyama pour faire « le plein de vide ». Un voyage introspectif qui le changera à jamais. Il troque ses agendas remplis de noms de patients et « l'armée des mots » contre le silence, la contemplation et la méditation. Hebergé dans une maison d'hôtes par un vieux couple, Simon entamera au sein de leur foyer protecteur un voyage spirituel. Madame Itô est collectionneuse de magnifiques tissus anciens, son discret mari travaille dans son atelier de céramiste où il pratique l'art nippon du Kintsugi une technique ancestrale qui consiste à réparer les objets brisés en recouvrant avec de la poudre d'or les jointures laissant ainsi les cicatrices apparentes. L'imperfection est sublimée. Les lignes de faille sont transformées en lignes de force et l'analogie ici avec les blessures intimes est finement traitée. «On est heureux de redonner vie à ce qui était voué à l'anéantissement. On marque l'empreinte de la brisure. On la montre. C'est la nouvelle vie qui commence. »Une relation complice et profonde naîtra entre eux. Il comprend alors petit à petit d'où vient son mal être.
Lire Jeanne Benameur et suivre ses personnages c'est faire un voyage poétique dans un monde intemporel et minimaliste, pénétrer dans un havre de paix propice au recueillement, c'est être à l'écoute de son propre silence, de son intériorité, de ses blessures non cicatrisées, réunifier corps, coeur et esprit mais c'est aussi devenir attentif à chaque bruissement de vie, se ressourcer en pleine nature dans un état de demi sommeil, c'est enfin trouver l'élan, le souffle vital qui mène à la liberté intérieure, à la paix de l'âme. Un voyage que je ne peux que conseiller.
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Lorsque Simon Lhumain laisse tomber le bol de faïence bleue dans lequel il boit son café chaque matin, quelque chose se brise également en lui. Psychanalyste attentif, il a passé sa vie à réparer les autres, mais en voyant le bol de son ami d'enfance en deux morceaux sur le sol de sa cuisine, il réalise qu'il a oublié de s'écouter lui-même. Lui qui n'a jamais voyagé, décide alors de tout quitter pour se rendre dans les îles japonaises de Yaeyama où, accueilli par madame Itô et son mari Daisuke, il va prendre le temps de nettoyer les traces laissées par le temps au plus profond de son être…

Ah, Jeanne Benameur ! Quand le monde part en sucette, que l'on se retrouve à l'aube d'une troisième guerre mondiale, la rétine saturée d'images horribles, à l'instar du héros de ce roman, il est bon de pouvoir aller se réfugier dans un havre de paix, au coeur des mots déposés avec délicatesse par Jeanne Benameur. Enfin au calme, me laissant bercer par la poésie de ses phrases et prenant le temps de me concentrer sur les silences qu'elle installe avec patience, je me libère du bruit environnant, totalement zen. Merci Jeanne, j'en avais besoin !

Jeanne Benameur c'est une plume délicate, douce, élégante et poétique qui invite à suivre la psychanalyse d'un homme qui prend enfin le temps de renaître dans un pays de traditions qui s'y prête parfaitement. C'est avec plaisir que l'on s'installe en compagnie de madame Itô, qui collectionne les tissus anciens, et de son mari spécialiste de l'art du Kintsugi, qui consiste à réparer les céramiques brisées, non pas en masquant les fêlures, mais en les embellissant au moyen de laque saupoudrée de poudre d'or. C'est donc réparé et plus beau que l'on ressort de ce roman de Jeanne Benameur

Vous aussi, prenez une pause, laissez Jeanne Benameur allonger le temps, déposer sa prose au ralenti, offrir ce magnifique moment de respiration, tout en vous invitant à partir à la recherche de vous-même…
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Depuis des mois, Simon Lhomme, psychanalyste, ne prend plus de nouveaux patients et pour ceux avec lesquels il n'est pas arrivé au terme, il leur conseille un confrère. Mais ce matin-là, le bol dans lequel il boit son café et auquel il tient tant, se brise. Alors son départ va s'accélérer. Il demande conseil à son ami, Hervé, habitué aux voyages lointains. Avant de s'envoler pour les îles Yaeyama, il s'imprègne de l'odeur de la ville de son enfance, de son port, de ses ruelles. Si loin de chez lui, dans cette maison d'hôtes tenue par un couple d'artistes, elle, collectionneuse de vêtements anciens, lui, céramiste, il replonge souvent dans ses souvenirs habités de Louise et Mathieu, ses amis d'enfance, et Mathilde, une jeune consoeur rencontrée récemment...

Simon Lhomme, de par sa profession, a appris à écouter et saisir le sens des mots, attentif aux paroles de ses patients, allant jusqu'à consigner dans des agendas des heures et des heures de sa vie. Allant jusqu'à oublier ses propres mots/maux... Son voyage au coeur des îles tropicales de Yaeyama, pays de tradition, sera l'occasion pour lui de faire face à son passé et son histoire, l'île étant propice au recueillement. Sa rencontre avec ses hôtes, notamment le mari qui pratique le kintsugi, sera déterminante. Jeanne Benameur nous offre un roman tout en délicatesse et poésie. À l'aide de phrases courtes évocatrices et immersives, elle dépeint, tout en finesse, le cheminement de Simon Lhomme, ses amitiés, faites parfois de silences et de gestes, avec le couple japonais ainsi que les paysages luxuriants et sereins. Un très beau voyage spirituel en quête de la vérité et d'une paix avec soi-même...
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Dernier roman de Jeanne Benameur et me voilà de nouveau sous le charme de sa prose.
Cependant, j'ai cette fois été moins sensible à l'histoire en elle-même. Simon ne m'a pas touchée, je n'ai pas été réceptive à sa "retraite" au Japon. Il m'a manqué le pourquoi de ce retrait en ce pays lointain. de ce fait, je n'ai pas réussi à me plonger dans son introspection, ni dans sa découverte des passions de M. et Mme Ito : les tissus anciens et le racommodage des poteries. Un tout petit quelque chose m'a manqué !
Peut-être faudra-t-il que je relise ce roman à un moment plus calme de ma propre vie, ceci afin de l'apprécier à sa plus juste valeur.
Jeanne Benameur reste pour moi une auteure comme je les aime, qui nous transporte dans son univers grâce à la poésie de ses mots.

Merci à Babelio pour cette fois encore cette belle opération Masse Critique qui nous permet toujours de découvrir de beaux romans ; merci aux Editions Actes Sud pour l'envoi de ce livre qui, j'en suis certaine, ravira d'autres lecteurs férus de belle écriture.
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Lorsqu'il casse le bol qui le reliait à d'anciens souvenirs, Simon, psychanalyste qui a passé sa vie à écouter les autres, prend conscience qu'il a lui aussi des choses à régler avec lui-même. Pour prendre du champ avec son quotidien, il entreprend un voyage au Japon, où quelques rencontres autour du Kintsugi – art de réparer les porcelaines et les céramiques en sublimant leurs cassures par une jointure en or, devenu une métaphore de la résilience sous-tendant toute une philosophie de vie -, favorisent son cheminement introspectif personnel.


Le talent de Jeanne Benameur est indéniable. C'est une plume magnifique d'élégance, de finesse et de poésie qui vient sublimer l'intelligence et la profondeur d'une réflexion qu'elle mène de livre en livre, dans une quête que l'on sent aussi essentielle pour elle que pour ses personnages. Dans son précédent roman, Ceux qui partent, elle célébrait la force et la liberté du nouveau départ, l'élan qui vous fait tout quitter pour l'aventure de l'exil et pour l'espoir de rebond. Elle y revient d'une autre façon dans ce nouvel ouvrage, qui métaphoriquement s'émerveille du « magnifique saut de la raie Manta », cet « élan qui fait prendre le risque de quitter son eau ». Cette fois, elle fait de ces impulsions qui nous poussent au-delà de notre zone de confort, toujours plus loin dans la connaissance de nous-mêmes et des autres, des tentatives d'atteindre ce qu'elle appelle « des moments d'âme », fugaces sensations d'harmonie « quand tout de notre être s'unifie pour pouvoir se mêler enfin à tout ce qui n'est pas nous » : une finalité qui ne semble quelque part pas si étrangère à celle des approches du Zen ou du Tao.


C'est en tout cas au Japon que Simon, après avoir épuisé les ressources de la psychanalyse, va chercher la réparation de ses fêlures et la réconciliation avec lui-même et son entourage, passé et présent. Dans le petit paradis subtropical des îles Yaeyama, archipel japonais semé dans de splendides eaux turquoise, il découvre la collection de tissus ancestraux de son hôtesse Itô Akiko ; l'art Kintsugi de son mari céramiste Daisuke ; la tradition purificatrice du Onsen, ces bains dans des sources d'eau chaude volcanique ; enfin les antiques techniques de fabrication et de teinture des tissus à base de fibre de bananier que s'arrache la haute couture du monde entier. Patience et longueur de temps produisent leurs effets : dans le silence et la proximité discrète et bienveillante de ses très sages hôtes, Simon apprend à faire la paix avec lui-même et avec son passé, et s'apprête plus sereinement à un nouvel avenir.


Et c'est là que le bât blesse et qu'emporté par ce texte si merveilleusement écrit, l'on se s'en retrouve que plus déçu de la vague sensation de creux ressenti à propos de l'histoire de Simon. Tandis que l'on se laisse charmer par le sens général du propos, par son splendide hommage au métier de psychanalyste, par la découverte de très belles pratiques japonaises aux prolongations aussi poétiques que philosophiques, enfin par le si délicat et attachant couple Itô, se renforce aussi, à mesure que le passé de Simon se dévoile, le sentiment un peu dérouté de ne pas parvenir à comprendre totalement l'impact à retardement de cette vieille histoire plutôt tordue et montée en épingle, et encore moins la miraculeuse rapidité avec laquelle tout cela se résout au Japon, dans une tonalité bien trop feel good. N'est-il pas bien chanceux, cet occidental auquel se révèlent du premier coup, et par hasard, certains aspects les plus confidentiels de la culture nippone, au point de le transformer en quelques jours ?


Cette deuxième rencontre avec les livres de Jeanne Benameur me laisse donc encore, à contrecoeur, sur une impression mitigée. Si la plume est un régal d'intelligence, de poésie et de délicatesse, et si la réflexion, illustrée d'images magnifiques, ne manque pas d'intérêt, le lecteur peine à prendre son envol dans une histoire curieusement un peu trop « simpliste » pour la hauteur de son propos.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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critiques presse (2)
LaLibreBelgique
13 janvier 2022
Son livre, lumineux mais parfois complexe - notamment vers la fin - se mérite, elle y joue avec subtilité des images qui révèlent, des silences qui disent et des mots que soufflent les amours perdus et les amitiés blessées.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
SudOuestPresse
06 janvier 2022
Avec beaucoup de poésie, Jeanne Benameur décrit le lent périple d’un homme blessé, vers lui-même
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (329) Voir plus Ajouter une citation
Il y a dans la vie des moments où l’esprit se déploie. Une voie s’ouvre, inconnue. La réalité familière cède la place. Ce qui est resté longtemps inconnu au fond de nous s’offre soudain. Epiphanie ? Moment de grâce ? Folie ?
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Elle a servi le thé et son regard s’est posé sur lui, d’une façon si légère qu’il aurait pu ne pas même s’en apercevoir. Mais il a trop l’habitude lui-même d’observer pour que ce regard lui échappe.
Je suis honorée que vous ayez choisi ma maison. Il sourit. Ici, les choses sont simples Le thé a un goût un peu fort pour lui mais il décide de s’y faire. Dans sa main, la tasse est ronde, chaude. Il revoit la tasse et laisse ses doigts glisser sur la céramique, une belle couleur de terre rouge sombre. Il pense au soleil couchant, aux paysages qu’il a hâte de découvrir.
Il est reconnaissant soudain à cette femme parce qu’il est traversé par un élan pour les jours à venir malgré la fatigue et la sensation de ne pas être complètement arrivé.
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« Il y a dans la vie des moments où l’esprit se déploie. Une voix s’ouvre, inconnue. La réalité familière cède la place. Ce qui est resté longtemps inconnu au fond de nous s’offre soudain. Epiphanie ? Moment de grâce ? Folie ? Pourtant nous sommes bien toujours où nous sommes et nous pouvons même en assurer notre conscience si nous le souhaitons. Nous pouvons regarder autour de nous, nous sommes bien assis sur une chaise de bureau ou sur un siège de métro, nous attendons dans un embouteillage ou nous écoutons une conférence mais un mot, une image, un son nous a soustraits à la réalité. Nous avons été « raptés ». Littéralement ravis au monde. Bien sûr nous demeurons où nous sommes mais notre présence vive, vraie, est ailleurs. Et dans cet ailleurs nous sommes présents aussi. Tout autant que dans la réalité que nous vivons. Nous y pénétrons comme si nous découvrions une pièce inconnue de notre maison. Et cet ailleurs éclaire soudain tout un pan de notre vie.
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On s'empare des actes qui nous font du mal. On croit, on voudrait, y avoir joué le rôle principal même si ça fait mal, juste pour ne pas être totalement impuissant face à ce qui arrive. Mais toutes ces années lui ont appris que ce qui se passe dans le cœur et la tête de chacun n'appartient qu'à celui dont le souffle anime et ce cœur et cette tête. C'est le cœur de la plante. On n'est maître de rien. On peut juste accepter et mettre tout son art, toute sa vie, à comprendre ce qu'est le fil de l'eau, le sens du bois, le rythme des choses sans nous. Et c'est un travail et c'est une paix que de s'y accorder enfin. La seule vraie liberté.
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Cette nuit, ils se regardent longuement et Akiko dessine de son index le visage de son époux. Il aime qu'elle lui dessine ainsi un visage dans la nuit. Il dit tout bas qu'elle le garde d'oublier le visage de sa jeunesse même si aujourd'hui c'est un homme aux cheveux blancs. Les mains de Daisuke sur les seins, sur le ventre d'Akiko sont toujours aussi fermes et fraîches. Lui aussi la garde d'oublier son corps de jeune femme. Les mots qu'ils prononcent dans la nuit rejoignent les mots qu'ils ont prononcés tout au long de leur vie sous les deux arbres. Les longues branches gardent vivants les mots tout autour d'eux, avivent leurs caresses, les gardent, eux, vivants dans la nuit. Aimants.
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Videos de Jeanne Benameur (38) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jeanne Benameur
Après notre entretien avec Chloé Deschamps, créatrice du compte Instagram @aquoibonlespoetes, nous poursuivons notre exploration de l'univers poétique. Dans la 2ème partie de cet épisode spécial Poésie, nous sommes en compagnie de Laure, libraire à Dialogues.
Bibliographie :
- le Pas d'Isis, de Jeanne Benameur (éd. Bruno Doucey) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20130380-le-pas-d-isis-jeanne-benameur-editions-bruno-doucey
- Made in woman, d'Hélène Dassavray (éd. La Boucherie Littéraire) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16144462-made-in-woman-helene-dassavray-la-boucherie-litteraire
- Prends ces mots pour tenir, de Julien Bucci (éd. La Boucherie Littéraire) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20480403-prends-ces-mots-pour-tenir-bucci-julien-la-boucherie-litteraire
- Faiseur de miracles, de Fadhil Al-Azzawi (éd. Lisières) https://www.librairiedialogues.fr/livre/15531936-faiseur-de-miracles-suad-labiz-ed-lisieres
- Brûler, Brûler, Brûler, de Lisette Lombé (éd. L'Iconoclaste) https://www.librairiedialogues.fr/livre/17378935-bruler-bruler-bruler-lisette-lombe-l-iconoclaste
- Des Frelons dans les coeurs, de Suzanne Rault-Balet (éd. L'Iconoclaste) https://www.librairiedialogues.fr/livre/17378693-des-frelons-dans-le-coeur-suzanne-rault-balet-l-iconoclaste
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