Je crache sur la botte de celui qui piétine pour qu'il voie en miroir celui qui embrasse la terre et ne comprend pas
A l'heure où l'on nous parle partout d'assurance à prendre, de prévisions et de protection, je dis qu'aimer c'est risquer. je dis que vivre c'est risquer.
Je revendique le risque.
Mes mots disent que nous sommes semblables.
Ils disent aussi que nous sommes uniques. Chacun. Chacune. Mortels. Précieux. Uniques.
Nous ferons notre histoire. Un à un.
Et même sic'est une poignée de sable jetée au-dessus de nos têtes c'est nous qui collectons chaque grain.
C'est de notre main qui empoigne ce que de la vie il reste pour la jeter bien haut.
Et qu'étoiles et poussières se mêlent sur notre tête. Nous sommes vivants.
Et nous continuerons.
J'ai entendu la musique de mon père. J'ai entendu la musique de ma mère. C'étaient musiques étrangères l'une à l'autre. Ils se mêlent en moi. C'est cela être la fille de. Je suis leur fille.
Je marche.
Exilés tous les deux. Et juchés sur les mots, cherchant petite place où vivre. J'avance
J'habite le vent mieux que les maisons.
Dans ma tête, sous ma peau, les mots. Je parle tout bas en ramassant des cailloux. Je remplis mes poches. Je suis sur terre. Je fais partie.
J'ai temps de mal à accepter.
C'est avec les mots que j'ai ramassés sous ma langue que je suis devenue cette femme aujourd'hui qui peut dire sa colère, son amour.
Ecrire, c'est être présent de tout son être dans l'opaque. Et tant pis pour le reste.
J'ai confiance.
Quand il y a un mur de livres dans une pièce je me sens à l'abri. Plus sûre que derrière n'importe quelle porte blindée.
Les armées n'ont jamais protégé personne du malheur. Elles protègent les pays. Elles protègent les intérêts. Elles protègent les frontières.
Mais notre frontière à nous, qui la protège ?
Qui nous permet de rester humain, à l'intérieur de nous ?
Ce qui ne peut pas s'accepter ne finit pas.
Dans une classe, un jeune homme écrit : " Ma plus grande peur, c'est de mourir dans la vie. " Je me reconnais. Je nous reconnais tous.
Restons vivants dans nos vies. S'il vous plait.
Écrire requiert ma liberté d'être humain et la fonde.