Mon avis :
Voici un petit livre tout à fait adapté à cette période aussi estivale que vacancière !
L'éternel effet mer, ou comment une hyperactive stressée trouve le repos au son du ressac et dans la contemplation des nuages.
Le ressac, on le retrouve omniprésent dans ce texte où certaines images reviennent lécher les pages sur un tempo plus ou moins régulier… Les religions qui utilisent les mantras ont bien compris l'apaisement un peu hypnotique que procure la répétition.
La narratrice, bercée par cette incantation liquide et les cris des oiseaux de mer, lâche la bride à ses pensées et laisse son esprit vagabonder dans une rêverie où chaque chose semble reprendre sa place. En ouvrant ses sens à ce qui l'entoure, elle se met au rythme de la nature et le ravissement que cela lui procure l'amène à reconsidérer sa façon de voir le monde. Ses réflexions, parfois empreintes d'une certaine candeur, l'emmènent sur des chemins qu'elle n'a pas l'habitude de parcourir, mais elle s'y promène les yeux et le coeur grand ouverts. Cette vacance de l'esprit participe au plaisir qu'elle ressent à la rencontre de cette ville joyeuse et de ses multiples lieux culturels.
L'éternel effet mer, plus qu'un roman, est une espèce de journal, une tranche de vie qui ne dure que le temps des vacances, un cahier de réflexions au bord de l'eau. Agréable à lire, il plaira sans doute aux plus citadins des lecteurs, mais peut-être parce que je vis à la campagne, loin de tout stress, j'ai eu parfois un peu de mal à être en empathie avec la narratrice. Ou est-ce parce que, contrairement à elle, je trouve plus de poésie dans la connaissance que dans l'ignorance ?
Si j'ai apprécié l'écriture, la construction du récit, le style de l'auteur, la philosophie à deux balles de la narratrice m'a souvent agacé par ses inexactitudes, sa méconnaissance de certains sujets abordés (entre Lucy, l'Australopithèque, et l'homme de Neandertal, il n'y a guère que trois millions d'années !) et le côté « enfonçage de portes ouvertes ».
J'ai toujours pensé que le succès des romans « feel good » et les livres de développement personnel tenait au fait que la plupart des gens adorent se faire répéter des principes qu'ils connaissent déjà, mais ne mettent jamais en application. Mais après tout, si ça leur fait du bien, pourquoi pas ?
Dans les dernières pages, la narratrice n'est finalement pas dupe et se dit, sur le chemin du retour, que tout cela sera bien vite rangé au rang des souvenirs, lorsque la vie professionnelle aura repris ses droits. Cela ramène ce livre à sa dimension de roman, mais me laisse quand même sur un sentiment mitigé.
Ce livre possède une dimension poétique certaine, alors, si l'on se laisse porter par les mots, le rythme du texte, on passera un très bon moment. Personnellement, je n'ai pas pu faire abstraction de ce que je lui reproche, alors il n'ira certainement pas dans mes préférés de l'année… même s'il ne manque pas de qualités.