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EAN : 9782930402239
256 pages
Aden Editions (19/01/2007)
1.5/5   2 notes
Résumé :
C’est peu dire d’Hergé qu’il est une figure ambiguë de la culture belge…et mondiale.
Adulé, on voit en lui un génie, un philosophe, un grand écrivain, un remarquable journaliste. Aucun titre dithyrambique n’est épargné au créateur de Tintin. Ce qui ne déplaît pas à ceux qui sont derrière le tiroir-caisse.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cet essai veut démonter le mythe d'Hergé en mettant en avant sa collaboration avec l'occupant allemand de la Seconde guerre et en montrant comment ses bandes dessinées illustraient l'idéologie de la droite de l'époque. Que l'on soit d'accord ou pas avec cette vison, ce livre suscite un débat intéressant, ce qui me pousserait à vous en recommander la lecture. Néanmoins, le ton de l'auteur m'a énervé d'un bout à l'autre de ma lecture. À mon sens la forme dévalorise significativement le fond, qui aurait par ailleurs mérité un analyse plus approfondie.

Ce livre, que l'auteur présente comme un essai, fait suite à son pamphlet "Le mythe Hergé » qu'il avait fait paraître en 2001 suite à sa découverte fortuite de caricatures antisémites dessinées par Hergé et à sa rencontre d'un couple de Juifs rescapés d'Auschwitz (je n'ai pas lu ce pamphlet). "Mon but, écrit-il, consiste à montrer en quoi le culte d'Hergé participe de l'infantilisation des esprits et de la montée de l'insignifiance". Noble programme ! Mais par hasard, j'ai lu ce livre juste après "Adolf Hitler. La séduction du diable" de Laurence Rees, dont j'ai rapporté ici toute le respect admiratif qu'il m'avait inspiré, tant pour la forme que pour le fond. Jugeant l'essai de Maxime Benoît-Jeannin à l'aune de ce travail de grand maître, vous comprendrez que j'aie pu être irrité par le ton excessif de l'auteur lorsqu'il écrit par exemple que les thuriféraires d'Hergé pourraient "comprendre, à leur tour, qu'ils s'arrangent pour ne pas savoir que leur idole, dessinateur d'extrême-droite, a, à son médiocre niveau, participé à une entreprise de lavage de cerveau qui visait à faire accepter par la population belge l'extermination des Juifs vivant en Belgique". Il n'est pas toujours clair de savoir si l'auteur vise Hergé lui-même, ou ceux qui ont construit son mythe. Mais après une analyse ma foi intéressante des influences subies par Hergé qui transparaissent dans ses dessins, l'auteur achève littéralement l'homme, comme pour être sûr de tuer le mythe, par des remarques telles que celle-ci: « Avec le temps, les correspondances entre albums se font de plus en plus étroites, comme si l'auteur, las d'inventer, recyclait ses vieilles astuces ».

Je note aussi des règlements de compte avec Benoît Peeters, auteur de « Le monde d'Hergé », « Hergé fils de Tintin », etc. Là aussi, à mon sens, le sérieux de l'étude s'en trouve dévalorisé. On trouve également quelques mots aimables (heureusement !) sur la magnifique référence biographique « Hergé » de Pierre Assouline, dont Maxime Benoît-Jeannin se garde toutefois de mentionner les racines juives.

Démonter le mythe d'Hergé est fort intéressant, je le confirme. Mais j'aurais apprécié une analyse plus approfondie. Ainsi, l'auteur analyse ce qu'Hergé a produit et décode des influences. Mais quelles étaient les intentions d'Hergé ? Voulait-il réellement servir l'occupant ? Recevait-il effectivement des « ordres » de la rédaction du Soir ? On pourrait imaginer l'homme plus naïf, souhaitant simplement écrire des histoires et trouvant son inspiration dans l'actualité, sans aller trop loin dans son analyse. La vérité est sans doute quelque part entre les deux… Et puis, quelle était la culture de l'époque ? Des caricatures que l'on s'empresse maintenant de qualifier de racistes, irrespectueuses ou politiquement incorrectes étaient probablement monnaie courante. À raison, on s'offusque maintenant de telles caricatures. Mais quel impact ont-elles eues sur les enfants des années quarante ? Et qu'en pensait-on, à l'époque ?

En fait, je dirais que c'est plus Tintin qu'Hergé qui est un mythe. J'aurais aussi apprécié ne fût-ce qu'un paragraphe expliquant l'origine de ce mythe. Si le mythe se trouve par exemple dans le côté aventurier de Tintin, dans son énergie bon enfant, etc., sans que l'on s'attache aux influences ni à la fidélité historique, alors pourquoi vouloir démonter le mythe ?

Se pose également une question plus générale: doit-on condamner une oeuvre parce que l'homme ou la femme qui l'a produite a eu une conduite condamnable ? Doit-on boycotter les films de Woody Allen ? Doit-on brûler les poèmes d'un grand alcoolique ?

Je ne suis pas un fanatique de Tintin et j'ai toujours des a priori sympathiques envers ceux qui démontent les mythes. Mais il faut que ça tienne la route ! J'ai apprécié l'éclairage porté par Maxime Benoît-Jeannin sur les albums d'Hergé, mais cela ne m'empêchera pas de les conseiller à des enfants. Parce que je suis persuadé que les enfants ne verront que le mythe et que Tintin nourrira positivement leur imaginaire !

Curieux de lire vos réactions, là-dessus…
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Je l'ai lu il y a déjà un petit temps. Une petite note discordante est toujours la bienvenue lorsque le consensus est aussi massif. D'autant qu'il y a une solide documentation et qu'on ne cherche pas à noyer le poisson. Pas de déversement de haine, mais une opinion bien tranchée et bien trempée. On y apprend entre autres pourquoi il y a des rues, des boulevards, des avenues Hergé dans bon nombre de villes de France alors qu'à Bruxelles, ce n'est que récemment qu'une avenue Hergé, plutôt modeste, dans un ensemble résidentiel, a vu le jour.
L'avenue Houba de Strooper, en revanche a tellement amusé Franquin, qu'il en a fait le cri du marsupilami ! Il n'y a pas de projet de la rebaptiser "avenue du marsupilami", cependant. Cela mériterait réflexion pourtant.
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Tout est dans le sous-titre, l'ouvrage relève du délire paranoïde plus que de l'essai littéraire.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
[Hergé] n'a pas de sang sur les mains, certes. Mais ce qui a aggravé son cas au fil du temps et qui a, selon moi, rendu la polémique inévitable, et cela sans que ce soit de sa faute, c'est l'attitude de ses thuriféraires, qui passent leur temps à agrandir et nettoyer son monument. [...] Ce sont eux qui se couvrent de ridicule, mais qui en même temps obligent les dissidents à monter au créneau et à participer eux aussi, même d'une manière négative, à l'entretien du mythe.
[...]
[Les thuriféraires pourraient] comprendre, à leur tour, qu'ils s'arrangent pour ne pas savoir que leur idole, dessinateur d'extrême-droite, a, à son médiocre niveau, participé à une entreprise de lavage de cerveau qui visait à faire accepter par la population belge l'extermination des Juifs vivant en Belgique.
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La plupart des journalistes, ces soutiens au quotidien de l'idéologie dominante du monde occidental, ont trouvé en [Tintin] leur "mythe de remplacement". Ce n'est qu'un exemple. Oui, Hergé et son oeuvre sont bien des icônes dominantes. Parce qu'elles sont les icônes de la classe dominante.
[...]
Mais il est bon, parfois, de partir d'oeuvres universelles parfaitement intégrées, si l'on veut transmettre un discours critique, peu audible aujourd'hui, parce que constamment brouillé, sur la réalité de l'Occident.
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Toute tentative pour en finir avec Hergé serait donc vouée à l'échec. Le monde hergéen, à la fois trop puissant et trop souple, s'adapterait à tout et à tous, marchant de pair avec les transformations de l'idéologie dominante. Ce n'est pas inexact, il faut le reconnaître. Telle est la force des mythes et particulièrement celui-là. Les croyances échappent à la raison cartésienne et à la raison dialectique.
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