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Monsieur Jean tome 7 sur 8
EAN : 9782800136240
48 pages
Dupuis (08/06/2005)
3.64/5   35 notes
Résumé :
C'est la seule femme que je puisse aimer comme ça, et jamais personne saura l'aimer comme je l'aime. Et ça, ça fait peur. Ça fait peur de réussir quelque chose avec quelqu'un comme moi...
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quand on dit : Les gens sont ceci ou cela, c'est de soi qu'on veut parler.
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Ce tome fait suite à Monsieur Jean, tome 6 : Inventaire avant travaux (2003). La première édition du présent tome date de 2005 et contient un marquepage en forme d'ex-libris. Les deux auteurs, Philippe Dupuy et Charles Berberian, ont écrit le scénario à quatre mains et dessiné les planches à quatre mains. La mise en couleurs a été réalisée par Ruby. L'album compte quarante-six planches, sous la forme de quarante-et-une histoires courtes, trente-six en une page, cinq en deux pages. C'est le dernier album de la série.

Jalousie : de nuit dans le quartier du Sacré-Coeur, Cathy et Jean rentrent à pied chez eux. Elle lui parle de son déjeuner du midi, avec un vieux copain de fac. Quand il l'a appelée l'autre jour, elle était surprise mais aussi intriguée. Elle avait envie de savoir ce qu'il était devenu. Elle continue : c'était vachement sympa, il est dans la recherche maintenant. Il a bossé trois ans au Brésil et là ça fait un mois qu'il est rentré en France. Il a un parcours intéressant, ça l'a changé en mieux. Monsieur Jean finit par se demander si elle n'essayerait pas de le rendre jaloux. le portable : Jean regarde l'écran de son téléphone portable, avec angoisse. Ce qui l'angoisse, c'est l'indicateur du niveau de charge. Il ne sait pas pourquoi, mais il ne peut pas s'empêcher d'associer le nombre de bâtons au niveau de son compte en banque, ou pire au temps qu'il lui reste à vivre. Une chance au grattage : Cathy est en train de prendre un café avec sa copine Agnès célibataire, dans un troquet. Elles regardent les clients en train de gratter un jeu : le convulsif, le collectionneur, celui qui culpabilise et qui fait ça en cachette. Il y a quelque chose de sexuel dans le comportement des hommes qui grattent leur ticket de jeu.

Les gens 1 : Félix et Jean marchent dans une rue parisienne. le premier fait observer au second qu'il a remarqué un truc. Quand on dit : Les gens sont ceci ou cela, c'est souvent de soi qu'on veut parler. Par exemple, on dit : les gens sont énervés, en fait c'est qu'on énervé soi-même. Mariage : Liette s'est lovée contre Félix sur le canapé, et lui demande s'il l'aime vraiment. Il lui répond si elle est en train de lui demander qu'ils se marient. Elle lui indique qu'elle aimerait juste qu'il s'occupe un peu plus d'elle. Avec lui, elle a l'impression de tout porter sur les épaules. Elle a l'air forte comme ça, elle peut prendre en charge plein de choses, mais elle a parfois besoin de se sentir en sécurité. Enfin bref, ce serait plus léger pour elle s'il cherchait au moins un boulot. À la boulangerie 1 : Monsieur Jean raconte à ses amis Félix et Clément qu'il rentre dans sa boulangerie et qu'il prononce un bonjour, sur un ton de voix normal. Personne ne lui répond. Il voit le coup venir : il va falloir qu'il redise bonjour, et c'est idiot car il l'a déjà dit une fois. Il ne va pas recommencer uniquement parce que ces deux abruties étaient trop occupées à discuter pour l'écouter. Quand son tour arrive et qu'il demande une baguette, la boulangère lui répond par un Bonjour peu amène.

À l'issue du tome précédent, Monsieur Jean était installé en couple avec Cathy, et ils avaient une petite fille Julie. Il avait affronté ses craintes de déchéance sociale, de peur de la séparation, de la mémoire de ses grands-parents et de leur valeur, et de la mort. le lecteur s'interroge sur la prochaine étape qu'il va franchir dans la vie. Il découvre que les auteurs ont choisi de revenir au format de gags courts, en une page, à l'exception de cinq en deux pages. Il se rend compte que Monsieur Jean ne figure pas dans tous les gags : quinze sur quarante-et-un. Par comparaison, Félix Martin figure dans vingt-et-un. Il fait la connaissance d'une nouvelle venue : Agnès célibataire et copine de Cathy. Elle figure dans onze gags. Eugène, le fils adoptif de Félix, bénéficie également d'une bonne exposition, avec un petit air futé et malin, un préadolescent qui sait faire tourner son père en bourrique avec malice et à propos. La série se déroule toujours à Paris, avec un parisianisme peu marqué, un ou deux monuments, une bouche de métro, une colonne Morris, un trajet en métro, et une balade le long du canal Saint Martin avec la passerelle Bichat.

Ayant intégré le format d'anthologie d'histoires très courtes, le lecteur retrouve avec plaisir les personnages qu'il a côtoyés pendant les albums précédents, Monsieur Jean bien sûr, et sa compagne Cathy avec leur fille Julie, son ami Félix Martin avec son fils adoptif Eugène, et sa compagne Liette Botinelli, une courte apparition de Clément, et il fait connaissance avec Agnès, bien malheureuse d'être seule. Il retrouve avec grand plaisir les dessins avec leur esthétique si personnelle. Les personnages portent la marque des artistes : silhouettes longilignes, gros nez pour ces messieurs, nez fin et pointu pour ces dames, élégance discrète dans les tenues vestimentaires sans vêtement de marque ou de luxe, visage un peu plus expressif que dans la réalité sans aller vers la caricature comique, direction d'acteurs naturaliste. de temps à autre, le lecteur prend le temps de savourer un visage ou une apparence : la douceur du visage de Cathy, la malice dans celui d'Eugène qui n'a pas son pareil pour manipuler son père adoptif, les émotions, la déprime grandissante d'Agnès qui ne trouve pas de mec, puis son air fatigué et éteint quand elle est sous antidépresseur. le plus effrayant devient Félix après que Liette l'ait quitté : amaigri et hagard, maniaco-dépressif : il fait peur à voir.

Le lecteur relève également que les artistes ont franchi un nouveau pallier dans la manière de représenter les décors : du grand art entre l'esquisse spontanée et le savant dosage d'informations visuelles. Impossible de se tromper dans la première bande de la première page : ces quelques traits évoquent le Sacré-Coeur, alors même qu'un regard prolongé sur cet arrière-plan finit par ne plus voir qu'un amas informe de traits hasardeux. le lecteur parisien reconnaît sans difficulté sa ville, également grâce aux formes des mobiliers urbains, aux potelets, des détails qui attestent de la qualité d'observation des dessinateurs. Par la suite, il peut noter la petitesse des tables dans un bistro, la forme très épurée des voitures, l'exactitude du modèle de banquette dans un wagon du métro, l'étroitesse de certains trottoirs, les mauvaises surprises dans un espace vert parisien trop sollicité, et la fameuse passerelle Bichat. Cette narration visuelle ne transforme pas Paris en une version édulcorée ou fantasmée, mais rend compte du ressenti des personnages qui y évoluent.

Une fois accepté qu'il s'agit d'histoires courtes papillonnant d'un personnage à l'autre, le lecteur se dit qu'après le processus progressif de prise en charge des responsabilités d'adulte par Monsieur Jean, les auteurs mettent à profit la palette infinie des préoccupations du quotidien. Ils le font avec une verve entraînante, nourrissant leurs histoires d'une myriade de petits riens. La relation amoureuse se retrouve au coeur d'une bonne moitié de ces histoires : jalousie, comparaison avec le comportement des joueurs sur leur ticket à gratter, envie de mariage, solitude difficile à supporter, draguer avec un bébé en poussette, avoir un comportement trop intense quand on cherche à se mettre à la colle avec un mec, craindre l'âge et la nécessité de se maquiller, se faire larguer par sa compagne, tenter l'agence matrimoniale (les applis de rencontre n'existaient pas à l'époque), se comparer à une chaussette seule (Le monde est une machine à laver qui sépare ceux qui s'aiment.), constater que les filles sont lâches et que les hommes sont des imbéciles. Parmi les autres, le lecteur retrouve des situations qu'il a pu expérimenter : s'inquiéter démesurément de la charge de son téléphone, dire bonjour dans une boulangerie sans être entendu, sentir une forme de discrimination parce qu'on est trop jeune ou trop vieux, ressentir l'environnement urbain comme un milieu agressif, se contenter de réponses toutes faites, recevoir un postillon un peu trop grand, se laisser happer par un jeu sur console, se faire observer par un vigile dans un magasin. le lecteur sent que Félix vole la vedette à Jean, avec sa déprime et son air de poète maudit, et il éprouve également une forte empathie pour Agnès désemparée de se retrouver seule dans la vie sans raison apparente.

Un dernier tome pour cette série qui est allée en se bonifiant de tome en tome. Plutôt que de se focaliser sur un chemin bien tracé pour Monsieur Jean, les auteurs font le choix d'ouvrir le champ de leurs observations à de multiples situations diverses, dont Monsieur Jean fait l'expérience d'une partie, et d'autres personnages du reste. le lecteur se régale à chaque page, de la personnalité graphique des artistes, aussi convaincants qu'impressionnants dans leur façon de styliser les environnements, aussi bien en extérieur qu'en intérieur, et d'insuffler de la vie et de la personnalité dans les protagonistes. Les questionnements sur les relations amoureuses continuent au travers de la situation des personnages. Dans le même temps, Eugène, préadolescent, assure la relève des adultes. Il manipule son père adoptif avec une efficacité redoutable, et il pose des questions sur la survenance imprévisible de la mort (juste pour prouver que l'ignorance est donc source de bonheur et de légèreté), sur l'irresponsabilité d'un adulte qui devrait lui donner l'exemple, sur l'existence de Dieu. Un tome bien agréable, même s'il fait un écart avec la progression narrative de la série : il constitue un épilogue de grande qualité.
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La bande dessinée consacrée à l'univers de Monsieur Jean est un exemple parfait de la famille en ce début de siècle. Un couple de trentenaires a bien des soucis avec le quotidien, les enfants (le leur, ceux des autres), la nounou, les amis, la bonne copine et ses conseils judicieux mais également l'amour, la sexualité et le temps qui passe. La vie n'est en fait qu'un réseau de contradictions auxquelles Monsieur Jean est confronté tous les jours, à la boulangerie, au restaurant, chez le pharmacien, dans le parc. Et ainsi sont légèrement égratignés les petits travers de ses contemporains (y compris nous) : les impolis qui vous font le reproche de votre supposée grossièreté, les fumeurs qui vont arrêter de fumer... demain, les oisifs qui font des remarques à leurs enfants paresseux, la mère abusive (pas juive, mais presque) qui veut gérer la vie sentimentale de sa fille... Bref, un constat sociologique à travers le prisme de l'humour pour une série de gags plutôt tendres mais inégaux. Ouf, on est toujours le vieux de quelqu'un et le jeune de quelqu'un. de même, toutes nos valeurs assez superficielles (le paraître, l'avoir) en prennent pour leur grade.
Mais l'album fermé, je doute que nous changions en quoi que ce soit. Il y aura toujours des jaloux, des machos, des faiseurs de leçon, des profiteurs... et énormément de belles personnes, honnêtes, et tout, et tout. Mais celles-ci ne posant aucun problème, on n'en parle jamais car le bonheur ne fait pas de bonnes histoires.
En plus, certaines situations évoquent celles vues dans une série américaine bien connue.
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Retour à la page plus classique par gag. Contente quand même d'en être arrivée là.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Alors, tu m’engueules parce que j’utilise ta carte bleue pour acheter une console, et après tu joues tout le temps avec. Félix, tu me déçois beaucoup. Quel exemple crois-tu donner à un préadolescent en plein épanouissement ? Tu es supposé être un modèle pour moi. Et tu passes tes journées affalé dans un fauteuil à pleurer sur ton sort ou bien tu gaspilles ton temps et ton argent avec des jeux idiots. Lâche cette console. C’est ta vie que tu dois prendre en main. Remonter la pente, me prouver que ça vaut le coup de se battre et que tout est affaire de volonté. Commence déjà par lâcher cette console et va te raser.
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Ce matin dans le métro, une femme assise en face de moi se maquillait. Les soubresauts du wagon ne la gênaient pas. Elle devait se plier à cette gymnastique tous les matins. J’ai pensé : vu son âge, elle ne peut pas se permettre d’arriver au bureau sans se faire une beauté, son patron lui en voudrait. Ensuite, je me suis dit : un jour, mi aussi, je devrai passer des heures à me maquiller, pour qu’on ne remarque pas trop vite que je suis vieille et ça me prendra tellement de temps que je serai obligée comme elle de finir de me maquiller dans le métro. Et le métro, ça pue. Ensuite, je me suis dit : Avant quand un crétin me faisait une réflexion sur mes fesses ou mes seins, j’avais envie de le tuer. Mais maintenant, plus personne ne me dit rien. Du coup, ça m’inquiète. Alors je me suis acheté des chaussures et je les ai payées une fortune.
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Imagine… Dans un quart d’heure, tu vas mourir, et ça tu ne le sais pas. Non, non, ce n’est pas du tout morbide. Au contraire, c’est le bonheur absolu. Supposons que dans un quart d’heure, tu sors faire des courses, et Paf ! Mais là, tu ne le sais pas, alors tu vis tes derniers instants dans la plus totale insouciance. Ou supposons encore que ti sois atteint d’une maladie incurable, cancer, sida, enfin tu vois… Bon, mais tu ne le sais pas non plus… […] À rien, c’est juste pour te prouver que l’ignorance est donc source de bonheur et de légèreté.
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Ce qui m’angoisse le plus avec le téléphone portable, c’est l‘indicateur de niveau de charge. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne peux pas m’empêcher d’associer le nombre de bâtons au niveau de mon compte en banque. Ou pire au temps qu’il me reste à vivre. Évidemment quand mon téléphone est chargé à bloc, tout devrait aller pour le mieux. Mais je suis angoissé par tous ces gens autour de moi qui vont bientôt mourir ruinés.
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Ce qui est injuste, c’est que quand on est en couple, le monde est un jardin où tout nous est offert, mais en même tout nous est interdit. Mais dès qu’on est seul, d’un seul coup c’est le désert. Plus rien ne nous est interdit, mais il n’y a plus rien à prendre.
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