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Citations sur Le grand sylvain (19)

Celui qui nous a expédiés là est trop loin pour qu'on l'aperçoive. Le gain aléatoire, minuscule, qu'on transpire à se procurer doit couvrir une dette dont nulle trace perceptible ne témoigne. Le monde réel, le soleil d'aujourd'hui, le travail de chaufournier n'enferment pas leur raison suffisante.Ils n'existent qu'autant que notre condition nous prédestine à la dépossession et à l'impuissance puis à recouvrer, d'ahan, ce qui nous fut ravi afin de partir comme on est arrivé, tout entier, sans laisser des heures béantes, des fantômes désolés. Ils tourmenteraient, je crois, ceux qui nous suivront. Ceux-ci toucheraient nos obligations mal tenues, notre espoir abandonné, l'intégralité de nos arriérés, avec usure, alors qu'ils seront pareils, promis à perdre et à pâtir avant de s'aviser qu'ils ont à revenir en eux-mêmes pour s'en aller comme ils sont venus.
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Ce qu'on fait ne vise qu'à empêcher qu' un gosse inconsolé ne survive à l 'adulte anéanti. Quand celui-ci pourrait être tenté de ne pas attendre, d'aller au devant de la paix à laquelle il se sait promis, quelqu'un a besoin de ses services, du reste de l'intermède, pour obtenir ce qui lui permettra, à lui aussi, de partir.
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C'est de se savoir finie que la vie prend tournure, esquisse la boucle qui la repliera sur elle-même, le signe du néant. C'est pareil , sauf que l'adulte a pris la place du gosse, lequel a passé dans l'air où d'autres yeux, plus pénétrants, le verraient. Et, aussi, que le bon endroit, celui de la rencontre s'est déplacé de quelques centaines de lieues, sous le plus féroces des juillets que j'aie connus. Les coups de trique rimbaldiens, lassés des cieux ultra-marins, avaient choisis, pour y pleuvoir, les gorges supérieures de la Dordogne, où je cherchais, juste après qu'elle est née des volcans.
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On croit que nos sens nous trompent. Ils nous livrent, quand ça leur chante, des indications exactes, telles que quelque chose correspond quelque part à l’impression que nous en avons mais, à d’autres moments, ce n’est rien, semble-t-il, qu’une impression.
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Ce qu’on cherche, on le trouvera vers la fin, si on le trouve.
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Mais tout ce qu'on peut faire, pendant que le monde existe et que sa considération nous écrase, c'est de rechercher méthodiquement ce que jadis il nous a enlevé.
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Sa beauté, il a vocation de la perdre pour persister dans son être et nous et les linottes à essayer de la lui ravir pour compenser ce qui, dans le nôtre, laisse si fort à désirer.
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Il y a une dernière chose qu’on peut envier aux insectes, outre la cuirasse, les cœurs épars, la science innée, la stupeur : c’est la patience.
Ils sont un siècle et demi à cheminer par monts et par vaux, perdus dans les forêts de l’herbe, la nuit, cherchant le passage, le tablier des ponts et on voudrait qu’ils soient là, dans l’instant, parce qu’on a cet instant et la prétention, avec ça, d’acquitter une créance qui court depuis le commencement. Le temps passe. L’instant s’achève et tout ce qu’on trouve, c’est de reprocher au gosse, au vrai, qu’on a traîné avec soi, d’être assis, bras ballants, sur une souche, à ne pas chercher. On lui en veut de ne pas déférer à l’injonction du gosse fictif que ses yeux ne sauraient déceler dans l’après-midi blême alors qu’il devrait être manifeste, aux nôtres, qu’il n’y est pas, pour lui, pas encore, puisqu’il est un gosse, un vrai. Si l’on était raisonnable, on se rendrait à l’évidence. On verrait. On accepterait. On se tairait. Au lieu de quoi on adresse des paroles amères à quelqu’un qui n’a rien fait. On veut le charger d’une part de la vieille dette qu’on a contractée. Finalement, c’est une querelle de gosses, même si l’un des deux n’est plus visible et c’est celui-ci, en vérité, qu’il faudrait chapitrer sur son acrimonie, sa mauvaise querelle, son incurable faiblesse.
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Des années durant, c’est ainsi qu’il en va. On cumule les déficits et les noirceurs. On fait l’expérience réitérée de la séparation et de l’impuissance. Chaque jour inscrit quelque chose au registre des pertes, jusqu’à l’instant où l’on se met à regarder autrement ce qui se passe, où l’on s’avise qu’il n’est pas dit, écrit – pas encore, pas tout à fait – que la colonne dont le pied se perd, là-bas, vers l’origine, se prolongera en droite ligne jusqu’à la fin
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Mais tout ce qu’on peut faire, pendant que le monde existe et que sa considération nous écrase, c’est de rechercher méthodiquement ce que jadis il nous a enlevé.
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