AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,14

sur 110 notes
5
23 avis
4
13 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Michel Bernard s'est servi d'une correspondance entre Omer Dewavrin édile de Calais à la fin du 19e siecle et Auguste Rodin à qui la ville avait commandé une oeuvre en souvenir d'un groupe de notables qui s'était illustrés pendant la guerre de cent ans. Telle que le voulait les usages de l'époque ces 6 notables avait apporté la clé de la ville aux anglais qui les assiégeaient en se présentant pieds nus et vétus d'une simple chemise, la corde au cou. Ils avaient offert leur vie en échange de la clémence de l'assiégeant vis à vis des habitants.
A partir de ces quelques lettres échangés entre le maire et l'artiste, l'auteur a livré l'histoire romancée de la genèse de l'oeuvre ainsi que des liens qui se sont tissés entre les 2 hommes.
Comme dit par d'autres lecteurs, le style de Michel Bernard fait tout pour que la lecture soit passionnante.
Un très bon moment de lecture pour moi aussi.
Commenter  J’apprécie          60
Roman basé sur la correspondance d'Auguste Rodin et le Maire de Calais, Omer Dewavrin entre 1884 et 1903. Entre la gestation du projet et l'érection du monument définitif, il s'écoulera onze ans. 11 ans durant lesquels le lecteur assiste au processus de création de l'artiste et au cheminement du Maire et de son épouse Léontine, pour rapidement adhérer complètement à la vision d'Auguste Rodin dans le choix qu'il fait de représenter les six bourgeois qui s'offrent en sacrifice au Souverain anglais et pas seulement le plus célèbre d'entre eux, le sculpteur n'est pas encore le Grand Auguste Rodin à la renommée nationale puis internationale qu'il acquiert par la suite et à laquelle ce monument participe pleinement. Pourtant très controversé au départ, par les notables du début du XXe siècle. C'est toute cette ténacité de la part du Maire, cette réflexion de part et d'autre et les liens d'amitié et de respect mutuel qui se tissent entre les protagonistes, avec pour toile de fond, la bourgeoisie de l'époque et la Société déjà très clivée entre la Capitale et la Province (que Paris désigne aujourd'hui par, « en région »)…
Très bien construit, très bien écrit et très intéressant la démonstration du chemin que peut faire un couple de bourgeois classique se coltinant avec les à priori d'une société qui veut surtout se conformer aux critères de son époque,
Commenter  J’apprécie          60
Ce sont les danseurs d'un ballet immobile, des corps mus par la force de l'âme dont la vibrante énergie défie la mort. La chorégraphie envoûtante d'une humanité de métal quand l'inerte anime le vivant, dans un renversement de l'ordre des choses. Quand les ombres mortifères qui voilent les paysages et diluent les joies sont pourtant le mouvement de l'existence. Frémissantes, elles se déplacent en ondes vibrantes d'une vie naissant sous les mains du sculpteur.
Ces deux amoureuses aux doigts forts et souples caressent le bronze pour lui donner naissance, incarnation du divin en une sensualité céleste, manifestation d'une foi envers l'homme de la vérité de l'artiste. Les mains sont le prolongement profane et mystérieux de l'esprit créateur, reliées par le métal aux secrets mystiques de l'âme, Voie sacrée d'un infini qui sonde passé et avenir de délicates empreintes de pouces dans la matière.
L'artiste sculpte le temps, d'un ballet qui s'accélère au diapason d'un moment de grâce s'étirant vers l'éternel.
Il défie la mort en façonnant la vie, qui se reflète dans le regard de ces six personnages, prêts à l'affronter dans une danse où, à l'harmonieuse fraternité succède le désordre de la peur.
En admirant la célébration du vivant éternel, chaque spectateur voit dans les yeux des personnages sa propre mort, allégorie suprême des contradictions de l'existence.

"Les bourgeois de Calais" est une sculpture en bronze achevée par Rodin dix ans après que Omer Dewavrin, maire de la ville, lui eût confié la réalisation d'un monument â la gloire de six héros de la guerre de Cent Ans.
Dix ans durant lesquels le sculpteur chorégraphia ce ballet de bronze au diapason du mouvement de ses mains, rythmé par les controverses, les doutes, les épreuves.
Dix ans après lesquels Rodin, allé au bout du projet et de lui-même, louera l'héroïsme de l'homme, affirmera la grandeur de l'artiste; sculptant son destin de l'or des génies.

La prose délicate et sensuelle de Michel Bernard rend hommage à l'artiste et à ceux qui, dans l'ombre, ont accompagné Rodin, mettant notamment en lumière du couple Dewavrin dans l'accomplissement d'une oeuvre qui révolutionna la sculpture. Quand l'histoire d'une statue rencontre l'Histoire de France.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          60
Quand on nomme le nom d'Auguste Rodin, on pense très spontanément à ses oeuvres les plus connues le Penseur ou encore L'Âge d'airain. le roman de Michel Bernard décrit la rencontre et les liens qui se nouent au fil du récit entre Auguste Rodin, sculpteur déjà consacré et reconnu, et Omer Dewavrin, maire de Calais. Nous sommes en 1884, à l'approche du centenaire de la Révolution. Omer Dewavrin souhaite faire ériger un monument en hommage aux Bourgeois de Calais, ces six hommes qui offrirent les clés de la ville aux Anglais pendant la guerre de Cent ans, en 1347, épargnant ainsi à la ville de Calais une probable dévastation par les troupes ennemies.
Dès la première rencontre, rue de l'Université, siège de l'atelier de Rodin, une nécessité esthétique s'impose à ce dernier : rappeler les couleurs du ciel flamand, les nuages de la mer du Nord : « Il affirma que ces hommes d'autrefois, ces Français du Moyen Âge, les avaient vus, ce ciel, ce soleil, cette mer, comme lui, comme tous les Calaisiens. » Rodin comprend d'emblée que l'hommage sera réussi si les spectateurs s'identifient naturellement à ce sacrifice des Bourgeois.
Après ces premiers contacts qui ne permettent pas d'établir un lien de confiance définitif entre les deux hommes, Rodin surprend son interlocuteur :il lui expose un projet de maquette de la sculpture, bien plus ambitieux, plus impressionnant. Omer Dewavrin , que l'auteur décrit comme un homme soucieux du bien commun, « un homme de sens pratique , positif et raisonnable » , qui a aussi appris dans sa jeunesse à se tenir à distance des passions , prend conscience de la pertinence et de la justesse de son choix de Rodin comme sculpteur : « Il voyait, dans une soudaine accélération du temps , quelque chose qui demeurerait ;On viendrait de Paris , des quatre coins du pays pour admirer l'oeuvre que Calais allait élever à la mémoire de ses héros . »
On trouve également dans le récit de Michel Bernard des précisions quant à l'entourage de Rodin ; ainsi, le rôle de Rose Beuret, son épouse, est-il évoqué : « Cet inlassable dévouement lui appartenait à elle, Rose Beuret, couturière, née à Vecqueville, Haute-Marne, le 9 juin 1844. Cela, quoi qu'il pût arriver, personne ne pourrait jamais le lui enlever. »
Bien sûr, plusieurs passages du livre font mention de la présence de Camille Claudel dans l'atelier de Rodin et de son concours. Un échange de regards qui a lieu en présence d'Omer Dewavrin, lui fait comprendre les liens entre Auguste Rodin et Camille Claudel : « La jeune fille l'aidait, il la formait en même temps. Melle Claudel était la plus douée des apprentis qu'il n'eût jamais eus. »
Les Bourgeois de Calais est un roman qui nous fait partager l'enthousiasme, l'implication des deux personnages, l'artiste et l'édile dans la réalisation de ce projet qui marqua de son empreinte l'histoire de la sculpture française. Il rappelle le contexte du centenaire de la Révolution de 1789, dont les manifestations commémoratives voulaient rappeler les Français aux notions de dévouement et de civisme. En cette occurrence, ce fut réussi.




Commenter  J’apprécie          50
Il fallait tout le talent de Michel Bernard pour nous passionner sur un tel sujet :comment Rodin et Omer Dewavrin, maire de Calais ont réussi à imposer leur projet très contreversé de la sculpture des Bourgeois de Calais. On est absorbé par un certain suspens, alors que l on sait que la statue existe bel et bien.
Commenter  J’apprécie          50
Omer Dewavrin, notaire et maire de Calais, a réussi à faire adopter par le conseil municipal son projet de monument en hommage aux six notables qui se livrèrent en 1347 au roi d'Angleterre afin de sauver leurs concitoyens après le terrible siège de la ville. le maire doit maintenant trouver un sculpteur pour réaliser cette oeuvre. C'est pourquoi il rend visite à Auguste Rodin dont un peintre calaisien lui a parlé. A 44 ans, l'artiste cherche encore à asseoir sa réputation mais il séduit rapidement Omer Dewavrin : « Il s'échauffait en discourant. le sculpteur laconique, maladroit, presque frustre tout à l'heure, ramassait ses vues dans des formules saisissantes, concrètes et inspirées. le monument devrait rapprocher les hommes d'aujourd'hui de ceux d'hier. L'hommage rendu au sacrifice des bourgeois n'aurait force de vérité et d'exemple que si les spectateurs pouvaient s'identifier à eux. C'est ce que lui, Auguste Rodin, voulait faire, donner une âme au bronze, et que le bronze soit une âme pour les yeux et les mains qui les caresseraient. » La rencontre des deux hommes marque la naissance d'une des sculptures les plus remarquables de l'artiste et d'une sincère amitié.

Après avoir beaucoup aimé « Les deux remords de Claude Monet », j'ai été enchantée de retrouver l'écriture ciselée de Michel Bernard. L'auteur excelle à nouveau à rendre l'atmosphère de l'époque, d'un Paris en pleine transformation et du bouillonnement artistique de cette fin de siècle (on y retrouve Claude Monet avec un joli clin d'oeil de l'auteur à son roman précédent). La réalisation des « Bourgeois de Calais » prend des allures d'épopée, il faudra dix ans à Rodin pour livrer sa sculpture, inaugurée en 1895 alors qu'elle devait l'être pour le centenaire de la Révolution. Entre réticences face à la singularité de la maquette, une crise financière, une épidémie de choléra, des retards de l'artiste, il aura fallu beaucoup de ténacité à Omer Dewavrin pour arriver au bout de son projet ! « Les bourgeois de Calais » est aussi l'occasion pour Michel Bernard de dresser deux beaux portraits : Omer Dewavrin, intègre, pratique, solide, aimant sa ville et les plaisirs simples de la vie ; Auguste Rodin, artiste génial, ogre charismatique, débordant d'idées et d'énergie.

C'est la correspondance des deux hommes (et de Léontine Dewavrin, la femme du maire) qui a inspiré ce roman délicat et passionnant à Michel Bernard et qui nous permet de découvrir les coulisses de la création de ce saisissant monument.
Lien : https://plaisirsacultiver.com/
Commenter  J’apprécie          50
C'est une lecture facile, et il est toujours curieux de plonger dans les méandres créatifs d'une oeuvre d'art. Certes l'auteur ne s'étend pas sur la personnalité de Rodin, mais sans doute n'est ce pas son but. On découvre par contre assez bien les péripéties du financement, des choix politiques de cette oeuvre d'art. Intéressant donc.
Commenter  J’apprécie          40
Naissance d'une oeuvre

L'énarque Michel Bernard utilise souvent la figure de grands artistes comme matière pour ses romans. En 2003, il publiait Comme un enfant, qui était présenté comme une biographie romancée de Charles Trenet. Dans La tranchée de Calonne, l'auteur faisait apparaître, plus ou moins furtivement, Jeanne d'Arc, Maurice Genevoix, Maurice Ravel ou Alain-Fournier. La maison du docteur Laheurte faisait intervenir l'amiral Jean Cras comme un des personnages, non référencé. Dans le corps de la France, ce sont les romanciers Léon Werth et Henri Calet qui font partie de l'intrigue. le titre de Pour Genevoix est explicite, tout comme Les forêts de Ravel ou Deux remords de Claude Monet. Puis c'est Jeanne d'Arc qu'il invoque de nouveau dans le Bon Coeur, et, en 2021, il proposait avec Les bourgeois de Calais, de revenir sur un épisode de la vie d'Auguste Rodin. Plus précisément, le livre raconte comment le sculpteur a été amené à livrer une de ses oeuvres phares au maire de la ville.

Le début

En se promenant dans Paris, Auguste Rodin admire une nouvelle fois la statue en bronze du Maréchal Ney, produite par François Rude et qui se trouve sur l'avenue de l'Observatoire. Il se souvient du moment où l'oeuvre avait été livrée, quand, à 13 ans il habitait rue Mouffetard. Il était venu la voir avec sa mère mosellane, et donc toute aussi lorraine que le maréchal, son père fonctionnaire et tout autant patriote, et sa soeur. C'est avec Jean-Baptiste Carpeaux, un élève de Rude, qu'il a appris son métier, et il a savamment étudié les conditions dans lesquelles le célèbre sculpteur avait gravé dans le marbre le non moins célèbre militaire. Il comprenait, en contemplant l'oeuvre, quelles étaient les intentions de l'artiste, et il salue à chaque fois l'audace dont il a fait preuve pour imposer sa vision aux membres du comité de sélection, par nature plus conservateurs. En cet automne, il cherche un lieu parisien où pourrait s'exposer son Âge d'airain, enfin prêt après bien des aventures.

Analyse

Le projet de Michel Bernard est à la fois simple et ambitieux quand il écrit Les Bourgeois de Calais. D'une part, il s'agit de croquer la figure d'Auguste Rodin, non pas dans l'ensemble de son existence, mais sur une période de temps bien délimitée, celle de la production d'une de ses oeuvres phares. Ainsi, il évite les poncifs de la biographie, ou de l'hagiographie, qui part de la naissance de l'artiste pour se conclure sur sa mort. On se concentre sur un peu plus d'une dizaine d'années, entre le moment où le sculpteur rencontre son commanditaire, le maire de Calais, et l'inauguration de son oeuvre sur la place de l'hôtel de ville. Ce qui est ambitieux dans ce travail est de vouloir explorer l'ensemble des tenants et des aboutissants de cette commande, tout en restant évasif dans la construction du roman. Nous sautons ainsi, avec des ellipses tout à fait légitimes, d'une période à l'autre, mais l'auteur est très, voire trop, minutieux dans sa description de chacune des étapes du processus.

C'est pourquoi la lecture des Bourgeois de Calais est un peu rébarbative. À n'en pas douter, Michel Bernard sait de quoi il parle, et il est très consciencieux dans son projet d'écriture. Cela se confirme à la fin du livre, où il retranscrit telles quelles, non pas l'ensemble, mais une partie de la correspondance qui lui a servi de modèle pour la rédaction de son roman. Est-ce dû à sa formation initiale, en tout cas il use de moult détails pour expliquer chaque entrevue, chaque voyage, chaque étape, et l'on s'ennuie quelque peu à certains endroits, bien que l'ouvrage ne soit pas si long. C'est peut-être aussi lié à sa prose, qui est trop ampoulée et manque singulièrement de rythme. Par contre le style est soutenu, et l'on ne peut lui reprocher d'user d'un langage châtié. Reste que la lecture d'une traite du roman peut s'avérer franchement difficile. En soi, ce n'est pas un problème insurmontable, et le lecteur peut y revenir petit à petit, prenant son temps, sans pour cela perdre le fil du récit.

Le plus intéressant dans Les Bourgeois de Calais est sans aucun doute le contexte, et les à-côtés qui ponctuent le récit principal de l'ouvrage. En cela, la retranscription de la correspondance entre Auguste Rodin, Omer Dewavrin et son épouse Léontine est tout à fait passionnante. Non seulement elle nous renseigne sur la façon dont un tel projet se construit au fil du temps, mais aussi sur la manière avec laquelle un donneur d'ordre peut parfois entretenir des relations plus ou moins cordiales avec son partenaire. Tout aussi pertinente est la façon dont Michel Bernard évoque, trop brièvement, les relations qu'entretient Rodin avec sa nouvelle assistante, qui n'est autre que Camille Claudel, et, de façon encore plus furtive, avec Octave Mirbeau, alors plus journaliste et critique d'art qu'auteur. Ces figures apparaissent toutefois de façon trop courte, et mériteraient sans doute un traitement plus fourni, même si ce n'est pas là le coeur de l'action qui nous est racontée.
Lien : https://panodyssey.com/fr/ar..
Commenter  J’apprécie          30
Une très jolie découverte.

Je n'avais pas connaissance de l'histoire de la sculpture des bourgeois de Calais. L'auteur a su la retranscrire avec justesse, s'appuyant sur les lettres que s'échangeaient Omer Dewavrin, le notaire et maire à l'origine du projet, et Auguste Rodin, le sculpteur en charge de la réalisation.

Un seul petit point décevant: j'aurais souhaité lire davantage de passages sur les réflexions de Rodin.
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (209) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3234 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}