Un jour, ma manucure, entrant dans ma chambre pour me faire les mains, fut priée par ma sœur d’entrer doucement parce que je dormais encore. Cette femme tourna la tête, me croyant endormie dans un fauteuil ; mais, m’apercevant dans un cercueil, elle s’enfuit en poussant des cris de folle. À partir de ce moment, tout Paris sut que je couchais dans mon cercueil ; et les cancans vêtus d’ailes de canards prirent leur vol dans toutes les directions.
« Vous savez, me dit-il, que je suis aujourd’hui tout-puissant. – Par le temps qui court, cela n’a rien d’étonnant, répliquai-je. – Je viens vous trouver pour faire la paix ou la guerre. »
Cette façon de me parler ne me convenait pas. Je me levai d’un bond. « Comme je prévois que vos conditions de paix ne me conviendront pas, cher Monsieur, je ne vous laisse pas le temps de me déclarer la guerre : vous êtes de ceux qu’on préfère, quelque méchants qu’ils soient, avoir comme ennemis que comme amis. »
Ma vie, que je croyais d’abord devoir être si courte, me paraissait maintenant devoir être très, très longue ; et cela me donnait une grande joie malicieuse, en pensant l’infernal déplaisir de mes ennemis.
Je résolus de vivre.
« Les riches, les premières… à l’eau ! Les émigrants, les secondes… dans les canots ! » Et j’entendis un rire sournois, étouffé, qui sortait de partout : devant moi, derrière moi, à côté de moi, sous mes pieds ; et qui se répercutait dans le lointain comme les rires « à la cantonade » au théâtre
L’hospitalité est une qualité, faite de saveur primitive et de grandeur antique.
LA CHRONIQUE DE GÉRARD COLLARD - MA DOUBLE VIE