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EAN : 9782283036976
128 pages
Buchet-Chastel (18/08/2022)
3.62/5   60 notes
Résumé :
"Mais s'il ne s'agissait pas d'un jeu ? Si à force de leur donner matière à y croire tes étudiants t'avaient pris au mot, s'ils avaient voulu appliquer à la lettre le contenu de ce texte que tu leur offrais en fin de cycle, ce texte dans lequel tu détaillais point par point la mise en actes des théories étudiées pendant leur cursus ? Serait-il alors envisageable qu'ils aient réussi, comme tu le préconisais, à renverser le pouvoir en place ? Non, tu ne peux l'envisag... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Violaine Bérot se joue de son lecteur, l'amène sur un territoire dans lequel il n'a aucun repère si ce n'est de savoir que le récit se déroule en France dans un futur assez proche, un an après les prochaines élections électorales. le reste est une énigme, un jeu auquel le narrateur est forcé de se soumettre.
Dans ce long monologue, dans un style narratif très brut (qui m'a rappelé celui de Sandrine Collette avec le personnage de Liam dans On était des loups), on suit le fil des pensées de celui qui s'avère être un professeur d'université dans la cinquantaine. Il va peu à peu raconter son aventure rocambolesque ; il est subitement kidnappé en pleine rue par des hommes, conduit dans un hangar dans lequel il va se retrouver parqué avec un millier d'hommes comme un animal. Là, il va subir la promiscuité, la faim, la soif, mais surtout pire que tout, il ne comprend pas pourquoi il est là. Qu'a-t-il fait ? au nom de quoi est-il enfermé ? pour quel crime réel ou fictif ? et les autres ?
Le narrateur semble dans un état de sidération tel que cet état va l'empêcher de communiquer et de réfléchir sur les raisons de son enfermement. Dans sa propre prison mentale, il retourne fiévreusement ses multiples interrogations.
Du fait de cette perte de repères, le lecteur peut calquer toutes sortes d'images sur les épreuves vécues par le personnage : migrants, Shoah, prisonniers politiques …
Ce n'est là que la première étape d'un voyage que je ne raconterai pas plus en détail pour ne pas gâcher les effets de surprise.
Comme le narrateur, le lecteur entre dans un questionnement permanent auquel il ne reçoit aucune réponse, si ce n'est celle qu'il est peut-être prêt à entendre ou capable de formuler lui-même.
C'est la force de ce livre, il nous questionne sur de multiples sujets de société en très peu de pages : la réalité vs l'utopie, l'individualisme vs le groupe, l'oppression d'un régime sur les individus … Quelle place pour chacun dans la société, jeune ou vieux ? Quels idéaux ? Quelles utopies, quelles révolutions le monde porte-t-il encore en lui ? Qui pour y croire encore ?
Qu'est-ce-que notre vie, qui sommes-nous ? vivons-nous dans notre propre représentation, que se passe-t-il le jour où nos chimères deviennent réalité ? pouvons-nous toucher du doigt nos rêves les plus fous ? le rêve est-il plus beau que la réalité, même celle ardemment désirée ? Quel est notre rapport à l'autre, qu'aimons-nous chez lui ? ce qu'il est ou ce qu'il représente ?
Un livre déroutant à lire non pour trouver des réponses mais se poser des questions.
L'écriture à l'os de l'auteure m'a interpellée, avec une économie de mots, des concepts plus que de réels personnages, elle arrive à faire passer un nombre foisonnant d'idées. Une réflexion poussée et originale qui m'a réellement bluffée. J'ai retrouvé dans ce texte très court la puissance d'écriture d'Emilienne Malfatto (Que sur toi se lamente le Tigre), preuve que la qualité d'un texte ne se mesure au nombre de ses pages.
Une auteure au style percutant à suivre pour les réflexions et interrogations qu'elle suscite chez le lecteur. Un livre à lire et à relire, à la frontière du réel et de l'imaginaire, qui va me poursuivre et m'interroger pendant quelques temps je pense.
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Un bref roman étrange et déroutant pour la lectrice que je suis. J'avais sincèrement apprécié Comme des bêtes, mais j'ai du mal à donner un avis tranché sur C'est plus beau Là-bas. Dans un long monologue qu'il s'adresse à lui-même, « Tu » tente de comprendre ce qui lui est arrivé. Il a été kidnappé, puis il s'est retrouvé enfermé dans un hangar avec un millier d'autres personnes. Il ne sait pas pourquoi, il ne cesse de se demander ce qui lui a valu cet internement, il répugne à interroger les autres, se referme sur lui-même, s'interroge sur son attitude… le lecteur, s'il a eu la bonne idée de ne pas lire la quatrième de couverture, devra attendre la moitié de cette brève dystopie pour découvrir ce qui est peut-être un élément de réponse. Peut-être, ou peut-être pas, finalement… Ma perplexité a continué jusqu'à la fin, et plus encore.
***
J'ai beau avoir attendu quelques jours avant d'attaquer cette chronique, j'ai beau avoir lu 3 critiques de Babéliotes (5, 4, et 2 étoiles), je suis toujours aussi désemparée pour parler de ce roman de Violaine Bérot. Je ne sais que penser de cet universitaire habituellement sûr de lui, mais adoptant souvent une attitude victimaire, charismatique, admiré par ses étudiants, qui s'interroge sur lui-même d'abord, puis sur ce qu'il professait jusque-là. L'aurait-on pris au pied de la lettre ? voulait-il vraiment de la société qu'il a imaginée et prônée ? le roman pose une foule de questions sur la politique, l'organisation de la société, sur une évolution souhaitable, sur les théoriciens, sur la jeunesse et son rôle, sur le couple, l'amour, etc., sans apporter de réponse (heureusement !) et sans satisfaire les interrogations du lecteur : le rôle et le sort de l'accompagnateur ? la présence de l'épouse ? la défection du narrateur ? Je reste perplexe… Mais il y a l'écriture de Violaine Bérot, précise, incisive, poétique parfois (pendant la marche forcée, entre autres), toujours superbe. Tu te demandes pourquoi tous les paragraphes commencent par une minuscule après l'alinéa. Tous, sauf le très étrange, très étonnant et très inattendu avant-dernier paragraphe, présenté sans alinéa et avec une majuscule…
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Un professeur d'université se retrouve avec des milliers de personne enfermé dans un hangar éclairé à la seule lueur de pâles néons.
Il ne sait pas ce qu'il fait là.
Nous non plus.
Après un temps indéterminé, 48 d'entre eux sont emmenés dans une bétaillère.
Il ne sait pas où ils vont
Nous non plus.
Ils sont relâchés on ne sait où et il suit un homme sans savoir pourquoi.
Nous non plus.
Il a appris l'obéissance, il ne cherche plus à comprendre.
Quel énigmatique roman !
Ça me fait tout à fait l'effet d'une satyre de notre société.
Enfermement
Perte de repères
Obéissance
…...........
L'issue viendra-elle de la jeunesse ?
Le professeur semble pris au piège des idées qu'il proférait à ses élèves.
Tout est écrit sous la forme d'un monologue du professeur qui s'interroge.
Quelle distance entre la théorie et la pratique ?
L'utopie peut-elle devenir réalité ?
Et beaucoup d'autres questions sont posées.
Une sorte de fable ou de conte contemporain, énigmatique, singulier, , qui n'apporte pas de réponses mais nous met en questionnement.
Et toujours, le talent de Violaine Bérot, l'originalité de son écriture.
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Ce roman est un dystopie étonnante, déroutante et haletante. La première partie fait émerger un prisonnier parmi 1000 autres dans un hangar, avec des conditions d'internements voisines de celles d'élevages industriels d'animaux, poules cochons…. La survenance de l'événement sans aucune origine, les conditions de détention horribles et factuelles seules, dévoilées progressivement, surprennent autant le lecteur que le prisonnier jusqu'au convoyage en camions de 48 individus vers ?
Puis, une libération miraculeuse ramène cet éminent universitaire vers une réalisation concrète des thèmes qu'il a longtemps exposés à ses étudiants qui le surprend et le prend de court !
L'écriture superbe de l'autrice donne un grande force à cette fiction qui interroge la possibilité de passer de la théorie à la pratique et aux jeunes qui y parviennent avec l'aide des conseils éclairés de leurs ainés.
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C'est plus beau là-bas - Violaine Berot

Livre déroutant lu très rapidement tant on a envie d'en comprendre le sens.

Pourquoi un professeur d'université se retrouve dans un hangar avec un millier de personnes traité avec indifférence dormant à même le sol, privés d'eau et de nourriture ? Pourquoi est-il choisi pour quitter le hangar avec une 50e de personnes ? Pourquoi à leur arrivée dans un lieu inconnu sont-ils accueillis par de jeunes gens souriants ? Qui sont-ils ? Ses étudiants qui par jeu ont mis en application le contenu de ses cours ? Pourquoi le compagnon de route attribué lui impose-t'il sans un mot une marche vers l'inconnu, un virage d'où il découvrira un autre monde ?

Nous suivons pas à pas les questionnements du personnage principal au début sidéré, passif puis donnant du sens progressivement à l'incompréhension du départ.
Ce qui nous apparaît comme une fable semble un regard sur notre passivité quand nous sommes soumis à des peurs qui nous dépassent (pandémie, guerres, climat, insécurité...), une critique sévère de notre société actuelle à la démographie galopante, qui favorise les mouvements de population de masse et qui génère agressivité et passivité, comme chez certains animaux d'élevage privés d'espace, de lumière, empilés les uns sur les autres.
Est évoqué le refus de cette peur chez les jeunes générations.
Est sans doute dénoncé le narcissisme qui donne à certains individus le sentiment qu'ils n'existent que dans la lumière au détriment de l'intérêt public qui lui implique effacement.
Me semble aussi remis en question l'organisation d'une société qui n'intègre pas ses anciens comme autrefois et qui s'éloigne de ses repères fondamentaux, les liens basés sur l'entraide.

La libération du personnage principal qui nous fait part de son histoire et de ses interrogations est synonyme d'une autre vie, un là-bas plus beau, plus proche de la nature, plus poétique !

Livre énigmatique et intéressant qui confirme le talent d'écrivain de Violaine Berot
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critiques presse (1)
LeMonde
02 janvier 2023
Une manière de conte philosophique et lyrique, un récit semé d’embûches et d’étranges douceurs.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
[…] puisqu'il n'y a que lui pour t'écouter, tu lui dis, « je suis amoureux, je viens de tomber amoureux », et c'est absolument n'importe quoi de parler d'elle devant ce type, et de ce que ça te remue dans le corps, dans la tête, de retomber en amour pour ta femme sur laquelle tu ne te retournais plus, c'est absolument stupide tu le sais de raconter cela à ce jeune gars que tu ne connais pas, mais c'est plus fort que toi, tu en as besoin, et puis tu ne comprends tellement rien à ce que tu fais là que tout devient possible, alors tu te lances, tu y vas, tu décris comment cette femme auprès de laquelle tu vis tu as failli l'oublier, alors que c'est d'elle que tu devais retomber amoureux, et comme ça te paraît évident maintenant, et tu n arrêtes plus de la raconter, tu cherches, tu veux surtout ne pas mal la dire, tu t'appliques à être exact, ou peut-être au contraire es tu en train de follement l'idéaliser, et tu ne sais plus si tu fouilles dans ta mémoire ou dans tes rêves, […] (p.47)
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Si au moins tu pouvais discuter avec les autres, comprendre ce qui vous relie, si tu pouvais savoir qui sont ceux que l'on a fait asseoir comme toi à même le sol de ce hangar, ce que vous avez en commun, ce qui fait de vous des indésirables, si tu pouvais parler avec eux de vos arrestations, et si, même ne serait-ce qu'avec un seul, tu parvenais à échanger quelques mots. Mais tu n'oses pas, tu n'oses rien, tu as trop peur, tu as vu les coups pleuvoir sur les rares qui ont protesté, puis leurs corps disparaître, ne plus revenir, or tu n'as rien d'un héros, cela au moins tu en es désormais convaincu, tu n'as absolument rien d'un héros, et tu as beau être dépité par ce constat tu continues de te faire tout petit, le plus discret possible, parce que la vérité c'est que tu crèves de trouille et qu'à choisir tu préfères la trouille aux coups, même si ça n'a rien de glorieux, mais c'est comme ça, il va falloir t'y faire, tu es un pleutre. (p.16-17)
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Tu les regardes rire, eux qui sont venus au monde dans un environnement pourrissant où l'on ne parlait que chômage et inflation et grande distribution, eux qui ont vu durant toute leur enfance, toute leur adolescence, leurs parents vivre dans l'angoisse de perdre leur emploi, de gagner moins, de ne plus pouvoir rembourser leurs emprunts, leurs parents de moins en moins amoureux, de plus en plus tendus et stressés et pressés, leurs parents qui se battaient pour joindre les deux bouts et pouvoir payer à la famille des vacances, histoire de se poser quelques semaines avant de reprendre le boulot et la course et la pression, qui n'avaient plus assez de temps pour être heureux. Tu comprends pourquoi les enfants de ces parents-là ont dit stop, pourquoi la peur ils ont choisi de la balayer de leur chemin. (p.98)
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Et à force de ciel et de nuages, à force de chaos et de soif, à force de sentir les autres à moitié sur toi et toi à moitié sur eux, à force tu t'endors. Tu t'endors comme un enfant que l'on aurait oublié sur son cheval de manège, et le manège toujours et encore tournerait, tu t'endors comme l'enfant du manège qui ne lâche pas du regard le pompon tout là-haut, inatteignable, tu t'endors en fixant le ciel par un petit trou ridicule, tu t'endors le goût du ciel plein les yeux. (p.32)
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La voilà qui rougit sous ton regard et immédiatement ça te flatte, et c'est suffisant pour que tu retrouves la foi en votre histoire. Mais ton amour est une girouette, il s'effondrera, tu le sais, à la première distraction. Car aimer, tu en es désormais certain, aimer ne dure que le temps où l'on se persuade que l'on aime. (p.77)
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Vidéo de Violaine Bérot
"Mais s'il ne s'agissait pas d'un jeu ? Si à force de leur donner matière à y croire tes étudiants t'avaient pris au mot, s'ils avaient voulu appliquer à la lettre le contenu de ce texte que tu leur offrais en fin de cycle, ce texte dans lequel tu détaillais point par point la mise en actes des théories étudiées pendant leur cursus ? Serait-il alors envisageable qu'ils aient réussi, comme tu le préconisais, à renverser le pouvoir en place ? Non, tu ne peux l'envisager, pas dans la vie réelle, car sans doute, et c'est la seule explication plausible, sans doute rêves-tu, sans doute patauges-tu dans un mauvais sommeil, et tout s'arrêtera net quand ton réveil sonnera, quand ta femme se retournera dans le lit, et enfin cessera ce grand n'importe quoi dans lequel tu t'enlises et t'épuises."
Enigmatique et poétique, C'est plus beau là-bas confirme le talent de Violaine Bérot. En ce début de millénaire, une autre vie est-elle encore possible ?
https://www.buchetchastel.fr/catalogue/cest-plus-beau-la-bas/
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