Nous nous ressassons
Chaque jour
La litanie d’enfance
Qui s’écaille toujours un peu plus
Jusqu’à devenir un vin clos
Dans une bouteille fermée
Que plus personne ne boira.
Tandis que dans l’intervalle
S’accumulent
Les images anciennes.
Nous ressassons
Et nous jetons
Et nous tombons hagards
Dans le geste jeté.
11 juillet
Désécrire est la traduction
D’une autre langue abandonnée
Qui a laissé des mots éparpillés
Dans la langue de tous les jours.
Du désécrire tombent en bruine
Des fruits noirs
Qui se métamorphosent en lettres
Quand il écrit
Quand ça s’écrit.
Village provençal ou languedocien
Dans l’été enbleui, désenventé, brûlant.
Des linges d’ombre sèchent au sol
Attendant de s’allonger en nuit
Glissant lentement dans le ciel.
J’ai hérité
D’un bien bel héritage :
L’irritante plongée
Au ventre du réel.
La crahison écrase ceux qui l’ont laissé ventrer.
Poésie : Les routes captives de Philippe Berthaut