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Avec la bande dessinée aussi on peut faire connaître l'histoire.
En l'occurrence Bertocchini et Rückstühl ont choisi de nous raconter l'histoire de ces enfants qu'on envoya au bagne de Castellucio en Corse entre 1855 et 1866.
Il est sûr que notre pays ne doit pas s'enorgueillir de ce passé.
Ces établissements pénitentiaires créés sur ordre de Napoléon III pour débarrasser les rues de ces enfants, sans famille, sans domicile, mendiants ou voleurs.
On va vous apprendre à vivre...
Jusqu'à vos vingt ans on va se charger de votre éducation, on va faire de vous des hommes.
Enfin, ça, c'est le discours officiel.
Parce que le bagne, ce n'est pas une simple école où l'on enseigne à lire, écrire, compter et... prier.
On va vous faire travailler, il faut bien gagner son gîte et son couvert, si chiches soient-ils.
Mal nourris, épuisés par des journées de travail harassantes, il faut souvent se battre, au propre comme au figuré, pour survivre.
C'est l'histoire de deux de ces enfants, Joachim et Antoine (qui ont réellement existé) que nous racontent les auteurs de cet album.
Il existe peu d'archives de cette époque (on peut comprendre pourquoi l'État a sans doute choisi de faire disparaître ce triste épisode de la mémoire collective), malgré tout Bertocchini et Rückstühl se sont attaché à restituer au mieux, même s'ils avouent une partie fiction pour alléger le récit, les conditions dramatiques de vie dans cet endroit qui verra mourir environ 160 enfants au cours de ces dix années d'existence.
L'album de luxe que je referme avec émotion est agrémenté de notes des auteurs, de photos et de croquis qui permettent de comprendre que s'il s'agit ici, avant tout, d'une oeuvre de fiction elle prend ses racines dans une réalité dramatique et hélas oubliée.
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Tome 1 : Castelluciu
Joachim Evain, petit orphelin breton de 11 ans, est envoyé en Corse, à la colonie agricole de Saint-Antoine. Il s'agit en fait d'un bagne pour enfants. « Nous venions de toute la France. Vagabonds, voleurs, fortes têtes, orphelins… Napoléon III voulait éradiquer toute cette « mauvaise graine. » (p. 12) Là-bas, il se lie d'amitié avec Antoine Teurice, à peine plus âgé que lui. La vie au bagne est difficile : entre les travaux éreintants, les mauvais traitements et les sinistres penchants de certains détenus plus âgés, les jeunes prisonniers doivent s'endurcir s'ils veulent survivre. « Nous autres, les bagnards en culotte courte, étions condamnés jusqu'à nos vingt ans… Autant dire que c'est notre jeunesse qu'on nous volait. » (p. 14) Joachim, sans cesse, tente d'échapper aux brutalités de Xavier Trouvé, jeune bagnard défiguré qui est bien décidé à imposer sa loi sur les plus faibles et les plus petites.

Tome 2 : Francesca
Les jeunes bagnards du premier tome ont grandi. « Sous le drapeau de la République, nous autres, les enfants, on nous remplissait de haine. » (p. 13) Désormais, c'est Joachim qui protège les plus petits. En secret et avec la complicité d'un gardien, il vit une idylle avec Francesca, une jeune fille corse. Hélas, un autre gardien, Giocanti, n'a aucune indulgence pour les jeunes prisonniers et ne leur accorde aucun instant de répit ou de bonheur. Au bagne de Saint-Antoine, les enfants meurent par dizaines, par centaines : accidents, malnutrition et suicides sont dissimulés derrière le vocable général de maladie. Pas question de laisser entendre en haut lieu que les jeunes bagnards vivent dans des conditions épouvantables. Il faut donc qu'une voix s'élève et crie la vérité. Et quelle voix est mieux placée que celle d'Antoine Teurice, survivant du bagne de la honte ?

Ce terrible épisode du Second Empire est une verrue de l'histoire, ainsi que la qualifie Frédéric Bertocchini. La définition est juste : des enfants traités comme des adultes et maltraités comme s'ils étaient les pires vermines, voilà qui a de quoi indigner quand on tourne les pages d'un manuel d'histoire. Sauf que… ce n'est pas le genre de choses dont on parle dans les manuels. Il fallait l'ouvrage de Frédéric Berocchini et d'Éric RückStülh pour ouvrir nos yeux. Cette bande dessinée est pleine de violence, mais nécessaire. Pour de nombreux personnages, pas de fin heureuse, rien que la peine et la mort. Les dessins d'Éric Rückstühl rendent hommage à la souffrance des jeunes victimes de l'administration française : les visages et les corps sont tourmentés, mais il émane d'eux la grâce farouche propre aux innocents privés d'espoir. Et même si les paysages corses sont de toute beauté, ils restent le sinistre décor d'une mise à mort minutieuse et impardonnable.
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Quel album ! Magnifique dessins et textes chargés d'émotions. On découvre l'horrible histoire du bagne de Castelluccio, sur les hauteurs d'Ajaccio. L'auteur a ajouté un peu d'amour, une romance, pour adoucir toutes ses souffrances et ses injustices.
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Belle découverte !!! Une BD historique basée sur des faits réels, qui dévoile une page méconnue de l'histoire de la Corse (Ajaccio) mais aussi de la France sous Napoleon III. C'est ce que nous invite à découvrir Frédéric Bertocchini et Eric Rückstühl à travers de magnifiques planches. L'histoire de Joachim onze ans, Xavier , Antoine et les autres... devenus bagnards sous l'ordre de l'administration française, afin de "les remettres dans le droit chemin". Une histoire poignante, violente, tendre et émouvante. Accessible à un large public de 11 ans à 111 ans ( à mon avis avant 11 ans c'est un peu jeune et après 111 ans tu n'arrives plus à lire les textes dans les bulles ) à acheter dans toutes les bonnes librairies. On reste scotché à cette BD, impossible à refermer tant que l'on ne connait pas la fin !
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La sortie du roman de Sorj CHALANDON, « l'enragé », m'a incitée à relire cette BD en 2 volumes.

Datant de 2011, elle raconte l'histoire de 4 enfants vivant un calvaire dans un bagne installé aux portes d'Ajaccio : établissement pénitentiaire pour adultes et enfants, dans une zone, à l'époque, infestée par la malaria et pudiquement appelé « colonie horticole de St Antoine » ou « maison de correction à la campagne ». Eux aussi deviendront des « enragés ».

Nous sommes en 1855 et la réussite économique du second empire exige que l'on nettoie les rues parisiennes d'une certaine « fange » : orphelins, enfants abandonnés, enfants des rues… Très dérangeants pour le lustre parisien et les promenades en calèches des belles dames en crinoline…

Plus de 1600 enfants (entre 9 et 20 ans) en provenance du continent y ont été déportés pour y rester jusqu'à leurs 20 ans… Plus de 300 y sont morts, victimes de maladies et de mauvais traitements.

Une monstruosité humaine et sociale longtemps dissimulée.

Le bagne d'Ajaccio a été fermé en 1866 et les enfants encore présents envoyés, semble-t-il, … à Cayenne.

L'existence de ce bagne ayant pratiquement été effacée de la mémoire collective, les auteurs ont le mérite de sortir de l'oubli cet épisode effroyable de l'histoire de l'éducation, de l'histoire pénitentiaire, de l'histoire de France.

Quant à la BD, son esthétique est classique, son dessin souvent nerveux et ses coloris magnifiques mais, selon moi, le scénario aurait gagné en densité avec plus de simplicité et sans se surcharger d'une bluette mélodramatique. L'histoire est juste au niveau du drame.
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Cette histoire raconte des événements qui se sont déroulés au cours du XIXème siècle en France. À l'époque e Napoléon III, il est décidé de rééduqué les enfants ayant commis des actes délictueux. Ce n'étaient pas des criminels mais souvent des enfants des rues, des chapardeurs. il fallait les redresser pour leur permettre de devenir des citoyens à leur majorité. Il fallait les éloigner pour protéger la bonne société de cette mauvaise graine. Ce fut le cas des pénitenciers pour enfants ou des colonies agricoles. Celle dont il est question est située en Corse près d'Ajaccio.

Les deux auteurs, Frédéric Bertocchini et Éric Rückstühl, ont choisi de nous éclairer sur ce bagne pour enfants et rappeler l'histoire de ces martyrs de la République ou de l'Empire. Ils se sont inspirés de faits historiques et d'archives pour proposer cette BD.

Des jeunes arrivent en Corse pour être emprisonnés. Ils vont être traités comme des bagnards adultes, ayant les mêmes dures conditions de vie. Ils vont subir, privation, brimades, corvées, punitions, violences La violence viendra de leurs gardiens mais aussi des autres prisonniers. mais ils recevront aussi une éducation car à leur sortie, ils devront s'insérer dans la société. Ils reçoivent aussi une éducation religieuse, ce qui est la paradoxe.

Dans l'horreur de ce bagne, des amitiés peuvent se lier entre les enfants qui n'ont en commun que leur misère. Ils cherchent à se protéger les uns des autres. Les gardiens n'étaient pas tous des tortionnaires ni des brutes épaisses, certains avaient de l'empathie pour leurs petits prisonniers.

Bertocchini et Rückstühl font devoir de mémoire envers ces victimes de la volonté d'avoir une société sans aspérité et sans danger pour le commun des citoyens. Leur histoire est violente car la réalité a été violente. Tout le monde savait, tout le monde voyait car les enfants participaient à des opérations de constructions comme celle du pénitencier ou d'une route bordée de murets dont des vestiges subsistent encore aujourd'hui.

Il existe toujours le cimetière où beaucoup d'enfants furent enterrés car il y avait beaucoup de morts et pas seulement par maladie. il y avait les mauvais traitements mais aussi les maladies liées aux conditions de vie et de malnutrition. Les morts pour maltraitance n'apparaissaient pas car il n'y avait pas d'autopsie ni de constat médical.

Le graphisme proposé met en évidence la souffrance des enfants mais aussi leurs quelques moments de joie et de plaisir. Il y a eu un gros travail sur les visages des nombreux protagonistes afin que le lecteur puisse bien les identifier au fil de la lecture. Les vues des paysages et des bâtiments sont très précises car s'appuyant sur une documentation riche. le graphisme introduit un peu de poésie et de douceur dans cet univers terrible.

J'ai beaucoup appris au cours de cette lecture. J'ai découvert des éléments de notre histoire commune que je ne connaissais pas. Car cette histoire n'est pas une invention, cette horreur est bien réelle et elle s'est déroulée chez nous , en France. Et oui, notre société a, elle aussi, était capable d'être cruelle envers ses enfants.

Je recommande la lecture du carnet final qui donne encore plus de détails et éclaire la démarche des deux auteurs.

Cette BD m'a donné envie de découvrir ce cimetière et d'aller rendre hommage à ces pauvres gamins lors d'un passage en Corse car il ne faut pas oublier et se souvenir d'eux qui eurent une vie si misérable et si courte.

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