Il se dit qu'aimer c'est avant tout se sentir curieux de quelqu'un et qu'ensuite, pour aimer longtemps, il est indispensable de mentir.
De toute façon, il avait passé sa vie à ajourner la vie et il s'était résigné à ce qu'elle ne soit que la somme de ses renoncements.
"L'obéissance précède la loi et, dans une certaine mesure, elle la créé." (nouvelle : Bagheera)
La haine du monde n'est rien tant que l'on s'aime encore, mais je ne m'aimais plus et ne plus s'aimer c'est l'enfer.
Vous et moi nous nous parlons et nous nous racontons n'importe quoi, une phrase ébauchée, une remarque suffisent pour que le regard sourie avant les lèvres et qu'une infime lueur l'avive, la lueur complice d'une compréhension soudaine et partagée qui nous procure un bref bonheur. Chez eux, par contre, tout restait à l'intérieur et mourait avec eux.
Quand une mais qui en a pris une autre se retire, il se produit un froid subit, le monde d'affection créé par le geste amical s'éteint, et même si la conversation repart sur les confidences qui ont provoqué cet élan, la main abandonnée transmet cet abandon au corps entier. Aussi la main qui a saisi une autre main attend-elle, redoute-t-elle toujours l'instant où celle-ci esquissera une imperceptible crispation indiquant que le moment d'effusion est passé.
Quand une mais qui en a pris une autre se retire, il se produit un froid subit, le monde d'affection créé par le geste amical s'éteint, et même si la conversation repart sur les confidences qui ont provoqué cet élan, la main abandonnée transmet cet abandon au corps entier. Aussi la main qui a saisi une autre main attend-elle, redoute-t-elle toujours l'instant où celle-ci esquissera une imperceptible crispation indiquant que le moment d'effusion est passé.
C'est pourquoi ils ne condescendirent jamais à la tendresse, qui tend à convertir l'autre en enfant. Ni à la tristesse, qui avilit. Mais ils se délectaient dans la mélancolie, qui est impersonnelle : elle naît du regard, cherche quelque chose au loin, pense : la mélancolie est le seul sentiment qui pense.
Le passé n'est plus le passé mais notre présent, ce que nous sommes : ce que fut le marcheur devient le chemin.
Et cette femme qui pleure et qui ne voudrait pas pleurer devant l'enfant, sera demain l'image même de la douleur, de la pensée prisonnière, aveugle, sans dénouement possible, de l 'impuissance atroce à s'exprimer, à se dire et à dire aux autres, qui se résout en larmes : on pleure quand on se cogne le front aux derniers murs, aux seuils obscurs, infranchissables, qui devraient nous mener à l'autre et qui nous laissent, meurtris, seuls avec nous-mêmes.