Le Dr Benedict (Ben) Prince, psychologue, expert du sommeil, étudie les personnes qui commettent des crimes pendant leur sommeil. le ministère de la Justice lui confie
Anna O. qui, quatre ans auparavant, le 30 août 2019, a semble-t-il, sauvagement assassiné deux amis alors qu'elle était sous l'effet d'une crise de somnambulisme et est depuis plongée dans un profond sommeil. Il lui est demandé de tenter de la réveiller afin qu'elle puisse être jugée sinon elle devra être relâchée. Alors qu'elle donne quelques signes de conscience, la cheffe de Ben, le Dr Bloom, est assassinée, en lien possible avec une affaire qui avait défrayé la chronique en 1999 : une femme avait sauvagement assassiné ses deux beaux-fils mais avait échappé à la prison car elle était en proie à une crise de somnambulisme; elle avait été internée dans le service du Dr Bloom mais était morte quelques mois après, le 30 août 1999, la cause officielle étant le suicide. Pile 20 ans entre les deux affaires. Hasard ou pas???
Ayant été somnambule quand j'étais enfant, capable de me lever la nuit, d'enfiler les chaussures de ma mère, d'ouvrir la porte de notre appartement et de sortir dans la rue en pyjama, j'ai toujours été fascinée par le sommeil et ses insondables mystères. Je ne pouvais pas passer à côté de ce thriller.
Ce roman est machiavélique; par deux fois, l'auteur nous laisse croire que tout est résolu et ça se tient, pour nous replonger, un peu sonnés, dans les interrogations, entretenant le suspense jusqu'au final, qui nous prend par surprise. Quelques longueurs auraient pu être évitées, ce qui aurait conféré un peu plus de rythme à l'intrigue. Attention, pour celles et ceux, qui, comme moi, aiment bien que les méchants soient punis à la fin, vous allez être un peu frustrés par une fin amorale.
C'est un thriller fort bien documenté qui multiplie les références et les clins d'oeil; références à
Hitchcock et à sa filmographie, à
Truman Capote qui est à l'origine des romans de non-fiction, ainsi qu'à
Freud. Clin d'oeil appuyé à la psychanalyse puisque le titre de ce roman "
Anna O" est le pseudo qui avait été donné à Berthe Peppenheim, première hystérique
de la psychanalyse, traitée, de 1880 à 1882, pour des troubles psychotiques intenses par
Josef Breuer, mentor de
Freud. Breuer s'est inspiré des conceptions de Moriz Benedikt, chef du service de neurologie des la polyclinique générale de Vienne (second clin d'oeil avec le prénom du personnage principal, Benedict). L'auteur décrit précisément le syndrome de résignation qui peut apparaître lorsqu'un individu est confronté à une absence totale d'espoir; il cite le cas d'enfants réfugiés en Suède, dont j'avais déjà entendu parler, qui ont dormi des mois, voire des années jusqu'à ce que leur demande d'asile aboutisse.
Un primo-roman très réussi d'un auteur que je ne manquerai pas de suivre à l'avenir.
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