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EAN : 9782906131460
110 pages
Les Impressions nouvelles (12/02/2002)
3.42/5   6 notes
Résumé :
Livre rédigé en prison par celui qu’on surnommait « l’éternel conspirateur », L’Éternité par les astres est une étonnante réflexion cosmologique qui a inspiré Nietzsche pour sa théorie de l’éternel retour. Comme l’a écrit Walter Benjamin : « L’aspect bouleversant de cette ébauche est qu’elle est totalement dépourvue d’ironie. C’est une soumission sans réserve et, en même temps, c’est le réquisitoire le plus terrible qui puisse être prononcé à l’encontre d’une sociét... >Voir plus
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critiques presse (1)
NonFiction
28 janvier 2013
Un ouvrage peu connu de Blanqui, qui permet de relier les rapports entre les sciences et la politique.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quant à la matière chaotique, elle n’aurait pas dû reparaître au XIXe siècle.
Il n’a jamais existé, il n’existera jamais l’ombre d’un chaos nulle part. L’organisation
de l’univers est de toute éternité. Elle n’a jamais varié d’un cheveu, ni
fait relâche d’une seconde. Il n’y a point de chaos, même sur ces champs de
bataille où des milliards d’étoiles se heurtent et s’embrasent durant une série
de siècles, pour refaire des vivants avec les morts. La loi de l’attraction préside
à ces refontes foudroyantes, avec autant de rigueur qu’aux plus paisibles
évolutions de la lune.
Ces cataclysmes sont rares dans tous les cantons de l’univers, car les
naissances ne sauraient excéder les décès dans l’état civil de l’infini, et ses
habitants jouissent d’une très belle longévité. L’étendue, libre sur leur route,
est plus que suffisante pour leur existence, et l’heure de la mort arrive longtemps
avant la fin de la traversée.. L’infini n’est pauvre ni de temps ni
d’espace. Il en distribue à ses peuples une juste et large proportion. Nous
ignorons le temps accordé, mais on peut se former quelque idée de l’espace
par la distance des étoiles, nos voisines.
L’intervalle minimum qui nous en sépare est de dix mille milliards de
lieues, un abîme. N’est-ce point là une voie magnifique, et assez spacieuse
pour y cheminer en toute sécurité ? Notre soleil a ses flancs assurés. Sa sphère
d’activité doit toucher sans doute celle des attractions les plus proches. Il n’y a
point de champs neutres pour la gravitation. Ici, les données nous manquent.
Nous connaissons notre entourage. Il serait intéressant de déterminer ceux de
ces foyers lumineux dont les sphères d’attraction sont limitrophes de la nôtre,
et de les ranger autour d’elle, comme on enferme un boulet entre d’autres
boulets. Notre domaine dans l’univers se trouverait ainsi cadastré. La chose
est impossible, sinon elle serait déjà faite. Malheureusement on ne va pas
mesurer de parallaxes à bord de Jupiter ou de Saturne.
Notre soleil marche, c’est incontestable d’après son mouvement de rotation.
Il circule de conserve avec des milliers, et peut-être des millions d’étoiles
qui nous enveloppent et sont de notre armée. Il voyage depuis les siècles, et
nous ignorons son itinéraire passé, présent et futur. La période historique de
l’humanité date déjà de six mille ans. On observait en Égypte dès ces temps
reculés. Sauf un déplacement des constellations zodiacales, dû à la précession
des équinoxes, aucun changement n’a été constaté dans l’aspect du ciel. En six
mille ans, notre système aurait pu faire du chemin dans une direction
quelconque.
Six mille ans, c’est pour un marcheur médiocre comme notre globe, le cinquième
de la route jusqu’à Sirius. Pas un indice, rien. Le rapprochement vers
la constellation d’Hercule reste une hypothèse. Nous sommes figés sur place,
les étoiles aussi. Et cependant, nous sommes en route avec elles vers le même but. Elles sont nos contemporaines, nos compagnes de voyage, et de là vient peut-être leur apparente immobilité : nous avançons ensemble. Le chemin sera long, le temps aussi, jusqu’à l’heure des vieillesses, puis des morts, et enfin des résurrections. Mais ce temps et ce chemin devant l’infini, c’est un tout
petit point, et pas un millième de seconde. Entre l’étoile et l’éphémère l’éternité
ne distingue pas. Que sont ces milliards de soleils se succédant à travers
les siècles et l’espace ? Une pluie d’étincelles. Cette pluie féconde l’univers.
C’est pourquoi le renouvellement des mondes par le choc et la volatilisation
des étoiles trépassées, s’accomplit à toute minute dans les champs de
l’infini. Innombrables et rares à la fois sont ces conflagrations gigantesques,
selon que l’on considère l’univers ou une seule de ses régions. Quel autre
moyeu pourrait y suppléer pour le maintien de la vie générale ? Les
nébuleuses-comètes sont des fantômes, les nébulosités stellaires, colligées on
ne sait comment, sont des chimères. Il n’y a rien dans l’étendue que les astres,
petits et gros, enfants, adultes ou morts, et toute leur existence est à jour.
Enfants, ce sont les nébuleuses volatilisées ; adultes, ce sont les étoiles et leurs
planètes ; mortes, ce sont leurs cadavres ténébreux.
La chaleur, la lumière, le mouvement, sont des forces de la matière, et non
la matière elle-même L’attraction qui précipite dans une course incessante tant
de milliards de globes, n’y pourrait ajouter un atome, mais elle est la grande
force fécondatrice, la force inépuisable que nulle prodigalité n’entame, puisqu’elle
est la propriété commune et permanente des corps C’est elle qui met
en branle toute la mécanique céleste, et lance les mondes dans leurs pérégrinations
sans fin. Elle est assez riche pour fournir à la revivification des astres
le mouvement que le choc transforme en chaleur.
Ces rencontres de cadavres sidéraux qui se heurtent jusqu’à résurrection,
sembleraient volontiers un trouble de l’ordre. – Un trouble ! Mais
qu’adviendrait-il si les vieux soleils morts, avec leurs chapelets de planètes
défuntes, continuaient indéfiniment leur procession funèbre, allongée chaque
nuit par de nouvelles funérailles ? Toutes ces sources de lumière et de vie qui
brillent au firmament s’éteindraient l’une après l’autre, comme les lampions
d’une illumination. La nuit éternelle se ferait sur l’univers.
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Et puis, jusqu’ici, le passé pour nous représentait la barbarie, et l’avenir
signifiait progrès, science, bonheur, illusion ! Ce passé a vu sur tous nos
globes-sosies les plus brillantes civilisations disparaître, sans laisser une trace,
et elles disparaîtront encore sans en laisser davantage. L’avenir reverra sur des
milliards de terres les ignorances, les sottises, les cruautés de nos vieux âges !
A l’heure présente, la vie entière de notre planète, depuis la naissance
jusqu’à la mort, se détaille, jour par jour, sur des myriades d’astres-frères,
avec tous ses crimes et ses malheurs. Ce que nous appelons le progrès est
claquemuré sur chaque terre, et s’évanouit avec elle. Toujours et partout, dans
le camp terrestre, le même drame, le même décor, sur la même scène étroite,
une humanité bruyante, infatuée de sa grandeur, se croyant l’univers et vivant
dans sa prison comme dans une immensité, pour sombrer bientôt avec le globe
qui a porté dans le plus profond dédain, le fardeau de son orgueil. Même
monotonie, même immobilisme dans les astres étrangers. L’univers se répète
sans fin et piaffe sur place. L’éternité joue imperturbablement dans l’infini les
mêmes représentations.
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L’univers semble se dérouler immense à nos regards. Il ne nous montre pourtant qu’un bien petit coin. Le soleil est une des étoiles de la voie lactée, ce grand rassemblement stellaire qui envahit la moitié du ciel, et dont les constellations ne sont que des membres détachés, épars sur la voûte de la nuit. Au-delà, quelques points imperceptibles, piqués au firmament, signalent les astres demi-éteints par la distance, et là-bas, dans les profondeurs qui déjà se dérobent, le télescope entrevoit des nébuleuses, petits amas de poussière blanchâtre, voies lactées des derniers plans.
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La nature est merveilleuse dans l’art d’adapter les organismes aux milieux, sans s’écarter jamais d’un plan général qui domine toutes ses oeuvres. C’est avec de simples modifications qu’elle multiplie ses types jusqu’à l’impossible.
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