Ce roman démarre sur les chapeaux de roue. A la page 12, je gloussais. Quelques pages plus loin, j'éclatais carrément de rire car les dialogues sont enlevés. Comme dans
Crimes et Jeans Slims, les deux personnages principaux, une soeur et un frère, sont très attachants. J'ai un faible pour Pauline, la petite soeur drôlement débrouillarde. Quand à Esther, l'amoureuse de Thomas, elle était genre pulls à fleurs. Il avait essayé de définir son style au début. Sa chevelure noire lui donnait un air gothique, aussitôt contredit par ses robes à la Laura Ingalls de la Petite Maison dans la prairie, et ses boucles d'oreilles où voletaient des papillons en verre soufflé. Elle avait du bol d'être over belle. La même en moche, on lui aurait direct écrit "victime" au marqueur sur le front. Et les descriptions qu'en fait Thomas font mouche à chaque fois car elles sont toujours décalées. En plus de l'humour,
Luc Blanvillain a le sens de la formule: Esther était donc de ces personnes qui se réfugient dans la réalité. L'ado et l'adulte timide que je fus s'est reconnue dans les phrases si justes sur le rougissement, un fardeau parfois bien lourd à porter, surtout quand on est jeune prof.
Ce roman fait aussi part de la nostalgie du temps d'avant: Il était loin, le bon vieux temps du Moyen-Âge, où les membres de la famille se serraient les uns contre les autres, dans la lumière tremblotante de la télévision. Là encore, nous sommes dans le décalage: c'est la télé qui devient le symbole du bon vieux temps. Mais on comprend vite que le problème, ce n'est pas vraiment l'ordi ou l'ipod. le problème, c'est plutôt que si Thomas et Esther sont les représentants de l'amour courtois, M. et me Poupinel sont les équivalents de M. et Mme Bovary. Lui, un peu (beaucoup?) égoïste et pataud, elle, recherchant ailleurs des grands frissons. le coeur du problème familial est là. Et aussi dans le fait que , parce que les enfants ont grandi, on ne prend plus le temps d'être ensemble. Je n'aime pas Mme Bovary, pas l'oeuvre mais le personnage. Je n'ai pas non plus aimé Mme Poupinel (par contre, j'adore prononcer ce nom).
Je me retiens pour ne pas trop citer ce roman, histoire de ne pas gâcher votre plaisir mais je suis prête à parier que vous ou votre ado allez tour à tour rire et vous attendrir. Je vous laisse aussi découvrir ce que M. Poupinel a retenu de
Madame Bovary. On retrouve ici nos craintes de parents (et si les ondes étaient mauvaises pour nos enfants?), mais on se remet aussi en cause: qui est le plus accro à l'ordi, nos enfants ou nous? Malgré la couverture, belle mais girly, ce roman est parfait pour les garçons et les filles.
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