Rien n'est en ruine dans la tour, rien n'y est achevé non plus au sens où nous l'entendons. L'édifice a pris une telle ampleur, il s'élève depuis si longtemps, qu'il faut en réparer les soubassements, alors même que les étages supérieurs ne sont pas encore finis.
Lorsque les livres disparaissent, c'est un tort de croire que quoi que ce soit puisse leur survivre.
Mon chamelier m’assure que la tour existe de toute éternité, que ses ancêtres et les ancêtres de ses ancêtres la connaissaient, et qu’elle fut non point bâtie, mais exhumée au cours des siècles précédents. Légende bien sûr, qui tente de légitimer l’extraordinaire sentiment de puissance dégagé pas cette construction colossale, mais aussi la terreur divine qu’elle ne cesse d’inspirer à ceux qui la regardent.
.......C'est ici le règne des nuées.
Une brume filandreuse enveloppe les choses d'une pourriture noble qui voile les contours et embue l'intellect tout autant que le verre de mes lunettes.
A force de confusion, la Tour produit l'ordre du monde. Elle est le sens du chaos, sa beauté fractale, son axe indestructible.
[...] J'erre en tâtonnant dans ces galeries silencieuses, j'y démêle ma destinée, j'y meurs par épisodes [...]