Bien plus qu'une analyse de la politique actuelle de Macron et Merkel, le fameux duo Merkron,
Georg Blume présente ici son analyse de la relation politique franco-allemande depuis la seconde guerre mondiale, prenant même des illustrations plus anciennes.
La reconstruction de l'Europe, après cette terrible guerre 39-45, s'est faite grâce à un solide duo franco-allemand. La création de la CECA en 1951, le traité de Rome en 1957 (qui crée la CEE), le traité de l'Elysée en 1963 (accord d'amitié franco-allemand), les accords de Schengen en 1985, le traité de Maastricht en 1992 (qui crée l'Union Européenne), l'Euro en 1999, etc sont le résultat d'impulsions politiques principalement franco-allemandes.
Mais cette histoire de construction commune cache une relation complexe, l'Allemagne voyant aujourd'hui la France de moins en moins comme un égal et la France attendant de l'Allemagne qu'elle prenne ses responsabilités de 1ère puissance économique de l'UE pour tirer l'ensemble des payes de l'UE vers le haut.
S'appuyant sur ses rencontres (et ses lectures) avec des philosophes, des essayistes, des conseillers politiques, des journalistes, et d'autres intellectuels des deux côtés du Rhin,
Georg Blume tente d'expliquer pourquoi les deux pays ont du mal (et de plus en plus) à se faire confiance et à s'appuyer l'un sur l'autre pour maintenir une certaine unité de l'UE en partant des événements les plus récents (l'arrivée d'
Emmanuel Macron au pouvoir, lui qui veut « plus » d'Europe) et en s'appuyant sur l'histoire de la relation entre ces deux pays.
J'ai trouvé intéressante la manière dont
Georg Blume décrypte la relation entre les deux pays. Ce que reprochent les Allemands à la France : un ami « cher » titrait le « Spiegel » au début du mandat de Macron, au sens où la France demande toujours plus à l'Allemagne pour augmenter le budget dédié à l'UE. Ce que reprochent les Français à l'Allemagne : être la première puissance économique de l'UE avec une balance commerciale excédentaire et un déficit public faible et ne pas investir d'avantage pour l'UE.
En synthèse, l'analyse de l'auteur est sans appel : si les intellectuels et les politiques des deux pays ne se bougent pas plus pour faire front commun sur les problèmes structurels de l'UE (sociaux et économiques), d'ici 10 ans les deux pays seront trop différents, et leurs dirigeants trop éloignés, pour être en mesure de diriger ensemble cette partie du monde…