Citations sur L'épuisement (210)
Les enfants sont des gens du voyage, des âmes de grande circulation. Quand ils viennent dans ce monde, ils n'ont pas de vêtements, pas de mots, pas d'argent, aucun bien hors les biens du manque, de la faim, des larmes et du sourire. Les gens qui les accueillent, qui leur donnent asile pour vingt, trente ans, pour toute la vie, les gens qui disent aux enfants : entrez, faites comme chez vous, posez votre sourire dans un coin, il nous tiendra compagnie, il commence déjà à nous éclairer un peu, ces gens là, hôteliers de l'enfance, on les appelle des parents.
Les enfants restent où la porte s'ouvre.
Il n'y a pas plus de règles pour l' écriture que pour l'amour.Dans les deux cas il faut y aller seul et sans conseil, sans la croyance qu'il y a des coutumes à respecter, des connaissances à avoir.
( p.114)
Au sujet du film Mon oncle de Jacques Tati:
«Des usines pimpantes comme des maisons, des maisons équipées comme des usines. Un peu d’électronique et beaucoup d’optimisme. Et mon oncle au milieu de tout ça, mon oncle qui ne fait rien, ce qui s’appelle rien, mon oncle qui ne travaille pas, qui ne se marie pas, qui passe son temps à perdre son temps, mon oncle qui accumule les maladresses, maladroit par trop de gentillesse, distrait par trop d’attention au monde comme il va. »
L'amour c'est quand quelqu'un vous ramène à la maison , quand l'âme revient au corps , épuisée par des années d'absence .
La plus fine image des lectures que vous pourriez donner, vous l'avez trouvée dans un film, pas dans un livre." Mon Oncle" de Tati.Un grand film.Un film qui atteint à la grandeur en évitant le tragique- par courtoisie, par élégance.Un film grave par son sourire.Les années cinquante du XXe siècle. La vie moderne naissante, déjà vieille à sa naissance.Des usines pimpante comme des maisons, des maisons équipées comme des usines.Un peu d'électronique et beaucoup d'optimisme.Et mon oncle au milieu de tout ça, mon oncle qui ne fait rien, ce qui s'appelle rien, mon oncle qui ne travaille pas, qui ne se marie pas, qui passe son temps à perdre son temps, mon oncle qui accumule les maladresses, maladroit par trop de gentillesse, distrait par trop d'attention au monde comme il va.La maison de mon oncle, une incroyable bâtisse tout en fenêtres et en escaliers, on se sent bien rien qu'à la voir.De sa cuisine, il peut entendre chaque jour le chant d'un oiseau en cage chez le voisin du dessous.
( p.45)
L'écriture est une bohémienne qui campe chez moi à intervalles irréguliers, qui part sans me prévenir.
C'est son droit. C'est le droit élémentaire de ceux que j'aime de me quitter sans aucune explication, sans raisonner leur départ, sans prétendre l'adoucir par des raisons qui seront toujours fausses.
Ceux que j'aime, je ne leur demande rien. Ceux que j'aime, je ne leur demande que d'être libre de moi et ne jamais me rendre compte de ce qu'ils font ou de ce qu'ils ne font pas, et , bien sûr, de ne jamais exiger une telle chose de moi.
L'Amour ne va qu'avec la liberté. La liberté ne va qu'avec l'Amour.
Mais le charme vient aussi des livres. Très près de là, la librairie où vous recevez les livres commandés. Ils viennent de Paris, vous les emmenez dans vos bras le long de ce boulevard, heureux de cette compagnie, comblé avant même toute lecture.
L’écriture c’est le cœur qui éclate en silence.
Il me semble que nous disposons dans la vie que d'une quantité limitée de "oui " et qu'il nous faut , avant de les délivrer , les protéger par une quantité illimitée de " non " .
Personne ne peut vivre une seconde sans espérer.