J'ai toujours craint ceux qui ne supportent pas d'être seuls et demandent au couple, au travail, à l'amitié voire, même au diable ce que ni le couple, ni le travail, ni l'amitié ni le diable ne peuvent donner : une protection contre soi-même, une assurance de ne jamais avoir affaire à la vérité solitaire de sa propre vie. Ces gens-là sont infréquentables. Leur incapacité d'être seuls fait d'eux les personnes les plus seules au monde.
Lire pour se cultiver, c'est l'horreur. Lire pour rassembler son âme dans la perspective d'un nouvel élan, c'est la merveille.
La solitude est une maladie dont on ne guérit qu’à condition de la laisser prendre ses aises et de ne surtout pas en chercher le remède, nulle part. J’ai toujours craint ceux qui ne supportent pas d’être seuls et demandent au couple, au travail, à l’amitié voire, même au diable ce que ni le couple, ni le travail, ni l’amitié ni le diable ne peuvent donner : une protection contre soi-même, une assurance de ne jamais avoir affaire à la vérité solitaire de sa propre vie. Ces gens-là sont infréquentables. Leur incapacité d’être seuls fait d’eux les personnes les plus seules au monde.
Qui marche en effaçant ses pas ? La bonté.
Ce qui ne peut danser au bord des lèvres s'en va hurler au fond de l'âme.
La connaissance que l'on a des écrivains ne vient pas que de leurs livres, elle sort aussi de ce qu'on voit sur leurs visages --- comme si le fait d'écrire la vie changeait leur vie entière, corps et âme, en un livre battu par les vents, donné à tous. Camus, sur les photographies c'est le séducteur même, celui qui se laisse charmer par tout --- les femmes, le soleil d'Alger, la gaieté enfantine du sport, la fumée des cigarettes, la passion volage des idées. J'aime son goût adolescent de la lumière. Je l'aime aussi pour le mépris qu'il suscite chez les universitaires. Ces gens-là sont les plus morts que je connaisse. Le mort en nous c'est le maître, celui qui sait. Le vif en nous c'est l'enfant, celui qui aime, qui joue à aimer.
Ce que je tiens de mes parents, je le tiens de la contemplation du mouvement de leur vie. La plénitude silencieuse de mon père fumant une cigarette dans le retrait d’une cuisine m’a plus informé sur la vie que toutes morales sonores.
Qui a vu un petit enfant éclater de rire a tout vu de cette vie.
L'amour n'est pas un sentiment. Tous nos sentiments sont imaginaires et, si profonds soient-ils, nous n'y rencontrons que nous-mêmes c'est-à-dire personne. L'amour n'est rien de sentimental. L'amour est la substance épurée du réel, son atome le plus dur. L'amour est le réel désencombré de nos amours imaginaires.
L'intelligence n'est pas affaire de diplômes. Elle peut aller avec mais ce n'est pas son élément premier. L'intelligence est la force, solitaire, d'extraire du chaos de sa propre vie la poignée de lumière suffisante pour éclairer un peu plus loin que soi - vers l'autre là-bas, comme nous égaré dans le noir.