J’aimais ces matins clairs au printemps où, sortant d’un infect rade obscur et apaisant, nous découvrions qu’il ferait très beau ce jour-là. Avec l’ami se dire à demain, déchirants de solitude. Et simplement au mot demain renaître une nouvelle fois.
Demain c’était sûr on croiserait Blanche-Neige. Et si on la croisait pas on reverrait les potes, on reparlerait d’elles en trinquant.
C’est beau une ville la nuit.
J'ai tout joué. Toujours cru que la vie n'était qu'une répétition générale d'autre chose.
J'ai joué ma vie
J'ai appris à écrire sous une tonnelle de roses blanches débouchant sur un potager fleuri où les verts acides des poireaux se mêlaient aux rouges anémiés des carottes trébuchantes. J'ai appris à écrire sous une tonnelle blanche la nuit, dans la silence , à la limite du cri, et mon coeur battait aux rythmes des mots que je jetais comme des paysages dont la flamboyance me laissait pantelant.
J’ai appris à ne plus écrire avec cette putain de drogue, à inventer chaque nuit une nouvelle histoire qui ne verrait jamais la vie. J’ai appris à mentir pour écrire, à me prendre pour un maudit, à tout dire pour qu’il ne me reste rien à écrire. Ecrire relève de l’espérance. Tu mets la virgule là où tu veux que ça freine et le point là où tu veux que ça s’arrête. Quand tu veux laisser ton idée faire son chemin sans toi, tu rajoutes quelques points.
Quand tu t’étonnes tu peux t’exclamer, c’est pas obligé. Et puis le reste, tu laisses à ceux qui veulent tout expliquer.
p154-155.
On est partis au bord de l'Oise comme on serait partis au Canada il y a deux cents ans. Avec le cœur qui a peur mais qui vibre du tonnerre de Dieu. Qui est plein de devant et plus rien de derrière qui vient salir l'instant. On est partis comme des seigneurs, comme des découvreurs de nouvelles terres.
Y'a des gens qui prendraient c'que tu crois
qu'il te reste comme espoir
Pour toute la vie
Je crois savoir pourquoi les poètes sont malheureux. Parce qu'ils sont du signe de l'invisible. Que leur façon d'aimer est mystérieuse et souvent sans gloire.
Je suis resté cinq ans à l'héroïne. A me regarder mourir. Cinq ans à me faire des trous dans le bras. Cinq ans à voler des petites cuillères. A faire bouillir le cheval avec l'eau des chiottes. A me chercher les veines comme un singe. Cinq ans !
Écrire relève de l’espérance. Tu mets la virgule là où tu veux que ça freine et le point là où tu veux que ça s'arrête. Quand tu veux laisser ton idée faire son chemin sans toi, tu rajoutes quelques points. Quand tu t'étonnes, tu peux t'exclamer, c'est pas obligé. Et puis le reste, tu laisses à ceux qui veulent tout expliquer.
Vie je te veux. Je t'ai toujours voulue. J'avais pas le mode d'emploi. C'est pour ça que j'ai tant attendu. Pour te dire combien je t'aime. Comme si t'avais toujours eu ta place dans mon horizon. Mais comment faire pour t'aimer ? Vraiment t'aimer.
Pour le silence, la poussière est une impression d'éternité.