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EAN : 9782070381166
160 pages
Gallimard (14/03/1989)
3.34/5   471 notes
Résumé :
Ni autobiographie d'acteur ni roman, C'est beau une ville la nuit est "une balade, l’œil et l'esprit grands ouverts au vif de la ville et au droit à la vie, une route de douleurs, de joies et finalement d'espérances". Un blues en prose, ponctué de chansons, écrit par l'homme Bohringer à ses amis vivants ou morts, aux femmes qu'il a aimées, à la vie, à la page blanche. L'enfance maudite, l'alcool, les coups de chagrin, l'héroïne, il aura tout connu, pour s'octro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
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sur 471 notes

C'est beau une ville la nuit, quand l'idée du bonheur se retranche derrière les portes closes, les volets tirés, les murs dressés.
Le crépuscule, lentement, se peuple des ombres expulsées des forteresses de l'amour.
Et tombent les masques de la bienséance, les âmes peuvent se mettre à nu.
C'est beau une ville la nuit, quand l'instant paisible allume ses étoiles, quand vu du ciel Paris se fait grande ourse.
C'est le moment où les spectres d'hier renaissent de leurs cendres. La douleur se répand à travers les bars encore ouverts comme pour prendre un énième dernier vers dans un instant de poésie inattendu.
C'est beau une ville la nuit, quand la vie sommeille, quand l'agitation se met en pause, que les minutes peuvent enfin prendre leur rythme sans être pressées par des quotidiens d'horaires de gare.
Les passagers clandestins de l'amour, de l'en vie, se transforment en junkies. Des frères de sans, des petites soeurs des pauvres. Sister mort fine pour seule héroïne. Comme une fleur de pavot à l'eau de rose, un bouquet d'amour en intra veineuse.
C'est beau une ville la nuit, quand la jungle de la civilisation n'est plus qu'un mauvais rêve, que l'égocentrisme n'est plus qu'une photo jaunie, le futile, un souvenir enfoui.
L'obscurité fait les blessures anonymes, elles parlent un même langage, elles se pansent les unes les autres en attendant l'aube à coups d'alcool, à couts de coeur. Amis d'ivresses. Frères d'armes, celles qu'ils ont déposé aux pieds de l'abandon. Des cris d'alarme à larme à l'oeil, l'an nuit se charge d'émotions.
C'est beau une ville la nuit, quand les appâts rances n'ont plus d'importance, que les jugements croupissent aux oubliettes, que l'homme peut être.
L'heure est aux gens de rien, aux déchus de l'amour, de la reconnaissance, de la considération. Des trois à la foi.
Reste des espoirs s'évanouissant dans des volutes de fumée allumant l'aube.
C'est beau une ville la nuit, quand Richard Bohringer du plus profond de sa poésie nous conte ses dérives, ses plaies, ses balafres, ses lâchetés, son courage, son amour.
C'est beau quand les jours et les nuits de Bohringer se confondent dans un clair obscur qui fait perdre pied.
C'est beau quand il rend hommage à son pote, son ami, Roland Blanche, cet acteur qui n'a jamais été reconnu comme il aurait dû l'être. Une véritable déclaration.
C'est beau Bohringer qui parle, qui écrit, à poil, sans filtre.
En fait, c'est beau la vie.
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J'avais eu la chance de voir Richard Bohringer sur scène il y a quelques années de cela et j'ai vraiment eu l'impression de le revoir, de me replonger dans le temps en lisant cet ouvrage tant il écrit comme il est : c'est-à-dire vrai et sans fioritures.

Plus qu'un ouvrage autobiographique, ce sont des souvenirs que l'auteur, acteur, poète et tant d'autres qualificatifs que l'on pourrait lui attribuer nous offre à lire ici. Comme un cadeau, il se met à nu et nous, lecteurs, on prend cela en pleine face (oui oui, car c'est aussi cela Richard Bohringer) : de la poésie certes, souvent mais aussi des vérités crues, des réflexions sur la vie, sur l'amitié (beaucoup et sur les femmes (surtout).

Bien que ce livre ne soit pas très récent, il se lit de façon intemporelle et certaines réflexions sont d'ailleurs toujours d'actualité et le seront encore longtemps, que ce soit en France ou dans dans les pays dont l'auteur parle ici. Un ouvrage extrêmement bien écrit, avec des chapitres courts, entremêlés de poèmes/textes et qui se lit très rapidement. Une lecture très touchante et qui amène son lecteur à se poser sans cesse la question : suis-je assez attentif au monde qui m'entoure et aux autres ? D'ailleurs ai-je réellement pris le temps "de regarder une ville la nuit ?" A découvrir vraiment, absolument et à redécouvrir oserais-je même ajouter. Bref, j'adore !
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Intemporel, éclectique, poétique, émouvant, transcendant, parfois au delà de l'imaginaire, c'est ainsi que l'on pourrait qualifier ce roman de Bohringer et la liste est non exhaustive.
A travers ses notes et ses voyages, ses souvenirs qui refont sans cesse surface, son présent si délicat, ses fantasmes, il se laisse aller, avec ses mots, pour nous les exploser en plein visage... et quel bien fou lui a pris de nous les faire partager !
Dans ses valises, du Sénégal au Québec, il nous emmène avec lui et nous le suivons les yeux fermés. L'Afrique, ce continent sinueux, sauvage fera naître l'africain qui sommeille en lui. Richard porte en lui les stigmates et les couleurs de cette terre rude, indomptée et ancestrale. Homme de contrastes, il est pareil à ses habitants: baigné de couleurs, de sensations et d'odeurs. Il est le feu dans la savane, la terre rouge animale, la communion d'un peuple, le rite de passage. Richard est tout cela: force et fragilité, sensibilité et dureté, solitude et amitiés profondes.
Dans son monde peuplé de blues, d'amour, de rencontres, d'alcool, de drogue, de malheurs, de pleurs et de bonheur, là encore, nous partageons tout, sans retenue et sans tabou. Et c'est sans retenue qu'il nous livre les êtres qui ont marqués sa vie: Régis qui n'est plus et pourtant si présent, Mamie et sa douceur et puis sa fille, détentrice de tant d'espoirs et de renouveau.
Du pur Bohringer, du dur, du vrai, du sauvage, comme on l'aime...

Comme C'est beau une ville la nuit, comme c'est beau un homme qui aime la vie...
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Bribes de vie, de pensées en prose, mots que l'on pose facilement sur la voix de Richard Bohringer. Des mots cailloux, écorchés ou des mots qui s'envolent et fleurissent ; de la désespérance en bleue.
Une grande solitude noyée dans l'excès, une grande soif d'amour, un chant d'espoir "gai du triste".
Une impression de mots tissés avec de la poussière, du silence, du noir, pour en faire des trésors, de la vie. Écrit sans vouloir faire beau, sans mensonges, sans artifices, et pourtant ça l'est. C'est brut presque trop parfois. C'est la vie d'un homme qui se débat pour trouver le bleu et le vert cachés dans le gris.


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« Faudra pas laisser la vie se taire »

Ode aux amoureux de la vie. Prenez ces éclats de mots pour lumière, qu'ils vous apportent rêves de papier ou bruine de coton. Que vous marchiez seul ou planiez sous des horizons caligineux, perdu parmi les hirondelles de ce faux printemps qui s'ouvre, la prose de Monsieur Bohringer couvrira de poésie ces instants aigres et isolés.

Je l'aime « bien cette vie à la gueule de chien »

Elle soulignera que l'isolement n'est que moments, qui peuvent être beaux aussi. Que la solitude à plusieurs existe sans doute pour que des textes nous portent vers les lointains, pour que de notre dunette, nous entrevoyions un meilleur qui s'espère dans cette ville endormie nuit et jour, à défaut de se désespérer. Je vous souhaite d'amour et de santé parce que c'est beau une ville qui respire.

« Vie je te veux. »
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Citations et extraits (83) Voir plus Ajouter une citation
Ca me fait penser à Roland. J’aime faire la route avec lui. Il a des grands silences. Moi, je remonte le fil de sa nuit. A petits pas, à petits mots. Sans rien presser pour rien casser. Il est fragile, Roland. Roland, c’est un beau souvenir. On a fraternisé. Fraternisé pour la vie. Mon frère l’acteur. Le païen! L’éructant! Mon miel en colère. Celui qui a des paillettes d’or dans les mirettes. J’ai joué l’Ouest, le Vrai, avec lui. Quand je prenais la main de Roland à la fin je sentais à quel point nous étions fiers du boulot bien fait. Un beau boulot. J’ai passé des nuits de ma vie avec lui et sa vie. Des nuits d’agonies et de renaissances. Des nuits fleurs bleues avec du néon partout. Des éclatements en mille parcelles multicolores de nos colères. Nous nous sommes aimés debout, en brassant l’espace. Je l’aime celui là et les autres. Les inconnus, les fous d’amour. Avec le mal humain qui les ronge. Chiens galeux! Chiens jaunes de nos errances! Témoins humains de nos errances! J’aime l’errance! Je m’engloutis d’errance! Je macère dans l’errance! J’aime les êtres d’errance! Mon ami l’acteur avec qui j’ai fait le tour de France. Roland, tu sais, Paulo, c’est cet acteur à qui on ne donne que des rôles de méchants, de fourbes. Ce poète scandaleux et doux comme le souvenir débarbouillé des ses vilaines plumes. Celui qui se fait mal pour être plus près de toi.
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Écrire relève de l’espérance. Tu mets la virgule là où tu veux que ça freine et le point là où tu veux que ça s'arrête. Quand tu veux laisser ton idée faire son chemin sans toi, tu rajoutes quelques points. Quand tu t'étonnes, tu peux t'exclamer, c'est pas obligé. Et puis le reste, tu laisses à ceux qui veulent tout expliquer.
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Je me demande si cette fois-ci je reviendrai. Si je reviendrai dans la vie. Je vis dans du décolorant. Je me souviens des jours dorés. Je me souviens de l'ombre qui tremble. Je me souviens du pain, du café qui fume, des yeux clos, du soleil qui claque derrière le rideau. Du rire dans la maison claire, de l'âme qui s'envole au matin. Je me souviens de la peau, des doigts qui courent gros câlins. Je me souviens et tout revient. Nostalgie imbécile, quitte moi donc cet après-midi. Laisse-moi souffler, me reposer. Je suis épuisé. Je voudrais vivre comme hier, avant ce jour maudit où quelque chose s'envola. Imperceptible absence. Vivre dans du décolorant est épuisant.
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En fait jamais pu vivre la vie en place. Un formidable don d'observation pouvait laisser espérer à un plus grand talent, à une plus grande verticalité. Mais je fais dans le sanguin ! L'affectif ! A la fois, je touche les anges sans pouvoir l'exprimer, et m'abandonne à des clichés. Je suis superficiel profondément. Ou peut-être profondément superficiel. Il suffira de la couleur du matin.
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J’ai appris à ne plus écrire avec cette putain de drogue, à inventer chaque nuit une nouvelle histoire qui ne verrait jamais la vie. J’ai appris à mentir pour écrire, à me prendre pour un maudit, à tout dire pour qu’il ne me reste rien à écrire. Ecrire relève de l’espérance. Tu mets la virgule là où tu veux que ça freine et le point là où tu veux que ça s’arrête. Quand tu veux laisser ton idée faire son chemin sans toi, tu rajoutes quelques points.
Quand tu t’étonnes tu peux t’exclamer, c’est pas obligé. Et puis le reste, tu laisses à ceux qui veulent tout expliquer.
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