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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Après avoir lu -et apprécié- la biographie de Berthe Morisot par Dominique Bona, j'ai entamé la lecture de celle de Colette.
J'y ai retrouvé les textes ciselés de cette auteure servis par un travail considérable de recherche et de documentation.
Le choix de Dominique Bona est ici de nous présenter Colette, femme de lettres et artiste à la réputation sulfureuse, à travers les rapports étroits qu'elle entretint durant la première guerre mondiale avec 3 femmes : Marguerite Moreno, Annie de Pène et Jeanne Roques dite Musidora.
Laissées seules par les hommes partis au front, ces trois artistes se retrouvent dans le chalet de la rue Cortambert, dans le XVIème arrondissement de Paris et partagent une vie entre liberté et mélancolie de la solitude.
Elles goûtent un style de vie en rapport avec leur personnalité, indépendantes et libres, où l'amour occupe une place prépondérante.
Des origines de chacune à leur vie commune en passant par leurs relations et leurs dissensions, Dominique Bona nous invite ici à une immersion dans le Paris qui précéda la féconde période des années vingt en compagnie de femmes qui méritent d'être connues et approchées.
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La Feuille Volante n° 1351 – Mai 2019.

Colette et les siennesDominique Bona – Grasset.

Ce livre est moins une biographie de Colette (1873-1954) comme Dominique Bona les affectionne, qu'une évocation de cette écrivain anticonformiste qui, à l'âge de 41 ans, d'août 1914 à 1916, alors que les hommes et particulièrement son cher mari, Henry de Jouvenel, sont au front, choisit, pour fuir la solitude, de s'entourer chez elle à Paris, à l'orée du Bois de Boulogne, de ses amies, la comédienne Marguerite Moreno (1871-1948), la journaliste Annie de Pène (1871-1918) et la danseuse de cabaret Musidora (1889-1957). L'auteure pourtant en profite pour revisiter la vie de ces quatre femmes, même au-delà de cette période, et particulièrement celle de Colette. Ce chalet parisien prend des allures de phalanstère et c'est pour elles un refuge, un univers. Ce sont des femmes au destin différent et pourtant commun tant elles étaient prédestinées à se rencontrer, qui ont une histoire personnelle mouvementée et pleine de secrets et ont, chacune à sa manière, déjà affirmé leur liberté et leur originalité par des choix personnels, même à une époque où les femmes étaient sous la tutelle des hommes. Cette liberté, à la fois amoureuse, sociale et artistique, elles l'ont payé cher plus tard par des revers de fortune et une grande solitude intime malgré leurs liens très forts et le silence qui faisait aussi partie de leurs échanges. Elles vivaient et étaient elles-mêmes dans ce microcosme en prenant bien soin de ne pas ressembler aux hommes et à tirer un trait qu'elles voulaient aussi définitif que possible sur leur vie d'avant comme en témoigne sans doute l'usage d'un pseudonyme. Scandaleuse, Colette l'avait été sur les scènes de music-hall ou de cabarets, comme elle l'a été ensuite dans ses choix matrimoniaux, ses amours saphiques et quasi incestueux ; elle se voulait indépendante dans ce chalet dédié aux femmes mais c'est un homme qu'elle attendait et qu'elle allait même rejoindre sur le front à Verdun, son mari Henry de Jouvenel. La guerre qui faisait rage obligea ces femmes à trouver des sources de revenu ce que chacune a fait, en se consacrant qui à l'écriture, qui au journalisme, qui au théâtre et au cinéma mais avec des fortunes diverses et à partir de 1916, le chalet ne sera plus pour chacune d'entre elles qu'un beau souvenir et le début d'une nouvelle vie faite de voyages, de liberté, d'aventures. La guerre a été une épreuve pour Colette qui retrouva Henry à la fin du conflit, mais cet homme volage lui échappait de plus en plus et, alors qu'elle aurait voulu lui appartenir et le garder pour elle, elle souhaitait en même temps une grande liberté pour elle-même. Elle craignait surtout la solitude, ce qui est paradoxale pour un écrivain qui en principe la cultive comme le terreau de l'écriture. Plus inattendu peut-être, pour faire échec à son isolement, elle alla même jusqu'à entretenir des relations amicales… avec les anciennes maîtresses successives de son mari ! Elle renoua avec les mondanités pour soutenir la carrière politique d'Henry et son appétit de vie l'a fait basculer dans des amours de contrebande que la morale bien souvent réprouva, surtout à cette époque. Colette connut des revers dans ces passades qu'elles auraient voulues pérennes, sa vie fut une longue recherche du bonheur émaillée de fuites, de passions, de ruptures, de trahisons, de renaissances, de divorces. A part Annie de Pène, fauchée par la grippe espagnole après la Grande Guerre, ces femmes, après cette parenthèse amicale commune, ont correspondu, se sont croisées, faisant en quelque sorte perdurer, malgré le temps, les liens tissés dans leur phalanstère. Colette reste un écrivain qui échappe aux étiquettes et ses romans se sont nourris de ses passions, de ses engagements personnels, de sa vie amoureuse par ce fameux effet miroir, cet aspect de l'écriture, à la fois prémonitoire et cathartique, cette alchimie mystérieuse et si profondément humaine qui font les bons auteurs.

De même qu'on ne s'improvise pas romancier, on n'écrit pas des biographies par hasard, surtout quand, on est un auteur de fiction du talent de Dominique Bona et il est sans doute dommage qu'elle ne se consacre plus au roman comme elle l'a fait au début de sa « carrière ». Dans son précédant ouvrage (« Mes vies secrètes ») elle a confié que le biographe s'efface volontairement derrière l'écrivain dont elle a choisi de parler, mais il m'a toujours semblé que, à travers un parcours qui n'est pas le sien, même si elle garde autour de sa personne un secret de bon aloi, elle évoquait, en creux, un peu de ses passions personnelles, de ses aspirations intimes. Cet ouvrage est évidemment fort bien écrit et passionnant comme elle en a habitué ses lecteurs et c'est devenu un lieu commun que de souligner autant la fluidité du style que la richesse et la précision documentaires, jusque dans le détail, d'une biographie écrite par l'académicienne. Elle est évidemment tenue par le déroulement des événements qu'elle évoque et qui rythment la vie des personnages qui sont l'objet de son étude mais elle ne se contente pas d'énoncer des faits, elle s'approprie la vie de ses sujets, tente de les comprendre, en excuse parfois les excès, en essayant de percer peut-être leurs secrets intimes mais elle respecte surtout ce que l'histoire ne révèle pas, en s'interdisant de fantasmer sur l'inconnu. Ici, elle nous fait partager l'univers de Colette, son amour de la liberté, son papier bleu, son encre couleur d'azur, ses mots profondément humains où les cinq sens sont sollicités qui nous transmettent son sourire, sa joie de vivre malgré les épreuves que la vie lui a envoyées.

©Hervé Gautier.http://hervegautier.e-monsite.com
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J'aime Colette, que je considère comme la plus grande écrivaine française. J'ai tous ses livres bien sûr (je crois, tous dans la vieille édition poche, que j'ai achetés chez un bouquiniste lorsque j'étais étudiante), j'ai plein de gros beaux livres sur Colette, et récemment j'ai lu les lettres de Sido à Colette, c'est ici sur mon blog, mais lorsque j'ai vu passer, ci dessous le lien :

chez christlbouquine ce livre, j'ai foncé ! Incroyable, ce livre m'avait échappé ! Alors voilà. Quelques jours plus tard, et lu d'un trait, avec avidité. Voici la présentation éditeur :

"Août 1914, il n'y a plus d'hommes à Paris. Les femmes s'organisent. Dans une jolie maison, à l'orée du bois de Boulogne, Colette, la romancière, la journaliste célèbre, fait venir ses amies les plus proches. Toutes appartiennent au monde de la littérature et du spectacle. Il y a Marguerite Moreno, la comédienne. Annie de Pène, la chroniqueuse et « presque soeur ». Musidora dite Musi, bientôt la première vamp du cinéma…
Ces quatre femmes libres s'inventent une vie tendre, pleine de rêves et de douceur : les cheveux courts et sans corsets, elles n'oublient pas le ciel de Paris où passent les dirigeables, ni leur travail, ni les hommes."

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Ce sont ces quatre-là. Colette, Annie de Pène, Marguerite Moreno et Musidora.

Ces femmes vont se retrouver, au début de la guerre 14/18 seules, sans mari, sans compagnons. Tous les hommes sont mobilisés. le mari de Colette a cette époque, Henri de Jouvenel, est envoyé à Verdun. Colette qui, comme on sait, n'a pas du tout la fibre maternelle, a envoyé sa fille d'un an, "Bel-Gazou"(Colette de Jouvenel, comme sa mère) en Corrèze dans la famille De Jouvenel. Annie de Pène, elle, a carrément fui son mari et ses enfants pour être libre, à Paris. Marguerite Moreno n'a pas encore de "régulier", Musidora est la muse de Pierre Loüys.

Elles sont les scandaleuses. Cheveux coupés à la garçonne bien avant que "La Garçonne" existe. Elles fument. Elles portent toutes un pseudo. Elles ne portent pas de corset, et ont toutes un métier. Colette et Annie sont journalistes, l'une au Matin, l'autre à l'Aurore. Marguerite et la très jeune Musidora sont comédiennes, Marguerite Moreno est même Sociétaire à La Comédie Française. Elles vont toutes vivre dans le XVIe arrondissement, et passer leurs journées chez Colette, dans son chalet de Passy, avec son jardin, chalet disparu depuis.

C'est l'histoire de leur amitié, fondée là dans ce "phalanstère". Où l'on verra qu'elles vivent pour leur liberté. Qu'elles s'écrivent, qu'elles passent des heures et des jours à discuter, rire, manger, et ranger. Puis chacune de partir qui en tournée, qui en reportage.

On y apprend bien des choses. Sa parenthèse saphique. Sa longue liaison avec la Duchesse Mathilde de Mornay, qui bravait la loi en s'habillant en homme, homme qu'elle se sentait être.

Où l'on comprend que Colette, bien avant Annie Ernaux, est la pionnière et la plus prolifique des écrivaines d'autofiction.

Où l'on apprend que Colette s'est fait faire un lifting... en 1921 ! Et des tas d'autres secrets. Une merveille de lecture pour les passionnés, comme moi, de Colette.

Colette et les siennes - Dominique Bona, editions Grasset, 2017, 410 pages + énorme bibliographie.


Lien : https://melieetleslivres.wor..
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Dominique Bona nous livre ici un magnifique moyen de nous plonger dans la vie de 4 femmes, Colette et ses trois amies Marguerite Moreno, actrice surtout de théâtre, Annie de Pène, journaliste au Matin comme Colette et la petite jeune Musidora, actrice du cinéma muet. Nous sommes en 1914 et ces amies se sont réfugiées à Passy, dans le chalet d'Henry de Jouvenel, alors mari de Colette. C'est la vie en arrière des combats et surtout le prétexte pour l'auteure, de commencer le récit mélangé de leurs 4 vies, très liées autour de Colette. 4 femmes vraiment exceptionnelles chacune à leur façon mais toutes libres, aimant la vie et faisant fi des conventions. L'époque incitait à cette libération car les hommes étant partis, il fallait se débrouiller seule. J'ai aimé ce texte parce qu'il est rempli de la sensualité, de l'amitié, de l'amour, de la beauté, de la gourmandise, du talent incroyable de ses femmes. Nous parcourons toute cette époque jusqu'au décès de chacune mais toujours si fidèles entre elles malgré les années. J'ai lu ce livre en allant sur internet chercher des photos de ces femmes et de leurs très nombreux compagnes ou compagnons, des photos de Rozven, maison tant aimée de Colette et bien sûr, dès que je l'ai refermé, je suis allée chercher dans ma bibliothèque « l'entrave » et « chéri » que je vais m'empresser de déguster avec maintenant un autre goût sur les papilles.
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Colette et trois de ses meilleures amies : Annie de Pène, journaliste de talent, Marguerite Moreno, grande comédienne et Musidora, vamp du cinéma muet, forment une sorte de communauté, pendant la Première Guerre mondiale, dans un chalet de Passy, aujourd'hui disparu.

Nous voyons Colette rejoindre son homme, Henri de Jouvenel, sur le front à Verdun, et livrer un reportage saisissant sur la guerre.

En avance sur leur époque, ces quatre amies vécurent librement.

Dans cette période pleine de violence, elles se construisirent un lieu plein de douceur et de rêves...

Annie de Pène, mère de la femme de lettres Germaine de Beaumont, fit de sensationnels reportages sur les tranchées.
Elle mourut le 14 octobre 1918, à l'âge de quarante sept ans.

Marguerite Moreno fit une belle carrière de comédienne et mourut en 1948.

Musidora, de son vrai nom Jeanne Roques, doit sa célébrité au rôle de Vampire qu'elle interpréta dans une série de films muets réalisés par Louis Feuillade pour la Gaumont.
Surnommée la Vamp, c'est de là que vient ce mot si souvent employé.

Comme pour ses autres biographies, Dominique Bona nous enchante avec son style très agréable.
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Comme
Toujours Dominique Bonna sait nous entraîner dans les pas de ceux dont elle conte la vie, on se délecte en découvrant des personnalités que l'on croyait connaître.
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Colette et les siennes commence par un moment à part dans la vie de quatre femmes, Colette, sa consoeur journaliste et auteure Annie de Pène et les actrices Marguerite Moreno et Musidora. C'est le mois d'aout 1914, dans Paris quasiment déserté par les hommes appelés aux front. Ceux qui restent sont vieux ou non mobilisables, les femmes s'organisent, apprennent à vivre entre elles. Ces quatre là vont vivre quelques mois ensemble et resteront liées jusqu'à la mort. La sororité sous tend tout le livre, elles sont ensemble pour vivre malgré l'absence des hommes, pour soutenir Colette dont le mari Henry de Jouvenel est au front, et bientôt à Verdun. Mais aussi pour recréer un monde à part, le leur, fait de liberté, de libre arbitre. D'amour quasi familial, entre elles, elles se découvrent mères et/où soeurs de coeur. Les trois qui ont dépassé la quarantaine se préoccupent sans cesse de Musidora, jeune femme frêle au rythme de vie soutenu. Ensembles elles vont braver les interdits qui nous paraissent si dérisoire aujourd'hui : elles ont toutes les cheveux court, à la garçonne avant l'heure, elles sont en avant sur leur temps, elles travaillaient avant la guerre. Les premiers mois d'insouciance et de sidération ou le travail est ralentit ne sont qu'une pause avant le retour à leurs métiers.
Lien : https://proposweb.com/2017/0..
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