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3,76

sur 1015 notes
Un bien joli roman, au style ample, coloré et imagé. On suit sur plusieurs générations la famille Lonsonier, dont l'ancêtre fortuné, vigneron ruiné par le phylloxera, débarque par hasard à Valparaiso, au Chili, alors même qu'il souhaitait s'établir en Californie.
Lonsonier, puis son fils Lazare, Thérèse sa femme et leur fille Margot, puis leur petit-fils Ilario Da – autant de personnages romanesques, formidablement croqués, qui composent une saga familiale sur quatre générations.
L'auteur construit tout un monde de poésie et de fantaisie, dans lequel le lecteur se laisse embarquer : Thérèse et son immense volière, qui accueille plus d'une centaine d'oiseux venus des quatre coins de la terre ; Margot et l'avion qu'elle construit dans le jardin ; le guérisseur mapuche dénommé Aukan, présent dans tous les moments sombres traversés par la famille et qui toujours propose un remède, souvent baroque mais qui possède des vertus ; Hector Bracamonte ou Ilario Danovsky, héros discrets du quotidien, tellement touchants dans leur sacrifice… Chaque chapitre porte le nom d'un des personnages et on découvre par petites touches leur histoire, ce qui les lie, comment les hasards de la vie les font se croiser, se rencontrer, s'aimer.
A cheval sur deux continents, nous les suivons se confrontant à l'Histoire – les deux guerres mondiales, les pogroms, le coup d'état de 1973 et le suicide de Salvador Allende - toujours vaillants, courageux, n'hésitant pas à se mettre en danger pour défendre leur patrie d'origine ou d'adoption. Autant d'épisodes violents, où la cruauté des hommes est donnée à voir dans sa crudité.
Héritage, comme son nom l'indique, est aussi une réflexion sur les racines, les origines – ce qui lie un homme ou une famille à un pays, à des traditions. La famille Lonsonier, exilée, bien qu'attachée profondément au Chili, terre qui l'a accueillie et permis de prospérer, reste néanmoins fortement attachée à la France, mère patrie fantasmée, dont le souvenir se perpétue à travers des histoires mille fois inventées. le pied de vigne dans la pauvre valise du patriarche symbolise cet héritage, l'importance de la transmission familiale.
C'est un régal qui se lit d'une traite et, alors même que les événements sont le plus souvent tragiques, totalement dépaysé, on retient des chants d'oiseaux, des senteurs de citron et des fragrances de miel, l'air puissant des Andes et la musique jouée par la fanfare du Maestro 😊.

Challenge MULTI-DEFIS 2021




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Un livre-comète qui fait s'écouler une centaine d'années comme les grains de sable au creux des doigts, dans un récit picaresque, émouvant et léger comme une bulle de rêve. Tout est fait au long des pages pour que la magie opère, dans un monde réel où le merveilleux s'impose par les personnages et les situations. Il y a là une filiation de l'écriture avec les grands écrivains latino-américains, et l'on retrouve chez Thérèse et Margot, une folie obstinée qui fait penser aux femmes de « Cent ans de solitude » dans ce temps étiré lui aussi, sans fin. Un temps que peuvent traverser : un chamane visionnaire, un musicien passionné tel un improbable Fitzcarraldo débarqué de France, un temps habité par l'odeur des citrons et peuplé d'oiseaux et d'avions légers qui leur ressemblent. Terre d'accueil que ce Chili de contrastes, de neige et de feu, de lièvres et de pumas, où le mapuche et l'espagnol coexistent, il y a donc une place pour tous ceux qui viennent s'y échouer, qu'ils soient rabbins chassés de leur shetel ou paysans brisés par le phylloxera. On pourrait croire ce Chili du bout du monde, étiré au pied des Andes, à jamais à l'abri des tempêtes du siècle et il faut l'attachement des Lonsonier à leurs racines pour voir partir Lazare puis Margot vers le feu des guerres. La chute est donc rude en 1970, quand le rideau tombe sur le coup d'état sanglant de Pinochet et la répression terrible qui suit.
Les deux derniers chapitres du livre, mettent en scène les atrocités commises par la junte militaire et le rêve chilien est noyé dans le sang des oiseaux de la volière. Mais les milliers d'assassinats comme celui d'Hector Bracamonte ne désarment pas ceux qui tombent sous la torture, même s'il ne leur reste que le chant, comme ce « Volver » qui s'élève des geôles de la Villa Grimaldi alors que de nouveaux coups sont promis à Illario Da. Cet arrière-petit-fils du premier Lonsonier débarqué au Chili, réussira à résister aux coups, et sa double nationalité lui permettra d'échapper à ses bourreaux grâce aux efforts de Margot sa mère. Force doit pourtant rester aux rêves, l'auteur leur fait honneur dans l'épilogue du roman, pas seulement par ce voyage improbable vers la liberté, mais aussi par les liens qu'il permet de renouer à travers l'arrivée d'Illario Da en France, entre tous les rêves de justice que peuvent porter les deux pays. Illario Da militant du Mir continuera à les porter, d'autant qu'il donnera en arrivant en France un nom soufflé par son arrière-grand-père, un nom énigmatique qui porte un peu le parfum des cerises de mai, celles que Louise Michel n'a jamais pu cueillir en 1871 à Paris.
Ce puissant trait d'union franco-chilien dans lequel Miguel Bonnefoy puise ses propres racines, est aussi un hommage vibrant aux idéaux de liberté et d'égalité, qui font rêver, résister, lutter.
Un superbe roman.
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Quel merveilleux écrivain ! Miguel Bonnefoy, d'un livre à l'autre , nous fait rentrer dans un univers dépaysant et cela en si peu de pages .

Dans Héritage , le lecteur vibre avec des personnages hors du commun sur quatre générations en commençant par le patriarche, vigneron de son état , dont les vignes sont anéanties par le phylloxera au début du XXeme siècle en France et qui débarque au Chili avec trente francs et le seul pied de vigne qu'il a pu sauver. Sa belle fille Thérèse, ornithologue passionnée peuple la maisonnée de centaine d'oiseaux qui vont cohabiter dans une immense volière , Margot, la petite fille construit un avion dans le jardin ...

Miguel Bonnefoy fait défiler rapidement les époques et dresse sans fioritures le portrait de son personnage suivant , comme celui-ci a des caractéristiques hors du commun, le lecteur se retrouve vite absorbé par le nouvel arrivant, en regrettant parfois de quitter les précédents mais l'écrivain a l'astuce de les faire reparaitre régulièrement ce qui chasse le sentiment d'abandon, c'est très fort !

Ce roman est aussi une chronique historique aussi puisqu'il survole deux guerres mondiales auxquelles vont participer les descendants , comme une évidence pour eux d'aller défendre le sol natal de l'aïeul et qui leur coutera cher avec , non seulement des morts et des blessures mais aussi des fêlures à l'âme que les survivants seront obligés de supporter .

Leur terre d'accueil , préservée des conflits mondiaux , va également connaitre la noirceur car si la victoire du socialiste Salvador Allende ouvre l'espoir de la jeunesse vers de nouveaux horizons, la répression qui suit le coup d'état de Pinochet est terrible, et le dernier Lonsonier de l'histoire, Ilario Da , militant actif de l'extrême gauche vit des journées effroyables dans les geôles de la Villa Grimaldi, les pages racontant les tortures prennent une dimension toute autre , quittant le domaine romanesque, avec parfois des envolées fantastiques comme avec Auzan, personnage enigatique pour un témoignage vécu, puisque ceci est véritablement la transcription des écrits du père de Miguel Bonnefoy.
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Le père de Lazare Lonsonnier quitte ses vignes jurassiennes ravagées par le phylloxera, emportant dans ses valises le seul cep rescapé, et s'embarque pour la Californie. le hasard (pas sûr !) l'obligera à faire escale au Chili où il s'installe et fréquente la très vivante communauté d'immigrés français. Ses trois fils seront élevés dans l'amour et la révérence d'une France fantasmée et idéalisée, du moins jusqu'à ce qu'ils s'engagent avec enthousiasme en même temps que 800 Franco-Chiliens… Seul Lazare reviendra et nous connaîtrons sa vie, celles de sa fille Margot et de son petit-fils Ilario Da. de nombreux personnages, qu'il est difficile de qualifier de secondaires, traversent leur vie et influencent leur destinée.
***
Héritage est le premier roman que je lis de Miguel Bonnefoy. J'en sors à la fois essoufflée et ravie par le récit, et enthousiasmée par l'écriture. L'auteur s'attache à raconter l'histoire d'une famille sur plusieurs générations, mais en faisant défiler les personnages et leurs aventures sans s'y attarder, comme une galerie de portraits qu'on visiterait au pas de charge et qu'on aurait pourtant l'impression de bien connaître. On suit plus particulièrement un personnage dans le chapitre qui est titré par son nom, mais beaucoup d'autres le croisent, s'attardent où ne font que passer. Il ne faut pas chercher ici de réalisme, ni même de vraisemblance : on est ailleurs, dans un univers où l'intervention d'un fantôme peut laisser des traces… tangibles ! On quittera momentanément ce monde où intervient parfois le surnaturel pour l'horreur des geôles de Pinochet. Plus encore que cette histoire mouvementée et magique, c'est le style de Miguel Bonnefoy qui m'a touchée. Il emploie une langue académique (passé simple, imparfait du subjonctif) qui réussit à ne pas dater, fignole le choix des mots, toujours justes, pertinents et imagés à la fois. Il excelle aussi, je trouve, dans les phrases lapidaires et métaphoriques qui traduisent une vision du monde particulière (voir les citations). Bref, je conseille chaleureusement ce beau roman où se mêlent la grande Histoire et un peu du réalisme magique si particulier aux écrivains latino-américains.
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Miguel Bonnefoy publie un nouveau roman ! Il me le faut à tout prix. J'ai tellement apprécié Sucre noir, tellement apprécié l'homme lors d'une rencontre babelio .
J'ai retrouvé avec énormément de plaisir la plume, la faconde de l'auteur. Mêlant le merveilleux et l'atroce réalité Miguel Bonnefoy est avant tout un conteur. Difficile de ne pas prêter attention à ses mots, aux siens et à ceux de ses personnages.Le Chili est là caressant, enveloppant la terre de France. Nous suivons le chemin du patriarche arrivé à Santiago en 1873 chef de file de la famille des Lonsonier, Lazare, Margot, Ilario Da. A travers eux c'est 100 ans de l'histoire mondiale qui défilent sous nos yeux , c'est 100 ans de l'histoire du Chili qui s'inscrit sur des tablettes d'argile, c'est l'histoire d' un pied de vigne qui aura traversé l'Atlantique dans les deux sens..
Malgré tout son talent, Miguel Bonnefoy ne m'a pas "envoutée ". Trop de douleur suinte sous les mots, trop de douleur palpable, celle de l'exilé, celle des corps torturés. Miguel Bonnefoy parle avec son coeur, écrit avec ses tripes, ne parle pas de l'histoire de sa propre famille mais est-ce bien nécessaire ?
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Un petit bijou de lecture. La force de cette saga familiale est de concentrer en un volume somme toute peu épais ce qu'un autre auteur aurait développé sur 600 ou 800 pages. Les personnages en prennent davantage de relief. Qui plus est, Bonnefoy ne se refuse rien, qui agrémente son récit d'une dimension surnaturelle qui ne dépare pas l'ensemble. A découvrir !
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Heritage est une saga familiale qui couvre 200 ans d'Histoire entre la France et le Chili en seulement 206 pages,sans que j'ai eu le sentiment d'un manque. C'est presqu'un exploit en soi !
Alors que son vignoble est décimé par le philoxera,celui qui deviendra monsieur Lonsonier, abandone ses terres du Jura pour tenter sa chance en Californie. le destin l'arrêtera à Valparaiso et il restera au Chili jusqu'à ses 108 ans lorsque la mort lui proposera un nouvel exil. Nous suivons l'histoire de sa famille sur quatre générations. Par un attachement à des valeurs morales mais aussi à un pays qu'ils ne connaissent pas et idealisent peut-être comme tout ceux qui sont soumis à l'exil,les descendants de Lonsonier vont s'engager dans la première puis deuxième guerre mondiale. Iliaro Da, l'arrière petit fils, mènera lui aussi le combat mais dans le pays qui l'a vu naître. Celui qui porte ses aspirations révolutionnaires avec Allende mais aussi celui de la dictature et de la répression sanglante de Pinochet.
Ces personnages ont pour heritage la détermination,la capacité d'accomplir les projets les plus fous. Mais ils portent aussi,le poids terrible de la culpabilité face au choix cornélien qu'ils ont dû faire l'un après l'autre à un moment crucial de leur vie. Derrière leur force, j'ai été touchée par la solitude qui se dégage de chacun d'eux,hommes ou femmes. Leur monde intérieur est riche,hors du commun mais aussi angoissant et impossible à partager. La question de René Michel,celui qui est resté en France,la racine commune, réapparaît régulièrement dans le récit. le mystère qui l'entoure en fait une sorte de mythe fondateur. Il faudra attendre la toute fin du roman pour comprendre et c'est là aussi un moment très émouvant et une dernière référence à un évènement historique français,et pas le moindre! S'il s'agissait de tourner ce roman au cinéma,il faudrait peu de parole et beaucoup de regards...
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Pour la découverte de l'auteur qu'est Miguel Bonnefoy, je crois que je n'ai pas choisi le bon roman.
Il faut dire que lorsqu'on quitte Follett, la barre est très très haut posée et c'est là que le bât blesse.
Non pas que la plume de Bonnefoy me dérange mais j'ai trouvé que cette fresque familiale manquait d'étoffe, que de chapitres accumulés nous présentant chaque personnage m'ont gênée pour que tout s'enchaîne avec fluidité.
J'aime le côté Réalisme Magique et je sais que cet auteur pourrait me plaire c'est donc avec un avis mitigé que je repose mon livre mais je tenterai à nouveau la lecture avec Sucre noir. Je lui donnerai malgré tout une seconde chance.
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Roman bâti en forme de galerie de portraits, qu'on parcourt un peu comme un album photo, et qui petit à petit nous révèle l'histoire d'une famille d'immigrés français dans le Sud de l'Amérique du Sud.

On y retrouve certaines vieilles connaissances, comme Severo Bracamonte rencontré dans Sucre noir. Il y a aussi des personnages excentriques (souvent des femmes d'ailleurs comme si elles seules assumaient leur originalité et osaient flirter avec la folie), un sorcier, un escroc, …

Mon personnage préféré, qu'on entrevoit trop rarement dans le roman, est certainement Etienne Lamarthe, le jeune Provençal débarqué avec ses trente-trois instruments de musique. Etienne s'installe dans un village reculé des Andes, au milieu des tomates et des orchidées, et entreprend d'enseigner la musique aux paysans du coin. Il leur fait connaitre les grands compositeurs de musique classique et un buste en l'honneur de Bellini est érigé sur la place du village. L'homme se déplace toujours accompagné de sa fanfare, et les scènes où il apparait font penser aux grands films d'Emir Kusturika. Des petits moments de grâce dans ce roman un peu poussif, il faut bien le dire.

Car la mayonnaise ne prend pas. Certes j'y ai retrouvé le côté fantasque de Sucre Noir, les ellipses temporelles utilisées sans aucun complexe, et une pointe d'humour distillée çà et là. Mais l'histoire ici est nettement moins sensorielle et, surtout, beaucoup moins merveilleuse. Certains passages sont d'ailleurs effroyablement réalistes, comme les scènes de guerre dans la boue des tranchées et les séances de torture dans les prisons chiliennes.

Une petite déception donc, après le feu d'artifice de sucre noir.
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Une fois n'est pas coutume, avant de rédiger ces quelques lignes, je me hasarde à lire quelques-unes des - nombreuses - critiques de l'excellent @Héritage de @Miguel Bonnefoy.
Pour être tout à fait honnête, je voulais vérifier que mon impression de modeste amateur de littérature était la bonne : il y avait là un soupçon de @Garcia Marques. Et nombre de babelionautes m'ont conforté dans cette impression ! Je puis donc me lancer à livrer quelques impressions de ce très beau roman.
Cent ans ... le nombre d'années qui sépare l'arrivée fortuite au Chili de Lazare Lonsonier, ainsi rebaptisé par un caprice du destin, chassé de sa terre natale par une épidémie de phylloxera, du retour en France de son descendant Ilario Da, victime de la répression des sbires de Pinochet.
Cent ans d'une histoire familiale mouvementée, picaresque, une histoire de transmission, cent ans d'un tourbillon marqué par deux guerres mondiales, l'avènement de Salvador Allende puis le basculement dans la dictature du Chili.
Cent ans d'un tourbillon, d'un maelström dans lequel nous entraîne l'auteur. Un tourbillon mâtiné d'un soupçon de magie, avec la figure énigmatique d'un soldat allemand ou encore celle d'un chaman. On se retrouve finalement aux frontières du monde réel, dans une histoire qui aurait pu me perdre, puisque finalement, on est entre deux mondes sans que l'un ou l'autre ne soit pleinement assumé. Ou plus exactement sans qu'aucun des deux ne prenne le pas sur l'autre. Monde réel, monde onirique ? Les deux à la fois ?
Reste que @Miguel Bonnefoy m'a littéralement happé dans ce récit, avec une écriture riche, et en même temps très simple, avec des personnages hauts en couleur, des tableaux parfois très surprenants et en même temps très entraînants. Pour reprendre la référence du début, j'ai davantage apprécié ces cent ans de saga familiale que les @Cent ans de solitude du maître colombien.
Et je conseille vivement cet @Héritage, même si mes mots n'atteignent pas l'excellence des critiques lues chez @Fandol et @Kirzy, entre autres.
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