AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,76

sur 1015 notes
Bah voilà, j'ai trouvé mon Goncourt De l'année. Jouissif. de l'épopée lyrique et débridée. On croirait en lisant ces lignes pourtant françaises redécouvrir un roman de Gabriel Garcia Marquez dans le Chili du vingtième siècle.
Là, c'est une génération de solitude.
Solitude pas tout à fait, même si certaines procréations sont quand même osées... Madame Marie a de la concurrence.
L'auteur nous parle d'humanités, au pluriel. On peut par exemple admirer le courage des soldats qui, sous Pinochet, loyaux et attachés aux valeurs d'ordre, ont su au prix de quelques tortures somme toute nécessaires, remettre ce pays dans le droit chemin, celui dicté par nos amis étatsuniens et leurs « Chicago Boys » qui ont tellement apporté à l'humanité. Ceci alors que la surveillance numérique n'existait pas encore, ce qui rendait leurs oeuvres encore plus méritantes car parfois techniquement plus difficiles à exécuter et plus aléatoires. Louons leur zèle.
On voyage donc, d'un continent à l'autre, en bateau et en avion, on éprouve de l'empathie pour certains personnages (pas forcément ceux cités plus haut, on est libre de choisir son camp pour paraphraser un l'allemand) et on s'interroge enfin sur l'importance à accorder ou non à des notions d'appartenance à une communauté, une famille, une terre. Sur les rêves de liberté et de s'accomplir ailleurs quand ce n'est pas possible là où Dieu nous a posé sur Terre.
C'est donc une belle réussite.
Commenter  J’apprécie          562
La première remarque que je ferai est, bien sûr et c'est un beau parallèle, la petite musique d'ambiance qui me rappelle fortement les « Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia-Marquez. Tout y est : personnages singuliers dotés d'une force de caractère hors du commun, multiplicité des personnages et destins observés sur une centaine d'années. Peut-être un peu moins la flamboyance des décors, car ici ce sont les hommes (et surtout les femmes) avant tout qui se distinguent. Mais des décors plantés sur deux continents et deux pays particulièrement, la France et le Chili, avec en toile de fonds les grands événements historiques de part et d'autre.
Déjà tout ça fait rêver, pas vrai ? Mais le meilleur reste à venir pour vous qui n'avez pas encore succombé à ce beau roman : l'art du conte déployé par Miguel Bonnefoy. Quel plaisir ! Oui vraiment l'écriture vous emporte et vous restez là, assis, suspendu(e) aux mots de l'auteur, attendant la suite toujours et encore. Parce qu'il'y a de l'inventivité dans cette saga familiale, des personnages fabuleux, de la magie aussi, du rêve, des oiseaux, de la musique et du bon vin.
Allez, laissez vous emporter par ce roman et vous verrez, vous redeviendrez l'enfant attendant avec impatience la suite de l'histoire fabuleuse que vos parents (ou grands-parents) distillaient avec une fausse lenteur pour vous entendre dire : encore !


C'est parce que le phylloxera a décimé ses vignes, que vers les années 1870, un jeune Jurassien décide d'immigrer en Californie. Mais les hasards de la route, ou plutôt de la mer, le conduiront au Chili où il sera rebaptisé Lonsonier.
C'est à Santiago du Chili que prendra racine sa nouvelle famille. Mais aucun des membres de cette tribu n'oubliera la France, ni le seul nom mystérieux qui s'y rattache : Michel René.
Commenter  J’apprécie          557
Quel destin que celui de la lignée fondée par Lonsonier, vigneron jurassien que les ravages du phylloxéra poussent à l'exil ! Une famille d'aventuriers ballottés à travers le monde au gré des bouleversements historiques et des contingences, qui fournit un matériau fascinant à ce roman. L'histoire est aussi celle du Vingtième siècle que Miguel Bonnefoy raconte d'un point de vue captivant, car décalé – puisque les conflits mondiaux et la montée des fascismes sont vus du Chili. La « petite » histoire n'est pas en reste, sublimée par des personnages follement romanesques. Je n'en dirai pas autant que la quatrième de couverture qui me semble beaucoup trop bavarde, mais dans un décor chilien plus vrai que nature, on croise un étrange guérisseur, un trompettiste épris d'opéra, une dresseuse de rapaces, un fabricant d'hosties, une aviatrice et toute une volée d'oiseaux improbables…

Miguel Bonnefoy est un conteur d'exception. Parvenir en 200 pages à peine à donner vie à tous ces personnages, à tenir son récit sur un siècle et quatre générations sans jamais verser dans les clichés, force l'admiration. Sa plume mêle savoureusement la tendresse et une pointe d'ironie, la réalité dans ce qu'elle a de plus violent et l'onirisme dans certaines pages surprenantes. Sa façon de glisser de petites phrases sur ce qui attend un personnage dans le futur a nourri ma curiosité.

Ce roman interroge « l'héritage » au-delà de ce qui s'inscrit sur un testament : est-ce un affaire de transmission si les Lonsonier partagent un caractère passionné et une fragilité, une audace frisant la témérité, une dignité confinant parfois à de l'entêtement ? Les choses sont plus complexes, comme le montre finement Miguel Bonnefoy qui évoque des formes d'héritage plus subtiles, métissées, décalées et réappropriées : la fille du musicien finit par préférer le chant des oiseaux ; sa propre fille se passionnera pour les avions. C'est finalement peut-être l'art de savoir s'enraciner pour mieux prendre son envol qui unit le plus cette famille.

Me voilà donc sous le charme de cette saga familiale menée tambour battant qui m'a intéressée, amusée, émue. Magnifique !
Commenter  J’apprécie          554
Lire Héritage, c'est retrouver le réalisme magique cher au coeur des écrivains sud-américains, mais si l'écriture est somptueuse et la narration parfaitement maîtrisée, j'ai regretté le manque de profondeur des personnages.
L'histoire se déroule au Chili, de la Première Guerre mondiale jusqu'au coup d'État de Pinochet et j'ai aimé que l'auteur fasse revivre cette période.
Une saga sur plusieurs générations. Tout a commencé par le père de Lazare Lonsonnier qui a quitté Lons-Le-Saunier (d'où son nouveau nom) parce que ses vignes ont été ravagées par le phylloxera.
Conscient de ses origines françaises, Lazare s'engage dans la Première Guerre mondiale, ce dont il ne se remettra jamais.
J'ai attendu le réalisme magique, cru qu'il était là et puis non, et puis si. Malgré cela, j'ai trouvé que ce roman manquait de souffle, sans doute parce que 200 pages, c'est un peu court pour une saga et qu'il est difficile de s'attacher les personnages. Je n'ai pourtant jamais été perdue.
Tous les personnages suivent le même schéma : ils se passionnent, sont prêts à donner leur vie pour quelque chose qui compte pour eux puis finissent par disparaître plus ou moins de l'histoire, sauf Margot qui aura un soubresaut quand son fils sera en danger. Ils sont tous assez difficiles à comprendre.



Lien : https://dequoilire.com/herit..
Commenter  J’apprécie          541
Après Sucre noir (une excellente histoire de pirates et de chasse au trésor), je poursuis ma découverte des romans de Miguel Bonnefoy avec Héritage, une saga familiale entre la France et le Chili, pleine de peps et de verve.
Dans ce texte épatant, l'auteur réussit le tour de force de conter (car il a un véritable talent de conteur) en à peine 200 pages, l'exil, 2 guerres mondiales, la dictature de Pinochet.
200 pages donc, en compagnie de Lonsonier le patriarche, migrant de la première heure, son fils Lazare, poilu perdu, sa femme Thérèse, ornithologue convaincue, sa petite fille Margot, passionnée d'aviation et Ilario Da, son arrière petit-fils, militant éclairé qui va se confronter doulourousement au régime de Pinochet.
Des héros rêveurs et volontaires, audacieux et téméraires, obligés bien trop souvent à des choix qui vont les marquer à vie. Entre magie et poésie, violence et apaisement, une épopée lumineuse, un véritable enchantement ! 👏🏼
Commenter  J’apprécie          523
Comme étiquette pour ce récit, j'ai choisi le mot "épopée".
Il s'agit bien d'une histoire poétique en prose dans ce cas-ci mêlant le réel, le merveilleux, la légende, la magie , l'histoire qui relate l'histoire de Lonsonier ainsi déclaré car les douaniers avaient mal compris son nom à son arrivée au Chili. Lui qui voulait émigrer en Californie.
Il se marie, a trois fils qui à l'annonce de la première guerre mondiale, veulent retourner dans le pays de leur père pour défendre la France.
Un seul revient, Lazare, blessé, abîmé physiquement.
Il se marie avec Thérèse , rencontrée dans une atmosphère étrange, dans la montagne, fille d'un musicien de Sète.
L'histoire se poursuit dans une ambiance qui semble décoller de la réalité avec des remèdes médicaux proches de la magie et de la sorcellerie, de la musique, des personnages presque venus d'ailleurs.
Et pourtant, Allende existe bien. Pinochet aussi et le dernier de la famille, Ilario Da, est étiqueté révolutionnaire et gauchiste, subit des tortures et doit être expulsé en 1973.
C'est le retour vers la France où à l'arrivée, il se déclare du nom de son ancêtre Michel René. le même scénario que 100 ans auparavant au Chili .
L'auteur déclare avoir puisé dans les origines de sa famille. Son père né au Chili est issu d'une lignée française.
Le récit apparaît comme un conte où les instants les plus délicieux décollent de la réalité , sont exprimés dans une très belle écriture avec une imagination débordante.
Des thèmes actuels sont traités comme l'attachement à ses racines, l'émigration et cette fois ce sont des Français qui sont concernés.
Il faut cependant avoir la tête bien accrochée pour passer d'un personnage à l'autre, pour comprendre l'histoire du Chili et des communautés étrangères qui y vivent.

Commenter  J’apprécie          513
Un roman qui a du souffle.Un texte ambitieux et assez court surtout si on considère que l' histoire se passe sur un siècle et couvre 4 générations de 1870 à 1970
Miguel Bonnefoy a ses racines au Chili , au Venezuela et en France
Héritage c'est l' histoire de la famille Lonsonier. C' est aussi un peu la histoire de sa famille.
L' ancêtre quitte ses vignes du Jura en 1873 .Le phylloxéra a tout détruit.Pourquoi ne pas tenter l'aventure en Californie et sa très prometteuse Napa Valley, très prometteuse en matière viticole.
Première facétie dans une histoire qui n' en manquera pas : un arrêt imprévu au Chili.
Et voilà l'histoire est lancée tambour battant. Vous verrez que la musique et les oiseaux y tiennent une place importante
Écrire une saga familiale en Amérique du Sud, cela nous rappelle,bien sûr, un certain Gabriel Garcia Marquez et Cent ans de solitude
Et la magie opère.Miguel Bonnefoy, comme son aîné, écrit un texte enflammé et nous emporte avec un grand bonheur sur les terres chiliennes .La famille Lonsonier va vivre des événements extraordinaires, beaux ou tragiques et n'oubliera jamais la France , terre d'origine et d'inspiration
Il serait inélégant d' en dire plus .L' histoire est trop forte pour être dévoilée
Laissez-vous emporter par le rythme et la force de ce texte très travaillé et pourtant limpide
Cinq étoiles pour un livre récent, ce n'est pas trop mon habitude
Mais, là, impossible de passer à côté d' un livre aussi puissant
Un vrai plaisir de lecture que je vous conseille
Commenter  J’apprécie          432
Il doit tout quitter.Son Jura, ses vignes. Il n'emporte qu'un cep de vigne , celui épargné par le phylloxera. Il part et le hasard le lâche à Valparaiso où l'état civil local l'affublera du patronyme Lonsonier. Pendant près d'un siècle, la famille Lonsonier va épouser la terre chilienne, pour le meilleur et le pire .

Ce roman , très bien écrit, traite du déracinement certes mais aussi à travers trois générations des horreurs de la guerre ou de la dictature. On y croise des êtres déracinés mais surtout déboussolés, rendus fous par la guerre, la torture ou plus simplement, le malheur. Ce n'est pas la terre qui fait l'homme, son bonheur ou son malheur mais bien les événements qui s'y passent.

C'est à travers les mères et leurs larmes que le message passe le mieux . Ces femmes extraordinaires qui dressent des condors ou pilotent des avions. Ces femmes qui attendent le retour d'un fils ou d'une fille de la guerre ou d'une prison. D'une fille partie combattre au coté des alliés. Toujours cet appel du vieux continent, comme si les racines des Lonsonier passaient sous l'Atlantique .

L'écriture est belle, l'histoire est touchante, le message politique bien établi et la fin bien ficelé mais pourtant, j'ai le sentiment d'être resté un peu sur le coté, perturbé sans doute par un chapitre central faisant revenir un soldat allemand .
Le voyage d'Octavio du même auteur m'a clairement plus convaincu.
Commenter  J’apprécie          429
Du Jura au Chili

Encore un superbe roman signé Miguel Bonnefoy. «Héritage» raconte sur plus d'un siècle la saga des Lonsonier, arrivés au Chili à la fin du XIXe siècle, et dont les différentes générations se heurteront à la fureur du monde.

C'est une histoire d'exil, comment en pourrait-il aller différemment avec Miguel Bonnefoy? Nous sommes cette fois à l'orée du XXe siècle, lorsque le phylloxéra ravage le vignoble français et jette dans la misère des milliers de familles. Sur les coteaux du Jura, le Patriarche de la famille a longtemps cru qu'il échapperait au fléau avant de devoir lui aussi capituler. Avec pour seul bagage, ou presque, un pied de vigne, il décide de partir pour la Californie où la Napa Valley fait figure d'Eldorado. Mais il n'arrivera jamais jusqu'à destination. Une escale à Valparaiso et les soins d'une «guérisseuse» vont le retenir au Chili. Sage décision au regard de la fortune qu'il ne tarde pas à amasser: «Lui qui avait pris la route vers l'inconnu, qui était un humble vigneron, un pauvre paysan, se trouva brusquement à la tête de plusieurs domaines et devint un ingénieux homme d'affaires. Rien, ni les guerres ni le phylloxéra, ni les soulèvements ni les dictatures, ne pouvait désormais troubler sa nouvelle prospérité, si bien que, lorsqu'il fêta sa première année à Santiago, Lonsonier bénit le jour où une gitane, à bord d'un navire en fer, avait brûlé une pierre verte sous son nez.
Il se maria avec Delphine Moriset, une rousse frêle et délicate, aux cheveux raides, issue d'une ancienne famille bordelaise, marchande de parapluies.» le couple aura trois fils, Charles, Robert et Lazare, éduqués à la française. Un pays qu'ils aiment sans le connaître et pour lequel il s'engagent quand vient l'annonce du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Et, comme beaucoup de leurs compagnons, laisseront la vie dans cet enfer. Seul Lazare parviendra à s'en sortir et à regagner le Chili où il pourra perpétuer la lignée familiale en épousant Thérèse qui se passionne pour les oiseaux, en commençant par les rapaces. Elle fera installer une immense volière dans leur propriété et y mettra au monde leur fille Margot. Sera-t-il dès lors très étonnant que cette dernière rêve de s'envoler? de prendre les commandes de l'un de ces avions de l'aéropostale qui relient le Chili et la France?
Miguel Bonnefoy fait merveille dans la narration de cette saga familiale, en y ajoutant à chaque fois la petite touche fantastique qui construit la légende. Car entre les histoires d'une France si lointaine, celles d'un pays sauvage qui se développe anarchiquement, il reste un espace pour faire vivre ses rêves, même si par essence ils demeurent fragiles. Après les deux Guerres mondiales, l'apaisement tant espéré sera balayé par la dictature d'Augusto Pinochet en 1973, dont sera victime Ilario, L'arrière-petit-fils du patriarche bouclant, près d'un siècle après l'installation de son ancêtre, ce roman plein de bruit et de fureur, d'espoirs et de rêves, de poésie et magie, de parfums et de couleurs. Avec ce même moteur qui avait déjà fait merveille dans Sucre noir, cette aspiration à la liberté qui donne la force et l'envie. Un Héritage qu'il serait bien dommage de refuser!


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          413
La quatrième de couverture qualifie ce roman de "fresque éblouissante" ; les lecteurs de Babelio de "saga familiale".
Cela est assez étonnant pour un roman qui ne compte que deux cent pages.
Pour autant, comment le qualifier autrement ? Car il s'agit bien ici, comme le titre l'indique, d'une histoire sur plusieurs générations.
Une histoire qui se lit très rapidement, qui nous fait passer d'un personnage à l'autre, avec délicatesse certes mais avec également cette sensation de survol.
J'aurais aimé m'appesantir sur chacun : Lazare ayant connu l'enfer des tranchées, son épouse Thérèse et sa volière, leur fille Margot passionnée d'aviation et qui vivra bien des drames et puis surtout Ilario Da le révolutionnaire...

Michel Bonnefoy est un bon conteur , on ne peut le nier mais il m' a manqué de la vie et des dialogues pour mieux appréhender cette saga.

J'ai beaucoup pensé à La maison des esprits d'Isabel Allende. L'histoire se déroule à la même époque, également au Chili. La seule différence, c'est que cette famille de déracinés semble ne jamais parvenir à s'ancrer réellement dans le paysage chilien, naviguant par l'esprit et parfois physiquement entre leur pays d'origine la France et leur pays d'adoption le Chili.
C'est d'ailleurs, à mon sens, ce qui fait la force de ce roman. Cet héritage bancal qui donne à chaque membre de la famille, un besoin d'assouvir une passion folle et souvent dangereuse, comme s'il était nécessaire de prouver son existence.


Commenter  J’apprécie          395




Lecteurs (2046) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1435 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}