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3,57

sur 279 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Nous sommes en 1936, déjà l'ombre de la seconde guerre mondiale se profile à l'horizon. Émile quitte la maison familiale de la Cordot, ancienne magnanerie, pour aller faire son service militaire à Montélimar. Il rêve d'avions. le départ a été étrange : sa mère, peu démonstrative, comme à son habitude, lui a mis dans les mains, après avoir quelque peu hésité, le livret de famille.

Cadeau empoisonné car Émile apprend ainsi qu'Auguste, celui qu'il a toujours considéré comme son père, qui l'a élevé comme tel, n'est pas son père biologique. Il découvre l'existence de Baptistin, le frère d'Auguste.

L'auteur nous retrace ensuite l'histoire de la famille : les deux frères ont grandi dans la magnanerie, où père élevait des vers à soie. Auguste est handicapé de naissance, son bras droit amputé, et de ce fait, il est considéré avec un certain mépris par son père, un homme très dur, avec des « valeurs éducatives » conformes à l'époque, du début du siècle. C'est Baptistin qui sera choisi pour lui succéder dans l'entreprise familiale, au terme d'une nuit terrible où le patriarche les a enfermés tous les deux dans le noir, au milieu des cocons.

Cela ne perturbe pas trop Auguste qui est peu attiré par les vers à soie. Mais la première guerre mondiale arrive, Auguste est réformé à cause de son handicap mais Baptistin est appelé. Il va rencontrer Suzanne, confiée très jeune à un orphelinat (confiée est un grand mot d'ailleurs car il s'agit plutôt d'un enfermement avec comme prétexte une maigre rétribution pour en faire une esclave et une future épouse modèle !)

Ce roman évoque les secrets de famille, avec une famille pour le moins toxique, la souffrance et la solitude quand on apprend trop tard d'où l'on vient. Une famille d'apparence lisse, comme semble nous le promettre la couverture du livre, où les manipulations tissent leur toile tels des cocons.

Adrien Borne décrit bien également le chagrin d'une femme qui a perdu l'homme de sa vie, qu'elle a dû épousé par procuration, sous l'oeil noir d'une future belle-mère qui a tout d'une sorcière. Comment être mère quand la vie n'a plus de sens, quand l'enfant qui vient rappelle l'époux disparu, et non à la guerre en héros, mais victime de la grippe espagnole juste avant d'être démobilisé, que l'on a privé de statut de héros.

Ce roman m'attendait dans ma PAL, dont on connaît la profondeur abyssale, (ou la hauteur digne de la Tour de Babel si vous préférez !) depuis longtemps. Il avait gravi plusieurs marches d'un coup car j'ai beaucoup aimé le dernier roman d'Adrien Borne La vie qui commence il y a quelques mois.

Une image qui va rester dans mon souvenir : la rencontre de Suzanne et Baptistin sous une toile peinte, à la demande d'un prêtre, par Janiek Pulowski, un jeune homme qui a dû fuir sa Pologne natale et sur lequel courent moultes légendes…

Ce roman, inspiré de l'histoire familiale de l'auteur, est un uppercut par la profondeur de l'histoire, le côté sombre des personnages dont on sait peu de choses, en fait, on connaît les évènements qui ont jalonné leurs vies, mais très peu de choses en ce qui concerne leur personnalité, leurs émotions, même le livret de famille, personnage à part entière, nous en dit plus…

Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C.Lattès qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur.

#Mémoiredesoie #NetGalleyFrance !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Un 1er roman qui remue, une ambiance feutrée dès le début, des personnages présentés comme ambigus, une époque entre deux guerres dans le soulagement de la fin de la 1ère et proche à nouveau de la terreur d'une nouvelle qui arrive.
La vie n'est pas simple à la magnanerie et l'auteur nous révèle bien des mystères dans son intrigue. le deuil, les non dits, l'isolement, l'asile psychiatrique, toutes ces choses de la vie qui font que le mutisme et la résignation règnent en maîtres des lieux.
Une écriture que j'ai trouvée très fluide et qui fait qu'on accroche directement à l'histoire et pour déglutir seulement dès la dernière page tournée.
Ce roman est poignant et ne laisse pas indemne.
Un auteur qui sait faire surgir les émotions avec sa fine plume.
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Après une première scène qui campe les personnages, imprègne le lecteur d'une ambiance lourde dénuée de tendresse, et dévoile l'existence d'un secret de famille qui terrasse le fils, Adrien Borne fait le choix d'un récit dont la trame ne sera pas une chronologie linéaire des évènements. Il va,en effet, revenir sur chacun des membres de la famille,Émile le fils qui part en 1936 pour son service militaire, Augustin et Suzanne,ses parents,Baptitin l'oncle et la grand mère paternelle. Tout ceci dans l'univers du travail de la soie depuis l'élevage des vers jusqu'au traitement des fils. L'univers est aussi celui de la guerre. C'est par ce procédé qui dévoile l'intime et le ressenti de chacun que se construit l'histoire et que le sens du secret prend toute sa force. J'ai beaucoup apprécié la très belle écriture de l'auteur qui pose sans artifice mais beaucoup d'art le poid d'une vie sans bonheur. Elle touche par la puissance d'un destin cruel et injuste qui arrache les être du bonheur simple auquel ils aspiraient. Leur parcours est fait de privation d'amour et de souffrance. L'histoire d'amour entre les parents d'Emile,empreinte de délicatesse m'a ébranlée. C'est elle finalement qui constitue l'ossature du roman.
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Mémoire de soie d'Adrien Borne chez J.C Lattès.
20 ans, Emile a 20 ans en ce 9 juin 1936. Son sac est prêt il va rejoindre Montelimar, l'armée l'attend il est fier et heureux. le père est déjà parti travailler, la mère n'a pas dérogé à sa tâche quotidienne, à peine un léger sourire en guise d'au-revoir et puis juste avant le départ du car elle est de retour: "Elle se penche, entrouvre le sac d'Émile et y glisse un livre. Tout fin petit livre. C'est pour l'armée, un livret de famille, il n'aura qu'à le donner le moment venu, ils comprendront. Voilà. Elle finit par ce voilà.".... Et Emile va découvrir l'existence d'un certain Baptistin . Qui est cet homme? Jamais il n'en a entendu parlé , jamais ce prénom n' a été prononcé devant lui par quiconque. Parce que voyez vous chez ces gens là on ne parle pas ..
Emile va devoir tirer le fil et vider le cocon .
Un roman âpre et dur, une écriture ciselée et percutante , un monde de taiseux où le silence emprisonne les mots, les sentiments et les hommes. Les secrets sont bien gardés, les tragédies enfouies dans les mémoires.
Un premier roman de toute beauté que je vous invite vraiment à découvrir.
Un grand merci aux éditions J.C. Lattès
#Mémoiredesoie #NetGalleyFrance
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*****

C'est à La Cordot qu'une terrible histoire de famille se joue. Douloureuse et banale à la fois. Emile, 20 ans, part pour deux ans de service militaire. Auguste, son père, lui a dit au revoir la veille, sans plus de cérémonie. Suzanne, sa mère, n'a pas eu un seul geste de tendresse quand il est venu la saluer. Augustin, ce prénom que personne ne prononce, cet homme que chacun cherche à oublier, vient faire irruption dans la vie d'Emile et briser le silence...

Mémoire de Soie est le premier roman d'Adrien Borne. Et c'est pour ma part un réel coup de coeur...

Roman d'ambiance, on est totalement plongé dans le quotidien d'une famille ardéchoise. La première guerre mondiale est terminée depuis 18 ans et la seconde approche à grands pas. Chaque foyer garde encore en mémoire les fantômes tombés dans les tranchées. Mais si certains souvenirs sont chéris, d'autres sont à jamais enfouis.
Suzanne est une femme dont la douleur n'a d'égale que la résignation. Elle a aimé un homme qu'elle pensait avoir le temps de découvrir mais que la grippe lui a volé. Elle a donné la vie à un fils que la mort a terni. Murée dans le silence, elle a choisi de ne rien dire des origines, des racines, des coups du sort... Pendant 20 ans, son histoire a été oubliée, balayée, rayée des cartes. Pourtant, elle savait qu'un jour la vérité éclaterait. Et comme pour les ombres tapies au coin du feu, c'est elle qui a choisi d'éclaircir le passé...

Mémoire de soie est un roman émouvant, poignant, qui sert le coeur et le corps. C'est l'histoire d'une femme, d'une mère, d'une épouse à qui rien, jamais, n'a été demandé. Elle a subi, endossé, plié. Sa seule arme : le silence. Émile, son fils, qu'on prend immédiatement d'affection, sera le premier à en payer le prix.

Une narration, une écriture, un choix des mots justes et pesés, tout est dans ce roman un coup de maître. Une histoire d'ombres aux lumières éblouissantes...
Lien : https://lire-et-vous.fr/2020..
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En un mot : sublime. Attention ! talent. J'ai eu tout du long l'impression de lire un grand auteur classique : Balzac ? Zola ? j'oserai Hugo presque. Suzanne l'orpheline malgré des parents bien vivants, Émile le fils de deux pères, la "mère" sans coeur et sans prénom, et les deux frères inégaux, Auguste et Baptistin, le plus malchanceux n'étant pas forcément celui qu'on aurait cru. le décor : la Drôme. Il y aurait du Pagnol, du Giono, si on était descendu plus au Sud Tous subissent leur sort, s'en accommode bon gré mal gré, entre deux guerres et une grippe. Une histoire de famille qu'on est pas prêt d'oublier.
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Premier roman, premier coup de maître signé Adrien Borne !

Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans une histoire familiale où règnent les silences, les secrets et les non-dits. Plus nous tournons les pages, plus la chape de plomb s'abat sur nos épaules et nous emmène progressivement vers l'asphyxie. Ici, on ne nous offre pas la possibilité d'entrevoir une happy end…

Dans cette magnanerie, il fait froid, tout nous parait fade et glauque. Pas de place pour la sensiblerie, ici, il faut dompter le ver à soie. L'auteur nous immerge dans un monde où la vie se déroule en noir et blanc et où la gaieté n'a pas sa place. Et pourtant… Pourtant tout commençait divinement bien, avec une belle histoire d'amour dont on rêve tous.

Cette histoire ne se raconte pas, elle se vit, elle se sent et croyez-moi elle vous laisse un goût âpre sur la langue. C'est un roman qui nous entraine dans la Drôme à une période où nos arrières grands-parents subissaient la grande guerre. Cette histoire c'est celle d'une victime qui se retrouve pieds et poings liés mais qui sait au plus profond de ses tripes qu'un jour elle parlera, qu'un jour elle osera tout avouer…

L'auteur nous offre ici une histoire intime où la vérité se mêle à la fiction, une histoire sincère et authentique comme je les aime. La plume de l'auteur est délicate et toujours juste mais c'est lorsque l'on s'y attend le moins qu'elle se révèle être également tranchante et qu'elle vient nous lacérer, c'est aussi noir que beau !

Quelle délicieuse découverte ! Si vous l'osez, poussez la porte de cette magnanerie et venez tenter de dompter le ver à soie…
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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Excellent, un roman magique, plein de pudeur et de nostalgie.
Une histoire d'entre 2 guerres. Un fils, Emile découvrira les secrets de sa famille. Une magnanerie, les vers à soie, 2 frères Baptistin et Auguste. Une bien aimée Suzanne, courageuse et téméraire jusqu'au bout.

Un va et vient de retour en arrière, assez perturbant au début pour mieux installer la confusion de ce secret familiale.
Des détails sur une belle campagne la Drôme, chaque personnage aura sa partie, son histoire avec ses bons et mauvais ressentis… En tout cas cette mémoire de soie est une douce ivresse de l'écriture…
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Le titre est un art. Sa consonance mystérieuse, sa sensualité, sa texture éveillent un désir chez le lecteur, celui de savoir ce qui se cache au détour de ces deux mots. Tout commence par le départ d'Emile en 1936 pour le service militaire avec la découverte d'un prénom écrit sur son livret de famille qui n'est pas celui de son père. Puis nous entrons dans un univers clos et sombre celui de la magnanerie familiale dans laquelle une multitude de chenilles grossissent pour devenir des vers à soie et nous voyons comment la famille s'y prend pour nourrir et éduquer ces petits animaux qui donnent après des mois d'élevage cette matière noble. Nous faisons aussi la connaissance de Suzanne la mère d'Emile en 1914 orpheline et amoureuse. C'est dans ce contexte qu'Adrien Borne ouvre les portes d'un monde rural de l'entre- deux-guerres où les personnages apprennent à garder le silence dans les épreuves. le silence fait partie de leur vie. La guerre, la menace imprévisible de la grippe espagnole, rien n'est laissé au hasard, comment expliquer l'indicible, ce dont Suzanne ne peut parler (de ses secrets) , elle est contrainte de les taire malgré son désir impossible de les dire, ainsi il faut bien se résigner. Elle ne peut en parler parce qu'elle s'est engagée en son for intérieur à garder le silence. Voilà pourquoi elle se tait, pour mieux s'accommoder à son genre de vie. Une belle écriture qui nous touche car ce qui est en jeu c'est le caractère abyssal de cette vie privée de liberté. Adrien Borne aspire le lecteur dans des pages graves et puissantes et je dois dire que c'est une belle réussite.
Lien : https://leschroniquesdecoco2..
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Lorsque Émile part pour le service militaire, en juin 1936, il a vingt ans et connaît si bien Auguste et Suzanne, ses parents, qu'il sait déjà comment ils vont réagir face à la séparation annoncée. Pourtant, lorsque sa mère dépose au fond de son sac un mystérieux carnet, il n'imagine pas à quel pont sa vie va en être transformée.
Car ce n'est pas le nom de son père, Auguste, que le militaire va dire à haute voix lors de son incorporation, mais celui de Baptistin, un prénom inconnu qui lui ouvre un monde de questions et de silences. Dès lors, il n'aura de cesse de comprendre, pourquoi cet inconnu, pourquoi ces silences dans la famille, pourquoi l'absence de son véritable père.
Peu à peu, il remonte le fil de son histoire, et de l'histoire de son pays.
Suzanne abandonnée par ses parents à l'orphelinat des soeurs. Là, elle sera éduquée et apprendra comment tenir une maison pour trouver un mari, et surtout un métier. Elle connaît bien les cocons du vers à soie, et maîtrise parfaitement le processus pour faire naître le fil tant convoité.
Elle croise dans l'église du village un beau garçon. de rencontre silencieuse en oeillade intimidée, les deux jeunes gens décident de se fréquenter. Suzanne quitte l'orphelinat pour la magnanerie de Baptistin.
Mais la guerre, mais la grippe espagnole, mais le deuil et l'enfant… Baptistin n'est pas rentré du front en 1918. Auguste qui lui n'est jamais parti pourra prendre la suite, la place du frère préféré, et pourquoi pas tenir le rôle du père absent.
….............
L'écriture est ciselée, poétique, même pour dire le tragique et la douleur, les mots sont posés, les sentiments décryptés avec subtilité, sensibilité et beaucoup d'empathie. C'est une belle découverte de cette rentrée littéraire.

Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/12/22/memoire-de-soie-adrien-borne/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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