Borniche était l'un des auteurs favoris de mon père aussi j'ai voulu combler ma lacune en piochant dans sa bibliothèque ce bon vieux polar de 1993.
L'intrigue se base sur des faits réels, les émeutes de Los Angeles en 1992 après l'acquittement de quatre policiers blancs coupables d'un passage à tabac sur un conducteur noir, Rodney King, dont la seule faute avait été de rouler trop vite et de réagir un peu trop fort à son interpellation...
Tout cela permet d'ailleurs à Borniche de dénoncer la présence de policiers résolument racistes dans la police et de faire passer son point de vue plutôt progressiste quoique que légèrement condescendant sur la situation des noirs dans la Californie des années 1990, je ne crois pas que les choses aient tellement changé depuis d'ailleurs...
Malheureusement l'intrigue qui se base sur cette période est assez mince à mon goût, on devine assez aisément ce qui a pu se passer et on a envie d'accélérer un peu le rythme.
De plus Borniche fait preuve d'un sexisme à peine édulcoré par quelques assentiments sur les progrès sociaux obtenus par les femmes. Aller une petite perle pour la route :
"La veuve secoue sa chevelure flamboyante qui rendrait jalouse une jument alezane."
Je ne lui en tiens pas trop rigueur dans la mesure où l'on sent bien qu'il s'agit d'un problème générationnel puisqu'il a écrit ce roman à l'âge de 74 ans.
Le résultat est donc mitigé, la plume de Borniche est travaillée et agréable à lire, je regrette simplement que sa connaissance de l'univers policier n'ait pas engendré une intrigue plus épaisse.
À mon avis, un classique du genre à réserver aux amateurs.
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Au nord-ouest, à trois miles, face au campus universitaire d'U.C.L.A., les demeures luxueuses du quartier Bel Air se nichent dans les méandres capricieux des voies privées, truffées de culs-de-sac où les non-initiés s'engluent à tous coups. Un siècle plus tôt, les collines étaient réputées inhabitables. Les terrains boisés, domaine des coyotes, des lions de montagne, des crotales et des oiseaux de toutes les espèces et de toutes les couleurs, s'accrochaient aux canyons des Santa Monica Moutains dont Mulholland est le belvédère. Les temps ont changé. Les "caterpillars" sont passés par là et la zone est devenue ultra-résidentielle, d'un prix au "square-feet" qui atteint des sommets jamais égalés.
Quand les langues se déliaient, je n'avais plus qu'à profiter de l'occasion. Et, faussement amical, faussement compréhensif, à enregistrer les explications fantaisistes ou les aveux. La police est une belle école d'hypocrisie.
Comme en France, où chacun d'entre nous a son pedigree soigneusement mis en fiche pour parer à toute éventualité, les archives du L.A.P.D. sont très complètes, et Leslie y a trouvé le dossier de Gladys Brighton. L'administration, toujours prudente, sait que l'inoffensif d'aujourd'hui peut devenir le criminel de demain.
- La ségrégation n'a jamais cessé d'exister. Mais vous, Crips et Bloods, vous êtes encore plus racistes que les Blancs ! Vous vous tuez pour la couleur de votre blouson, de votre casquette, pour le plaisir ! Vous ne voyez donc pas que vous faites leur jeu ?
Roger Borniche, écrivain et ancien de la Police Nationale nous raconte sa vie en Californie et ses projets. 2009