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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On trouve chez Henri Bosco ce sentiment océanique, religieux par excellence. Le 'eins mit allem' des romantiques allemands. Dans L'âne culotte, Constantin fait corps avec les éléments, la montagne, l'âne. Comme Pascalet, dans L'enfant et la rivière, il est attentif à la 'cadence de l'onde universelle'...
L'univers de Bosco est un univers chiffré, entrecroisé de signes, traversé de réminiscences d'un monde agraire, rustique, archaïque. L'écriture du monde. Un monde peuplé d'âmes, enveloppé d'étrangeté, balançant entre sommeil et veille, antérieur aux frontières. Un monde qui évoque les pratiques druidiques, qui confond les mânes, l'esprit des animaux et le christianisme. Monde nocturne, humide, improbable; d'effluves épais et de sons imprévus...qui répondent à d'inquiétants appels... Tout baigne dans une participation mystique communiquante et fluide, où tout s'apparente, s'interpénètre et se contamine....Règne végétal et minéral, règne animal et humain...le monde des vivants et celui des morts, dans ses multiples métamorphoses et survivances... Syncrétismes, où l'on reconnait des éléments d'orignes diverses, locales et d'ailleurs. Où tout se relie et vibre à l'unisson dans un panthéisme débridé et troublant, qui ravi sens et conscience, en brouillant les pistes........Une langue sensible et juste restitue l'indicible de l'expérience... la parole poétique s'y prête, droite et simple...directe...elle communique, et on communie...
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Ce livre est une bouffée d'air pur, et pour autant, il cache des côtés obscurs. L'histoire se passe dans un village provençal situé au pied des montagnes. Constantin, un enfant un peu solitaire et marginal, vit chez ses grands-parents. Un jour, circulant dans le village, il croise sur sa route un âne étrange qui, vêti de pantalons, décharge ses couffins chez les commerçants, se charge de provisions, et ensuite grimpe là-haut dans la montagne au Mas de Belles Tuiles, chez son maître Mr. Cyprien, un vieil aventurier venu s'y installer. Celui-ci ne se déplace jamais au village.

Ce récit est vraiment passionnant, d'abord grâce à l'âne, qui est attendrissant, et puis grâce à la passion de l'auteur pour la nature. Ça commence en nous parlant de la pluie et du mauvais temps. Dans la façon simple dont cela est raconté, on sent le poids des années, le confort et le « toujours » qui embrassent les lieux. On sent aussi le côté provençal et poétique dans le phrasé.

Au cours du récit, se dégage un côté plus occulte, et on est pris par la curiosité. Rien n'est attendu. Un livre magnifique.
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Constantin Gloriot vit chez ses grands parents, en Provence, dans le village de Peïrouré.
La famille semble aisée, en tous cas différente des paysans du coin.
Constantin aime à se promener Mais défense lui est faite de fréquenter les mauvais garçons du village et de dépasser le Pont de la Gayolle.
Au delà de ce pont vit M.Cyprien, homme que personne, à part le curé, ne connaît, et que tout le monde semble craindre.
Seul émissaire de Monsieur Cyprien, son âne qui porte la culotte en hiver et dont l'intelligence semble très particulière.
La tentation sera trop forte et Constantin franchira le pont ; bien entendu, il arrivera à Belles tuiles, la demeure de monsieur Cyprien.
Dès lors la magie va s'installer.
Monsieur Cyprien possède une science, un don, une connaissance divine. Il domine la nature. Végétaux, minéraux, animaux, tous lui obéissent.
Tous ? Non , mais malheur à ceux qui lui résistent.
Cyprien croit trouver en Constantin son apprenti mais l'enfant n'est peut-être pas assez pur ou docile.
De plus l'enseignement est matériellement interrompu plusieurs fois.
Monsieur Cyprien doit pourtant trouver son disciple, et c'est Hyacinthe, la petite orpheline qui vit chez les grands parents qui le deviendra, mais elle ne possède pas les dons que Cyprien avait décelé chez Constantin.
La fin du roman est plus obscure pour moi ; Cyprien semble sombrer dans la folie, mais le grand-père de Constantin le protège.
Hyacinthe va disparaître.

Bien que j'ai lu deux fois de suite ce roman, j'ai la très nette impression qu'une grande partie de son épaisseur m'ai échappée, je la sent mais ne peut l'atteindre.
Le style est noble, concis, remarquablement évocateur.
Les images sont fortes, le thème aussi.
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Bosco nous immerge d'abord dans un quotidien et une nature très réalistes et pittoresques (même si les noms des personnages et les repères temporels, rythmés par les cérémonies religieuses, inscrivent déjà le récit dans une dimension métaphorique) puis la montagne devient magnétique, envoûte littéralement Constantin. Les descriptions de la terre et de la végétation sont impressionnantes et dignes de la grande littérature fantastique romantique dont Bosco est un héritier.

Puis il y a la rencontre avec la terre aride transformée en Paradis par Cyprien qui m'a parfois fait penser au Kurtz de Conrad dans Au coeur des ténèbres (autre référence assumée de Bosco). Cet homme dont le nom évoque les pays lointains, qui a traversé les mers et qui connaît les rituels et les sortilèges les plus anciens. Il est comme un magicien très ambigu qui a la volonté de recréer le paradis terrestre mais s'apprête surtout à faire ressurgir les aspects les plus ténébreux de la nature humaine. Il est un ensorceleur comme le dieu Pan qui charme le serpent des caraques avec sa Syrinx, qui hypnotise les animaux puis les deux enfants. La scène onirique où Constantin est envoûté par le son de la flûte à la pleine lune est magnifique. Comme toutes les scènes avec le serpent. On pense aussi à l'orphisme.

Il y a plusieurs paradis terrestres dans ce roman d'ailleurs. Celui de Cyprien mais aussi celui du jardin de l'abbé Chichambre qui est évoqué au début et celui de Hyacinthe. Ils passent inaperçus car on n'y revient pas mais ils sont là. On retrouvera celui de Hyacinthe dans la suite du roman (Le Jardin d'Hyacinthe). Ils sont plus modestes et se contentent de cultiver leur petit coin de terre.

La prose de Bosco tient vraiment du grimoire de sorcellerie. Par sa poésie symbolique et son amour de la nature qui tente de faire revivre les éléments et les plantes en les nommant. Ce qui est le propre de l'incantation magique.  On retrouve cet enchantement par le son d'un chant ou d'une flûte dans d'autres romans. "Monsieur Carre-Benoît à la campagne" bascule de la même façon dans une autre dimension onirique la nuit tombée. Comme si les personnages se dédoublaient, se mettaient à suivre leur ombre. La quête initiatique impose cette plongée dans les ténèbres et la peur qui les confronte à eux-mêmes (cet enjeux autour de la mort du renard, la transgression de l'interdit avec ce pont à traverser puis cette branche qu'on arrache au jardin).

L'âne est un passeur qui porte des pantalons de manière traditionnelle à la saison froide puis les perd rapidement. En revanche il est décrit de manière quasi anthropomorphique et est doté d'une "âme" sans même qu'il joue un rôle précis dans cette histoire en dehors de créer le lien entre les deux mondes. Il y a certainement un lien avec le récit bibilique du Christ entrant dans Jérusalem puisque c'est bien cette période d'avant la résurrection qui est évoquée mais il est aussi une référence plus archaïque probablement.

Cette oeuvre est incroyablement riche et dense malgré un titre qui pourrait inviter au pittoresque et au conte. Je suis toujours étonné que l'âne culotte soit publié en édition jeunesse, dans une version très abrégée il est vrai.
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La noble description que fait Henri Bosco de l'âne donne l'image d'un animal venu du paradis : c'est le cas, car il vient du domaine des Belles-Tuiles, dans la montagne, où le vieux Cyprien, qu'on dit magicien ou sorcier, a fait un jardin comme un paradis sur terre. Pour le garçon rêveur Constantin, c'est l'endroit qu'il veut trouver, malgré l'interdiction de ses grands-parents. L'adolescent est élevé par eux à Peïrouré, en plaine, en compagnie d'un pâtre, d'une servante et d'une petite orpheline appelée Hyacinthe. Il ne tarde pas à apprendre que celle-ci se rend souvent à Belles-Tuiles. Un beau jour, l'âne Culotte guide Constantin là-haut : "... je faisais corps avec l'âne ; sa chaleur se glissait tout le long de mes cuisses et passait dans mes reins ; le jeu du moindre de ses muscles était sensible aux miens. Il ne marchait plus ; je marchais moi-même, et nous formions comme un grand être tiède touché par le printemps, un quadrupède humain, heureux de voyager sous les pins et les rouvres, dans l'éclosion du pollen roux et le parfum de la résine."

Le récit a pour décor les paysages du Lubéron, terre magnifique de paysans et vignerons qu'affectionne l'auteur. Il est étonnant de voir ce conte [illustré par Philippe Mignon, 1983] publié dans la collection Folio Junior, sous prétexte, sans doute, que s'y promène un âne qui porte culotte. Car il s'agit d'un texte énigmatique, fabuleux et mystique, dont l'intelligence peut ne pas se révéler d'emblée à un esprit trop jeune.
Est-il possible de réaliser un paradis hors le ciel prêché par l'abbé Chichambre ? Où peut mener cet orgueil ? Des questions au coeur du livre d'Henri Bosco.

Suite à quelques transgressions, le monde idyllique de Belles-Tuiles apparaît soudain désenchanté. L'âne est devenu un âne comme un autre. Puis cette phrase "On ne retrouva jamais Hyacinthe" hante le lecteur. Il espèrera dès lors découvrir ce qu'est devenue l'étrange fille, proche de Constantin, en se tournant vers les suites de ”L'âne Culotte” : "Hyacinthe" (1940) et "Le jardin d'Hyacinthe" (1945).

Ces deux volumes, moins accessibles, complètent le premier récit pour former une trilogie. Ils côtoient le songe, le souffle de l'Esprit et une quête de la pureté – encore et toujours le paradis dont Hyacinthe serait le symbole. Henri Bosco s'est exprimé sur son personnage : « [Hyacinthe] est mon livre clef et je l'ai écrit non point pour faire un livre, mais pour fixer par écrit à mon usage, un état d'âme, qui fut mien, et dont j'essaie de me dégager. Plus je vis plus je me persuade que l'oeuvre d'un écrivain digne de ce nom est en quelque sorte le journal de ses progrès spirituels » (Lettre à Edmond Jaloux 9 juillet 1942).

J'ai lu une quarantaine de pages de ce second opus, puis l'ai mis de côté, considérant cette lecture peu appropriée à mes aspirations du moment. J'y retournerai. le style de Henri Bosco est sublime et le niveau de ces textes mérite mieux qu'un survol.

Afin d'édifier le lecteur sur la trilogie, le site "Université Côte d'Azur" présente chacun des titres de façon concise et pénétrante.
Lien : https://christianwery.blogsp..
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